1946 |
Manifeste de la IV° Internationale aux travailleurs, aux exploités, aux peuples coloniaux opprimés du monde entier
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La guerre avait pour véritables buts la lutte pour les marchés, les sources de matières premières et l'hégémonie sur l'économie mondiale. Deux groupes de puissances capitalistes s'opposaient dans le conflit.
D'un côté se trouvaient les vieilles nations impérialistes boursouflées comme l’Angleterre et la France qui s’étaient, il y a Iongtemps taillé la part du lion du marché mondial dans les colonies, mais dont la technique industrielle surannée rendait l'emprise économique très précaire. De l'autre côté, se dressaient des nations plus jeunes comme l'Allemagne et le Japon, tard venues dans le marché mondial et bénéficiant de ce fait d'un outillage industriel plus moderne mais trouvant le marché mondial déjà partagé et ne pouvant arracher des colonies aux vieilles puissances que par la force des armes.
Dans l'orbite du premier groupe gravitaient également des puissances secondaires « rassasiées » telles que la Belgique et la Hollande. Dans l'orbite de l'autre des puissances « affamées » comme l'Italie. Leur alignement était fonction de leur arrivée précoce ou tardive sur la scène du développement capitaliste.
Sur le tout planait la menace du benjamin capitaliste le géant américain, tard venu, lui aussi, dans l'arène; le vaste marché intérieur de l'Amérique lui permit pour une longue période de, s'enrichir sans entrer en conflit immédiat avec les autres puissances et de construire en même temps l'appareil de production le plus moderne du monde. Dans la première guerre impérialiste, qui servit, seulement de prélude à la seconde, la participation des Etats‑Unis n'avait été qu'une mesure préventive. Ils voulaient prévenir le danger d'une Allemagne ayant englouti l'ensemble de l'Europe.
Toutefois, l'appareil productif du capitalisme mondial dans son ensemble prenait une expansion telle qu'il en résultait une diminution relative des marchés existants. La lutte pour les marchés mettait ainsi en conflit toutes les nations impérialistes les unes contre les autres. Le recours à la guerre n'était déterminé que par le degré d'exacerbation de la lutte pour les marchés. « Exporter ou mourir », tel était le cri de guerre de l'Allemagne nazie dans sa lutte pour « l'espace vital ».
Déjà, par la première guerre mondiale au même titre que l'Allemagne vaincue, l'économie de l'Angleterre et de la France avait été considérablement affaiblie au plus grand bénéfice de l'Amérique qui en retira les profits les plus importants.
Mais un facteur de première importance, la grande révolution prolétarienne d'octobre 1917 en Russie, réduisit le marché du capitalisme dans son ensemble. En abolissant la propriété privée et en socialisant toute l'industrie, la révolution conduite par le Parti bolchevick arracha d'un seul coup le sixième du globe à l'exploitation capitaliste.
Sous le choc de cet événement, les premiers grands soulèvements coloniaux éclatèrent en Extrême-orient avertissant l'impérialisme de l'approche d'une révolte universelle contre sa domination. Après de vains efforts pour écraser la jeune République socialiste par l'intervention armée de 1917 à 1921, toutes les puissances capitalistes jetèrent des regards avides sur ce marché perdu. Leur crainte de pertes ultérieures, par l'extension à l'Europe de la révolution et leur désir de rattraper la perte initiale atténuèrent pendant plus de vingt-cinq ans leurs luttes intérieures. C'est pourquoi tous les vainqueurs de 1914‑1918 contribuèrent à la restauration du capitalisme allemand. Ils entendaient se servir de l'Allemagne comme d'un bélier pour abattre l'U.R.S.S. L'Angleterre espérait affaiblir son rival français, et trouver des alliances contre le colosse américain. l'Amérique et la France avaient des buts pareils.
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