Lettre de R.

Publication : février 1930

Un certain nombre de partisans de Smirnov ont refusé de signer sa déclaration indigne. A travers ses projets successifs, il vous est possible d'apprécier le caractère révoltant de son marchandage politique. Les smirnovistes du rang sont tout à fait démoralisés. Ils écrivent des déclarations individuelles. Ou bien, comprenant le sens de la déclaration de Smirnov, ils commencent à se plaindre du régime actuel, à réviser leurs positions, et... reviennent vers nous. On peut citer dix évolutions de ce type.

Un camarade qui a été pendant quelque temps dans l'isolateur de Tchéliabinsk nous apprend qu'à la veille des fêtes d'Octobre, Sosnovsky, Budu Mdivani et Kavta­radzé ont été extraits de l'isolateur. On ignore la direction dans laquelle ils ont été envoyés. Le bruit court qu'il s'agit du G.P.U. de Sverdlovsk. Les Tchéliabinsk sont tout à fait ré­solus. Ils ont édité un journal de prison, la Pravda za Rechetkoj [1] (rédacteur : L. Sosnovsky ). On dit qu’il est très riche. Ils vous prient de vous transmettre leur chaleureux salut.

Le 3 novembre on a envoyé à votre adresse plusieurs télégrammes, de partout, d'exil et de prison. Les avez‑vous reçus ? Dans quelques colonies de déportés, il y a eu un changement : on les laisse travailler dans les administrations soviétiques. Cela tient probablement aux ennuis, que leur a créé avec les sommets leur "opportunisme pratique". Maintenant, ils essaient d'arranger l’affaire. Pour longtemps ? On verra. Mais c'est une très rare exception. La majorité des camarades n'ont aucun travail, malgré le manque de travailleurs qualifiés. On ne propose que des travaux grossiers, fendre et scier le bois, nettoyer.

R.

Notes

[1] La Vérité derrière les barreaux.