1948 |
Manifeste du II° congrès de la IV° Internationale aux exploités du monde entier |
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C’est dans le miroir de l'Allemagne et de la Chine que l'humanité peut voir ce que serait son sort si le régime capitaliste continuait à subsister.
L'Allemagne aujourd'hui a cessé d'être une entité politique, économique et sociale. Amputée de cinq provinces, son tronc est divisé en quatre zones d'occupation. Ses villes sont en ruines, ses champs épuisés, ses habitants, par millions, ont fui sur les routes la faim ou la peur. Sa structure économique est brisée, sa richesse nationale détruite ou aliénée, sa main-d’oeuvre paupérisée, son commerce paralysé.
Pourtant il y a à peine vingt ans, malgré une guerre perdue et une révolution écrasée, l'Allemagne possédait encore l'industrie la plus puissante, l'agriculture la plus rationalisée, la main-d’oeuvre la plus qualifiée et le commerce le plus intense du continent européen. A trois reprises le prolétariat allemand avait clairement manifesté sa volonté de prendre en main le sort de la nation. Sa conquête du pouvoir aurait permis l'association pacifique de la technique allemande et du potentiel économique russe. Les barrières qui s'opposaient à l'utilisation constructive de son énorme puissance productrice auraient éclaté. Tournée essentiellement vers la satisfaction des besoins humains de l'Europe, cette puissance aurait ouvert au vieux continent une époque de paix et de bien‑être. Mais à chaque épreuve une direction ouvrière incapable ou traître gaspilla en vain la magnifique énergie combative des masses ouvrières allemandes. Epuisées après quinze années d'efforts sans résultats, celles-ci furent finalement livrées sans combat à la dictature nazie. Alors la bourgeoisie organisa le puissant potentiel économique allemand pour la satisfaction de ses propres buts de rapine et lui donna une redoutable force explosive, qui finit par ensevelir l'Allemagne sous les ruines après avoir bouleversé l'ensemble de l'Europe et semé la dévastation dans tous les pays.
La Chine se débat depuis deux décades dans les convulsions d'une révolution avortée. Aux innombrables victimes des cataclysmes de la nature s'ajoutent les millions de victimes des cataclysmes de la société. Guerres, guerres civiles, insurrections, expéditions punitives ne cessent de ravager ce vaste pays. Le vieil artisanat tombe de plus en plus en ruines, mais l'industrie moderne ne réussit plus à progresser. L'usure dévore les récoltes, mais les capitaux manquent pour construire des routes. L'inflation ruine les villes, mais les paysans sans terre et sans pain continuent à affluer par milliers. L'Etat est offert au plus offrant et le généralissime Tchang Kaï-chek exploite l'économie nationale comme une entreprise de famille. Partout où se posent les regards, on ne voit que décomposition, ruines et stagnation.
Dans le creuset de formation de la nouvelle société chinoise, sous le choc de la pénétration impérialiste, se constitua également un jeune prolétariat industrie! qui accéda rapidement à la conscience communiste, S'appuyant sur la volonté d'émancipation de dizaines de millions de paysans pauvres, il obtint une occasion historique remarquable de renverser toute la superstructure vermoulue de la société chinoise, en liquidant simultanément la domination de l'impérialisme étranger et celle de la bourgeoisie nationale. Unifiant le pays et assurant une exploitation rationnelle et planifiée de ses immenses richesses naturelles, la Révolution chinoise victorieuse aurait été le signal de révolte de tout le monde colonial et aurait sonné le glas de l'impérialisme dans tous les pays. La seconde guerre mondiale et ses résultats, monstrueux auraient ainsi été épargnés à l'humanité. Mais la direction stalinienne a conduit à la défaite la révolution chinoise si riche de promesses, et a ainsi condamné le pays à traverser une époque d'interminables convulsions au milieu de la décomposition des forces vives de la nation.
L'Allemagne et la Chine sont de terribles exemples des forces destructives libérées par le capitalisme décadent. Alors qu'il précipite les nations les plus avancées du haut de la civilisation dans la barbarie la plus sordide. Il barre en même temps la route du progrès aux nations encore arriérées. Pendant l'ascension de la bourgeoisie, le pays le plus avancé montra aux pays retardataires son propre avenir. Aujourd'hui, l'Allemagne et la Chine annoncent le sort futur de continents entiers si la société ne se libère pas du joug de la bourgeoisie décadente.
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