1956 |
Source : documents de l'O.C.I. n°5 (1976) |
La révolution hongroise des conseils ouvriers
Pierre Broué
Défaite et Victoire
La grève générale des 11 et 12 décembre, suivant le mot d'ordre lancé par le Conseil central, a confirmé d'éclatante manière l'inébranlable volonté révolutionnaire des travailleurs hongrois. Unanime, malgré la terreur policière, elle exprime de façon spectaculaire la rupture des derniers liens savamment tissés par les ruses de Kádár entre la bureaucratie et les éléments ouvriers conciliateurs. Elle ne parvient pas, cependant, à enrayer la terreur contre-révolutionnaire. Avec elle, se clôt la première phase de la révolution hongroise : les uns après les autres disparaissent, sous les coups de la répression, les conseils ouvriers nés de la Révolution d'octobre. La révolution hongroise recule.
Le gouvernement Kádár avait accusé le Conseil central de vouloir « faire du Conseil central des ouvriers un organisme de pouvoir central exécutif » [1]. En réalité, si telle était bien la volonté des ouvriers hongrois parfois exprimée par leur Conseil central, sa position publique n'a presque jamais dépassé l'affirmation qu'il était le seul représentant qualifié des ouvriers pour négocier avec le gouvernement, non le renverser et prendre sa place. De même, pendant toute une période en Russie, les soviets n'avaient pas réclamé le pouvoir, les bolcheviks étant les seuls, avec Lénine, à reprendre le mot d'ordre: « Tout le pouvoir aux soviets ». Le Conseil central n'a pas réclamé « Tout le pouvoir aux conseils ».
Certes, il faut comprendre que la grande majorité des travailleurs ont dû longtemps conserver des illusions, espérer un changement de la politique russe, compter sur l'appui de l'ancien « nagyste » Kádár pour remporter par des manœuvres une demi-victoire que leur unanimité leur faisait paraître vraisemblable. D'autres, sans doute, ont souhaité éviter de nouveaux combats meurtriers, désiré un répit, sans comprendre que Kádár, instrument de la bureaucratie russe, n'utiliserait ce répit que pour mieux frapper les travailleurs. C'est de ces illusions et des souffrances endurées que s'est nourrie la pensée des « conciliateurs ». Le long piétinement des masses a abouti à une grève qui était, dans l'esprit de leurs dirigeants, moins une nouvelle offensive qu'une défensive désespérée, une démonstration de leur volonté, mais où, d'avance, ils acceptaient leur défaite, si le gouvernement refusait de céder. Dans ces conditions, la défaite immédiate était inévitable : le gouvernement Kádár ne pouvait pas céder, mais seulement frapper plus durement encore. C'est ce qu'il a fait.
Sans doute, le Conseil central ne fut-il pas unanime sur l'opportunité du mot d'ordre de grève. Quatre membres seraient, selon Radio-Budapest, allés confier à Kádár leur conviction que la décision de grève n'était « pas correcte »[2]. Démarche spontanée ? On en peut douter, trois jours après la décision... Balász, déjà éliminé de la présidence le 14 novembre, aurait démissionné au cours de la réunion élargie aux délégués de province [3]. Mais, s'il y eut démission de Balász, ce qui n'est pas prouvé, elle ne peut signifier ralliement à Kádár dont la presse ni la radio n'ont publié de déclaration de ce dirigeant. Par contre, le cheminot Endre Mester, dénonce les « contre-révolutionnaires » du Conseil central[4], trois jours après avoir été dénoncé lui-même par Kádár comme leur inspirateur [5]. Déclaration suspecte, s'il en est : ces « aveux » tardifs et cette « conversion » soudaine ne peuvent s'expliquer que par l'intervention d'une police capable d'arracher aveux et conversions.
Le Conseil central a pris ses dispositions pour faire face à la répression : un émetteur clandestin parlera en son nom, un de ses membres, István Török, est envoyé à l'étranger porteur de documents pour Anna Kethly. Le 8, Sándor Rácz avait accordé à un correspondant italien une interview à ne publier que s'il était arrêté :
« J'ai la conscience tranquille, déclare-t-il, parce que j'ai été le malheureux interprète de la volonté des travailleurs et de ceux qui se sont battus pour l'idéal d'une Hongrie libre, indépendante et neutre et pour un Etat socialiste... Tout cela nous a été refusé. Le gouvernement sait qu'il n'a pas avec lui le pays, et se rendant compte qu'aujourd'hui l'unique force organisée qui a fait vraiment la révolution est la classe ouvrière, il veut démanteler le front des travailleurs.
