1944

Tract recto-verso, signé UNION COMMUNISTE (IVème Internationale)


Camarades communistes,

Barta

23 septembre 1944


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Camarades communistes,

Beaucoup d'ouvriers, grisés par l'illusion de l' "insurrection" nationale, se sont tournés avec espoir vers le PC. Ils ont fait confiance au Parti, à ses chefs et à sa presse, comme les seuls qui, par leur passé, semblaient offrir aux exploités des garanties contre la politique bourgeoise.

Mais que fait le Parti de cette confiance ? Il s'en sert aujourd'hui pour recruter de la chair à canon pour la bourgeoisie et pour soutenir la politique de l' "effort de guerre" – avec la sueur et le sang des travailleurs –.

L'étonnement et l'indignation sont grands parmi les ouvriers qui ont connu le PC anti-militariste et internationaliste, et qui voient aujourd'hui des mots-d'ordre comme "vive la guerre" (impérialiste), "à Berlin", "à chacun son boche", se substituer à des mots-d'ordre comme "vive l'internationalisme prolétarien", "prolétaires de tous les pays, unissez-vous'', "les ouvriers n'ont pas de patrie". A la politique de paix succède une politique de guerre, à la lutte révolutionnaire pour la dictature du prolétariat contre la bourgeoisie, succède la lutte pour la "défense de la France" (bourgeoise) et de ses alliés impérialistes "démocratiques". Aucune explication n'est donnée par le Parti à ses militants et aux Jeunesses concernant cette politique. Car il y en a qui se souviennent encore que, de 1939 jusqu'en juin 41, à l'époque du pacte germano-soviétique, le Parti dénonçait les responsabilités de la bourgeoisie française et anglaise dans cette guerre qu'ils qualifiaient d'impérialiste ; qu'ils en réclamaient la cessation immédiate (lettre à Herriot) ; que de Gaulle était, dans l'Humanité de Juin 41, qualifié de "général colonialiste et réactionnaire".

L'explication de ces changements est dans le fait que les dirigeants du PC mènent leur politique conformément aux intérêts de la diplomatie de l’URSS, et sacrifient à ses alliances temporaires les intérêts de la classe ouvrière mondiale.

MAIS DES MILITANTS SONT RESTES FIDELES AU COMMUNISME. Ceux-là disent ce qu'ils pensent, avertissent la classe ouvrière des dangers qu'elle court en suivant cette politique de suicide, proposent un programme de lutte véritablement socialiste, qui fut celui de l'Internationale Communiste à son époque héroïque.

Les bonzes du PC ne veulent pas d'un tel programme : ils acclament aujourd'hui de Gaulle comme le "sauveur de la démocratie" et ils mènent une chasse implacable aux ouvriers restés fidèles à leurs objectifs de classe en les accusant de "trotskysme".

Ainsi, le trotskysme, c'est l'opposition révolutionnaire au social-patriotisme et à la "collaboration" avec la bourgeoisie, c'est la lutte communiste.

Lorsque le PC mène sa campagne contre les trusts, véritables ennemis de la classe ouvrière, il se contente d'en appeler au gouvernement (gouvernement des trusts). Lorsque le P.C. lutte contre les "trotskystes", c'est-à-dire tous les militants qui, s'ils ne sont pas restés "dans la ligne" du PC, sont restés dans la ligne du communisme, il se transforme en annexe de la police bourgeoise. Il n'est pas exigeant quant aux qualités révolutionnaires de ses adhérents (il suffit d' "exécuter les ordres"...) ; par contre il exige un relevé détaillé de l'état-civil (ce qui est dangereux si le Parti devait revenir à la clandestinité). Mais là ne s'arrêtent pas les méthodes policières. Tout ouvrier soupçonné de trotskysme est accusé d'être un "agent de l'Allemagne". Craignant toute discussion, les bureaucrates du PC, dans de nombreux endroits, ont fait intervenir la milice patriotique contre les militants ouvriers qui ont élevé un doute ou fait une critique de la politique chauvine, et ont livré ces militants à la police, sous l'accusation de menées anti-nationales. Bien plus, ils n'ont pas hésité à monter de véritables guet-apens où la ruse, la menace et la force ont été employées. Quelle déchéance ! Les traqués d'hier transformés en policiers du nationalisme bourgeois ! MAIS CES MÉTHODES SONT PLUTÔT DU RESSORT D'UNE ORGANISATION FASCISTE QUE D'UN PARTI SE RÉCLAMANT DU COMMUNISME.

