1908 - 1998
Découvrir le monde avant qu’il ne disparaisse... [1] Vladimir Jan Pavel Malacki naît le 11 avril 1908 à Varsovie. Il quitte la Pologne à dix-sept ans, traverse l’Europe, l’Orient et l’Afrique... Il débarque à Toulon en 1926, repart de France et y revient à plusieurs reprises, exerçant divers rudes métiers, comme mineur dans les mines d’argent et de plomb de La-Londe-les-Maures en Provence. On ne sait ni où ni quand précisément, il épouse Alina Ajzenberg, jeune femme rencontrée en Pologne et issue d'une famille aisée. Le 5 mars 1932 naît de cette union un garçon prénommé Jean qui sera surnommé Jeannot. « J’ai quitté la Pologne en 1925, j’avais dix-sept ans, tout de suite après mon bachot. Je l’ai quittée d’ailleurs légalement, avec un passeport et un visa, j’ai bourlingué en Roumanie, en Turquie, en Égypte, et par là-bas, et je suis arrivé en France parce que la France était, dans mon imagination de jeune homme, de ces pays-là, LE pays où il faut vivre, LE pays où il faut étudier. C’était la Révolution française, la Commune, le pays d’accueil, ainsi de suite, ainsi de suite.» (Entretien de Jean Malaquais avec Dominique Rabourdin, 20 février 1996) L’entrée en littérature Le 22 décembre 1934, Malaquais fait la connaissance de Galy Yurkevitch, peintre d’origine russe, qui devient sa compagne. En 1935, il entame de manière tumultueuse une longue amitié avec André Gide qui l’encourage à écrire. Leur correspondance, aujourd’hui publiée chez Phébus, durera jusqu’en 1950, un an avant la mort de Gide. « Un nouveau grand écrivain, Jean Malaquais.» C’est par ces mots que Trotski salue le jeune écrivain lors de la parution en 1939, chez Denoël, de son roman Les Javanais. Sur les conseils de l’éditeur, son nom a pris une consonance française. L’ouvrage obtient le prix Renaudot. L’apatride face à la guerre En 1939, Malaquais, demeuré apatride, est cependant mobilisé. Malaquais compose un drôle de Journal. À partir des notes qu’il prend et expédie à sa compagne Galy, il compose un Journal de guerre qui débute en août 1939 et s’achève sur la déroute de 1940. Il y joindra un Journal du métèque relatant l’atmosphère de Paris sous Pétain, son départ à Marseille et son évasion pour le Nouveau Monde en octobre 1942. Malaquais vit ensuite successivement au Venezuela, au Mexique et aux États-Unis. Ici, en 1944, à San Miguel de Allende (Mexico), il travaille à Planète sans visa. «Le Mexique et Mexico, c’est à proprement parler prodigieux. Chaque pierre ici respire le passé, un passé violent et passionné.» Le temps des chefs d’oeuvre Aux États-Unis, à la fin de 1947 ou au début de 1948, Malaquais rencontre Norman Mailer dont il traduit le premier roman : The Naked and the Dead (Les Nus et les morts). En 1947, il publie Planète sans visa au Pré aux Clercs. En 1999, l’ouvrage est réédité par Phébus. Travaillant jusqu’à la veille de mourir, Malaquais l’a considérablement réécrit. Un auteur atypique En 1953, Malaquais publie Le Gaffeur, roman où, pour la première fois, il «se marie» à un personnage central. L’œuvre est rééditée chez Phébus en 2001. Le 22 mars 1963, il épouse Élisabeth. Ils ont une fille, Dominique, dont Norman Mailer est le parrain. Malaquais n’écrivait jamais deux textes identiques : des nouvelles, des articles, des essais, une pièce de théâtre, des scenarii, des pamphlets... Une œuvre variée mais rare et encore en partie inédite. Le temps du silence Entre 1953 et 1995, comme s’il avait épuisé les possibilités de la littérature, Malaquais ne publie plus de roman. En 1995 seulement, il commence à revisiter son œuvre et réécrit Les Javanais pour leur réédition chez Phébus. En 1998, l’éternel apatride «ferme le guichet», n’ayant renoncé à aucune de ses convictions. Archive Jean Malaquais Note [1] Biographie publiée sur le site : http://malaquais.org |