1949 |
L'émancipation des travailleurs sera l'œuvre des travailleurs eux-mêmes (Marx) |
BULLETIN du S.D.R. n° 47
20 décembre 1949
On peut aujourd'hui, par maint exemple, illustrer la disproportion que présente l'écart hiérarchique des salaires.
L'acompte, intitulé "prime de fin d'année" en est un : plus de 1.000 fr. d'écart entre le manoeuvre et l'OS2, plus de 2.000 fr. entre le manoeuvre et le P1. Un cadre au coefficient 800 touche 40.000 fr., donc 35.000 fr. de plus que le manoeuvre, 34.000 fr. de plus que l'OS2.
Ainsi, ceux qui peinent le moins ont droit au festin, tandis que ceux qui suent les profits, qui sont rivés à la production dont tout le monde jouit, n'ont droit qu'à un os !
La hiérarchie des salaires et la production capitaliste sont intimement liés. Les hommes ont des besoins égaux, or les capitalistes en favorisant certains par rapport aux autres, leur permettent de mieux satisfaire ces besoins.
Les travailleurs conscients, qu'ils soient ouvriers ou cadres, et qui savent comment la qualification est répartie dans le système capitaliste, doivent tendre à une étroite solidarité pour entrer ensemble en lutte contre les moyens qui cherchent à scinder cette unité. Les ouvriers sont le nombre, et dans la lutte pour abolir le salariat, les cadres ne peuvent se passer d'eux ; mais en échange, les cadres sont techniquement qualifiés et leur qualification pesant dans la balance capitaliste, ils sont nécessaires à l'effort des ouvriers en lutte. Ils ne doivent pas oublier également que leurs avantages iront en s'amincissant par suite de la diminution du niveau de vie des ouvriers. Il leur reste à choisir le rôle qu'ils pourront jouer : renforcer le front des ouvriers pour l'amélioration des conditions de travail, les leurs comprises, ou bien, alléchés par des salaires qui les classent en favorisés vis-à-vis des ouvriers, faire comme ceux des cadres qui à la grève générale sont venus à l'usine devant les machines délaissées par les ouvriers pour montrer leur servile fidélité au patron, ou pire encore ceux d'entre eux qui à la grève du service électrique ont dépanné les machines, exécutant ainsi un travail de jaunes.
Augmenter les bas salaires des ouvriers est le seul moyen de rapprocher les exploités les uns des autres. Voilà à quel effort doivent se joindre les cadres conscients.
M. Bucholtz
Au Comité d'Entreprise, la Direction a protesté vivement contre le fait qu'il ait été trouvé à la Bibliothèque de l'usine des tracts politiques et syndicaux.
De leur côté les membres CGT s'opposent à ce que des livres "pourris" tels que "J'ai choisi la liberté" de Kravchenko soient mis en service à la Bibliothèque.
De quel droit la Direction et le C.E. censurent-ils la Bibliothèque ? Les travailleurs sont assez grands pour choisir la littérature qui leur convient, littérature qui après tout est payée avec leurs gros sous.
On a beaucoup parlé ces dernières années de la "liberté du travail". Dans le langage de la bourgeoisie apeurée par les grèves, cette "liberté" servit aux capitalistes à briser l'unité des travailleurs en lutte. L'année passée, c'est sous le couvert de cette "liberté" que Moch mobilisa ses armées de flics contre les grévistes et notamment les mineurs. La "liberté du travail" pour les patrons, Lefaucheux en tête, c'est la liberté de licencier les grévistes, la liberté de briser les grèves par les jaunes, appuyés par les flics, la liberté de supprimer ce qu'il nous reste de liberté.
La grève est une des armes les plus indispensables que possèdent les travailleurs dans leur lutte contre les capitalistes, et pour qu'elle soit réellement efficace, elle ne peut tolérer des fissures. Et il va de soi, que l'on ne peut tenir compte des hurlements de la bourgeoisie sur le manque de "liberté" dans les grèves.
Un exemple tout récent, la grève des électriciens : dans la plupart des secteurs, malgré une grève totale, après une journée et demie de lutte, les électriciens ont repris le travail parce que les réparations de pannes étaient effectuées par les gardes-chiourmes, briseurs de grève de la Direction.
Les camarades électriciens après tant d'autres, ont appris à leurs dépens que la "liberté du travail" aux jaunes rend impossible le succès.
J. Pichot
A la dernière réunion du Comité d'Entreprise M. Lefaucheux a refusé catégoriquement de communiquer les prix de revient des véhicules fabriqués à la Régie sous prétexte que c'était un secret commercial. Depuis sa création en 1945, le CE a toujours été mis au courant des prix de revient. Tant qu'il s'agissait de prouver aux travailleurs qu'il fallait produire pour abaisser les prix de revient, il n'y avait pas de secret commercial, mais lorsque les prix de revient risquent de prouver qu'on peut augmenter les salaires, la Direction oppose le veto du secret commercial.