Si les social-patriotes sont trop pourris pour mener une lutte sérieuse contre la classe capitaliste, ils retrouvent toute leur vigueur pour traquer et calomnier les véritables révolutionnaires. Ils accusent les trotskystes d'être des agents de Hitler ! Mais Lénine aussi fût traité d'agent de l'Allemagne après la révolution d'Octobre 1917, DE MÊME QUE LE PC en 1939, quand il luttait contre et non pour la guerre, LES TROTSKYSTES SONT FIERS DE S'ATTIRER LA HAINE DES SERVITEURS DE LA BOURGEOISIE !

Si les trotskystes sont des "agents de l'ennemi", pourquoi l'Humanité ne réfute-t-elle pas leurs arguments, pourquoi ne démasque-t-elle pas leurs compromissions PAR DES PREUVES, au lieu de se contenter de simples slogans, de formules toutes faites ("traîtres", "diviseurs de la classe ouvrière", "agents de la Gestapo") ?

CAMARADES COMMUNISTES, la campagne menée contre le trotskysme est une campagne d'ignobles CALOMNIES. La Quatrième Internationale s'est fixé pour tâche de continuer la politique définie dans les 4 Premiers Congrès de l'Internationale Communiste. Les trotskystes ne vous engagent pas à suivre aveuglément leur politique. Ils vous demandent seulement d'agir en révolutionnaires et non pas en simples automates d'un appareil bureaucratique. Vous devez EXIGER de vos chefs qu'ils renoncent, au sein de la classe ouvrière, à leurs ignobles méthodes policières, dignes seulement des barbares de la Gestapo. Il fut un temps où les communistes, par l'intermédiaire du Secours Rouge International, défendaient les militants ouvriers de toute tendance. Aujourd'hui les staliniens livrent les militants ouvriers à la police ! Quelle infamie !

La 4ème Internationale a lutté, dans la clandestinité et sous la répression, contre la guerre impérialiste dès Septembre 1939. Elle l'avait prévue et dénoncée bien avant. Elle a combattu Hitler et sa machine de guerre impérialiste du premier jusqu'au dernier jour de l'occupation (sa presse et l'activité de ses militants en témoignent, n'en déplaise aux bureaucrates staliniens), MAIS CE COMBAT ELLE NE L'A PAS MENÉ AU NOM DE L' "INTÉRÊT COMMUN", "NATIONAL", AVEC LA BOURGEOISIE FRANÇAISE ET LES 200 FAMILLES, MAIS AU NOM DE LA SOLIDARITÉ INTERNATIONALE DES TRAVAILLEURS. Elle continue sa tâche et les évènements montreront qu'elle ne fait que remplir son devoir envers la classe ouvrière. Sa lutte est la seule efficace contre la guerre et le capitalisme, car, sans la transformation de la guerre impérialis­te en guerre civile, sans le renversement de la bourgeoisie, cette guerre sera suivie à bref délai d'autres guerres (Lénine).

La 4ème Internationale reprend le drapeau de la révolution prolétarienne. Elle vous demande de réfléchir VOUS-MEMES sur les problèmes politiques et de ne pas accepter des formules toutes faites, d'imposer la libre discussion des questions mettant en jeu le sort des travailleurs, de faire régner la démocratie D'ABORD au sein de la classe ouvrière.

Elle est convaincue que vous serez avec elle dans la lutte contre la guerre et le capitalisme, pour construire la société sans classes, la société socialiste.



Le 23 Septembre 1944.
UNION COMMUNISTE (4ème Internationale)


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