1925 |
« Cette brochure est écrite sur un ton violent, car Kautsky ne mérite pas de ménagements. Néanmoins, elle met en lumière tous les arguments fondamentaux, et même la plupart des arguments secondaires de Kautsky. Elle est destinée en premier lieu aux prolétaires étrangers qui ne sont pas encore décidés à rompre avec des chefs comme Kautsky. Mais, comme elle touche et éclaire théoriquement les questions essentielles de notre vie courante, elle peut être utile également aux masses ouvrières de notre Union. Elle leur montrera toute la déchéance du théoricien de la IIe Internationale.. » |
La bourgeoisie internationale et son apôtre Kautsky
L’expérience de ces dernières années a montré avec évidence que la social-démocratie est un des remparts les plus solides du régime bourgeois. Avec une fidélité et un zèle de chiens couchants, ses leaders, ses théoriciens, ses publicistes exécutent les directives des puissants de ce monde. Quand le temps est à l’orage, quand la bourgeoisie prépare une répression quelconque, quand il lui faut berner, intimider, bâillonner le public et recruter parmi les philistins effrayés une armée de « boutiquiers enragés » elle lâche la social-démocratie, qui entre alors en scène. Il accomplit merveilleusement ses fonctions, ce parti socialiste ! Et lorsque les affairistes et les requins de la spéculation, comme Barmat, délient soudain les cordons de leur bourse, les socialistes, le front haut, prennent leur récompense : c’est là de l’argent bien gagné.
L’histoire mondiale, à n’en pas douter, entre maintenant dans une nouvelle phase. Le pays de la Révolution prolétarienne se développe et se fortifie. En Orient, une flamme immense s’élève, dont les reflets se projettent jusque sur les fenêtres des banques de Londres et de Paris et épouvante les classes dominantes du monde entier. Un cri de haine contre nous part de toutes les maisons bourgeoises. Et pendant qu’on mitraille le peuple chinois pour la plus grande gloire de l’humanité, de la chrétienté, de la civilisation et de la hausse des actions coloniales, on trame contre l’union des États prolétariens tout un réseau d’intrigues, de complots et d’alliances militaires, on prépare le blocus financier de la Russie des Soviets. Nous ne craignons guère la fureur de la bourgeoisie : elle s’est déjà brisé les dents, elle se les brisera encore. Avec la guerre du Maroc, l’état désastreux des finances françaises, le chômage en Angleterre, les krachs de banques en Allemagne, le problème des rapports entre l’Entente et l’Allemagne et tous les autres embarras qu’elle a sur le dos, qu’elle vienne donc nous attaquer !
Mais si l’on ne nous attaque pas encore, on se prépare. Et l’instigateur de cette préparation odieuse est maintenant Karl Kautsky qui, d’apôtre du socialisme, s’est transformé en apôtre de la contre-révolution. Il vient de publier une nouvelle brochure intitulée : L’Internationale et la Russie soviétiste. On ne saurait lire cet ouvrage sans un sentiment de dégoût profond. Cette rage impuissante de contre-révolutionnaire, cette déliquescence sénile d’une pensée figée, cette inintelligence complète des rapports sociaux, cet aplatissement devant la bourgeoisie dominante, cette mentalité de philistin mis en fureur par la « violation » du droit de propriété, quelle déchéance, même pour un renégat ! Et pourtant, Kautsky fut autrefois un homme !