Oeuvre d'Auguste Blanqui 1830
Source : Auguste Blanqui, Textes Choisis, avec préface et notes par V.P. Volguine, Editions Sociales, Paris 1971.
Transcrit : Andy Blunden.
Aux Étudiants en Médecine et en Droit,
Benjamin Constant est mort. La France pleure un des plus fermes soutiens de sa liberté, un grand citoyen et un grand homme. Nous, c'est un ami que nous pleurons. Vous savez quels accents sa voix a trouvés pour repousser les calomnies et les outrages que déversait sur nous un pouvoir oppresseur. Vous savez quelles brûlantes paroles il fit entendre en 1820, 1821, 1822 et 1827, quand, non content de nous dévouer au sabre de ses satellites, le pouvoir nous insultait à la tribune et dans ses journaux. Benjamin Constant se faisait gloire d'être l'ami des jeunes gens. Jusqu'à son dernier moment, il a élevé la voix pour nous défendre, car la jeunesse française de même que la liberté ont, eu besoin d'être défendues, même après la bataille de la grande semaine. Cinq jours avant de mourir, il faisait encore retentir la tribune de patriotiques accents; il est mort sur la brèche en combattant pour les principes et pour les résultats de notre révolution. Un peuple tout entier accompagnera jusqu'au dernier séjour les restes mortels du défenseur de ses droits. Les Ëcoles doivent à leur ami un deuil particulier, un hommage solennel de reconnaissance. J'invite tous mes camarades à se réunir sur la place du Panthéon, dimanche à neuf heures précises du matin. Ceux d'entre eux qui possèdent des armes viendront armés, afin de rendre à Benjamin Constant les honneurs funèbres.
Louis-Auguste Blanqui, Étudiant en droit.
P.S. — Le général Lafayette a déclaré approuver cette réunion; un de ses officiers d'état-major se rendra demain au milieu de nous.