1948 |
PROLÉTAIRES DE TOUS LES PAYS UNISSEZ-VOUS ! |
LA VOIX DES TRAVAILLEURS nº spécial
3 novembre 1948
La grève des mineurs a tourné en guerre civile. Le gouvernement des 200 familles ne s'est plus contenté de menaces. Les C.R.S. ont été lancés à l'attaque des mines pour en déloger les piquets de grève, l'armée a été mobilisée pour participer à la répression et les garanties juridiques ont été suspendues pour les travailleurs. Le sang ouvrier a coulé et les arrestations pleuvent sur des gens dont le seul crime est de se révolter contre la misère accrue qu'on leur fait subir.
TARTUFFES !
Naturellement, le gouvernement se défend de vouloir empêcher "l'exercice normal du droit de grève" : il prétend que son action n'a d'autre but que d'empêcher "le sabotage des richesses nationales par les agents du Kominform."
Mais en Juin 47, quand les cheminots se mirent en grève, unanimes malgré l'opposition des cégétistes, "agents du Kominform", le Queuille d'alors, M. Ramadier, n'a-t-il pas essayé de prendre contre les travailleurs du rail les mêmes mesures que celles qui sont appliquées aujourd'hui contre ceux de la mine ?
Si les mineurs méritent des balles au lieu de pain pour s'être laissés "entraîner" et "manœuvrer" par les agents du Kominform, que méritent donc les De Gaulle, les Blum et les Schumann pour avoir collaboré avec les Thorez et Cie au gouvernement et leur avoir confié non seulement le sort des mineurs MAIS DU PAYS TOUT ENTIER ?
Mais ce sont les gens du gouvernement, qui, comme tous ceux qui les ont précédés, sont les principaux saboteurs et dissipateurs des richesses nationales. Pourquoi le gouvernement dépense-t-il plus de 80 milliards par an et répand-il le sang et la désolation en Indochine, sinon pour assurer la fortune des grosses banques ? Pourquoi dépense-t-il 450 milliards par an, sinon pour le seul profit des marchands de canon ?
Et si les travailleurs français y compris les mineurs, qui ont porté la production au niveau de 120% par rapport à celle d'avant-guerre, ont vu leur standard de vie tomber à la moitié ou au tiers de celui de 1938, n'est-ce pas parce que les richesses qu'ils ont produites ont été impunément pillées par une poignée de gros capitalistes, de gros trafiquants et de gros spéculateurs au nom de la sacro-sainte propriété ?
Or, contre ces PRINCIPAUX saboteurs de l'économie nationale, le gouvernement et ceux qui l'ont précédé, ont-ils jamais pris une seule mesure de répression ? Au contraire, c'est avec leur appui que les 200 familles pillent la France.
LES TRAVAILLEURS NE VEULENT PAS A NOUVEAU ETRE VICTIMES DES RIVALITES ENTRE LES BRIGANDS IMPERIALISTES.
Le gouvernement prétend aussi que les mesures de répression mises en vigueur contre les mineurs cesseront aussitôt que tout rentrera dans l'ordre. Ce n'est là qu'un piège grossier dans lequel les travailleurs ne doivent pas tomber.
Comme en 1939, la bourgeoisie française se prépare à une nouvelle guerre et, comme toujours, le fardeau de la course aux armements doit retomber entièrement sur les masses travailleuses. Dans ces conditions, la tâche des gouvernements capitalistes successifs n'est pas simplement d'empêcher les ouvriers de trop réclamer, mais de les contraindre à un niveau de vie de plus en plus bas.
C'est pourquoi, comme en 39-40, les mesures autoritaires du gouvernement Queuille ne peuvent mener qu'à la "gaullisation" de la France, comme en 39 les mesures de Daladier ont mené à sa "pétainisation" : suppression de toutes les libertés pour les travailleurs, de s'organiser, de se réunir, d'avoir des journaux à eux, de se mettre en grève. Comme en 39, la répression ne se limiterait pas aux "agents du Kominform" mais frapperait des centaines et centaines de milliers de militants de toutes tendances et priverait des droits les plus élémentaires tous les travailleurs.
POURQUOI LES TRAVAILLEURS SE TROUVENT-ILS DIVISES DEVANT LE DANGER ?
Mais quoique conscients du sens des événements et de la gravité de la situation, la majorité de la classe ouvrière, bien qu'unanime dans sa volonté de résistance, se trouve néanmoins divisée dans le combat. Tout au long des vagues grévistes qui ont déferlé depuis Avril 47, les travailleurs se sont toujours trouvé séparés les uns des autres, soit par corporation soit à l'intérieur d'une même corporation. Certains secteurs ont livré de grandes batailles tandis que d'autres sont restés plus ou moins passifs. Une fois de plus, dans la grève des mineurs, tandis que "les gueules noires" subissent les attaques de la bourgeoisie, la solidarité ouvrière ne s'affirme que sporadiquement.
La responsabilité de cet état de désorganisation où se trouvent les travailleurs incombe à leurs organisations syndicales et politiques officielles, à la C.G.T., à F.O., à la C.F.T.C., au P.C.F. et au P.S. La C.G.T. et le P.C.F. inféodés aux privilégiés de Moscou, et les autres à la solde des capitalistes de Paris et de Washington, réduisent à néant tous les efforts ouvriers par leurs manoeuvres et leurs agissements QUI NE TIENNENT AUCUN COMPTE DE LA VERITABLE VOLONTE DES OUVRIERS. C'est ainsi qu'un gouvernement universellement exécré, que la classe ouvrière pourrait renverser en quelques jours, arrive à garder le dessus dans la lutte contre les ouvriers.
IL FAUT CONSTRUIRE DE NOUVELLES ORGANISATIONS OUVRIERES.
Voilà le grave danger. A nouveau, comme en 39, la réaction capitaliste attaque, pour l'écraser et la faire participer à la 3ème guerre mondiale, la classe ouvrière française. Et celle-ci, tout comme alors, empoisonnée par le stalinisme et trahie par les "socialistes", ne parvient pas, malgré tous ses efforts, à organiser sa résistance.
Mais contrairement à 1939, les ouvriers ont aujourd'hui conscience d'où vient le mal. Après l'expérience de dix-huit mois de mouvement gréviste, ils ont compris que la seule issue, c'est de s'organiser dans de nouvelles organisations ouvrières entièrement à leur service, qu'ils ne pourront mener avec succès la lutte contre la classe capitaliste avant de vaincre dans leur propre sein ceux qui les paralysent ou les détournent de leurs buts.
Seulement, bien des préjugés restent encore à être surmontés. Tout en cherchant autour d'eux une nouvelle voie, les travailleurs n'aident pas d'une manière décisive les éléments qui, dans leur propre sein, se révèlent être leurs véritables interprètes et défenseurs. Or, il y a dans la classe ouvrière des milliers et des milliers d'éléments capables de "faire du neuf", mais ils ne pourront constituer de nouvelles organisations que si les travailleurs les aident d'une manière décisive.
Rien ne tombe du ciel :
Que les travailleurs commencent par se grouper localement et appuyer l'action de leurs éléments d'avant-garde. Non seulement leur résistance aux attaques capitalistes s'en trouvera immédiatement renforcée, mais en même temps ils auront posé les fondements d'une nouvelle organisation syndicale démocratique et d'un nouveau Parti Ouvrier Révolutionnaire, seuls gages de la victoire finale.