« Je peux l'affirmer cependant : on ne réussira jamais à briser la volonté des Hongrois qui sont prêts à affronter la mort. » [6]. L'appel lancé sur l'émetteur clandestin est plus profondément encore imprégné de cette vue pessimiste sur l'issue des combats immédiats: « Le gouvernement a prouvé qu'il n'accorde aucune attention et qu'il n'en accordera jamais à notre travail. Ouvriers et paysans doivent rester unis. L'autre camp désire la lutte ouverte. Malgré notre faible position, nous poursuivrons le combat... Nous, ouvriers, ne sommes pas des contre-révolutionnaires. Nous avons lutté pour acquérir la liberté. Nous avons créé des conseils ouvriers légaux, chargés de négocier avec le gouverne-ment central. Mais nous avons été considérés comme des hors-la-loi. Chacun doit savoir de quel côté est le droit et il saura alors comment nous avons été trompés. » [7].
L'ordre du Conseil central était de déclencher la grève à partir du 11 décembre à 0 heure. Dans la journée du 10, des assemblées se tiennent dans toutes les usines de Budapest et de province : une fois de plus, les ouvriers discutent démocratiquement l'action qu'ils vont mener [8]. Le gouvernement multiplie les arrestations, les rafles, les fouilles. Dès 18 heures, le 10, avant même le début de la grève générale, il décrète la loi martiale.
Pourtant, le 11 et le 12, la grève est générale dans tout le pays. Radio-Budapest proclame que le Conseil de Csepel s'est prononcé contre la grève, mais la grève est générale dans le combinat, comme l'atteste le communiste Sam Russel [9]. L'Humanité cite abondamment le président du Conseil ouvrier de Mavag, hostile à la grève, mais les ouvriers de Mavag sont, eux aussi, en grève... [10] Au début de l'après-midi, Sándor Rácz, président du Conseil central, et son camarade Sándor Báli, comme lui membre du conseil et ouvrier à l'usine d'appareillage électrique Belojannis sont arrêtés. La préfecture de police de Kádár communique : « Ces deux personnes ont joué un rôle de premier plan dans la transformation du Conseil central de Budapest en un instrument de la contre-révolution... Ils ont dirigé une organisation illégale, lancé des grèves provocatrices : par des menaces, ils ont essayé d'intimider les ouvriers et les techniciens honnêtes. Tout récemment, ils ont organisé une conférence nationale illégale avec la participation d'éléments contre-révolutionnaires n'ayant aucun rapport avec les conseils ouvriers. A cette occasion, ils ont lancé un appel visant au renversement du gouvernement et, dans ce dessein, ils ont imposé une grève générale provocatrice de 48 heures... » Le même communiqué accuse Rácz et Báli d'avoir « entretenu des relations étroites avec Radio-Europe libre et avec des correspondants de la presse occidentale » [11]. Le même jour, le Comité révolutionnaire des intellectuels est dissous. La police perquisitionne à son siège et ferme les locaux [12]. Ces mesures policières n'impressionnent pourtant pas les travailleurs, et la grève sera totale les deux jours prévus. Le 13 et le 14, même, elle continuera, à Belojannis et Csepel notamment, en protestation contre l'arrestation de Rácz et Báli [13].
II est difficile de décrire avec précision la situation dans les usines hongroises au lendemain de la répression déchaînée contre les animateurs des conseils ouvriers. La plupart des usines sont arrêtées ou tournent au ralenti. Le gouvernement Kádár incrimine le manque de charbon. Dans la première quinzaine de décembre, il a mené une campagne acharnée pour obtenir la reprise du travail dans les mines, faisant alterner, suivant sa méthode, menaces et promesses. Le 16, les mineurs hongrois ont répondu, et l'émetteur clandestin du conseil a diffusé leur réponse. Les mineurs hongrois refusent de négocier avec Jánós Kádár. Ils accepteraient de négocier avec son éventuel successeur si police et armée russe se retiraient complètement des régions minières, et si tous les Hongrois arrêtés après le 4 novembre étaient libérés... Ils demandent en outre l'augmentation générale des salaires, l'interdiction de tout travail forcé. Non sans humour, ils préviennent qu'au cas où police et troupe russe évacueraient, ils reprendraient le travail de manière à assurer une production à 25 % de la production normale. Si les détenus politiques étaient libérés, ils iraient jusqu'à 33 %. De toute façon, ils ne reprendraient le travail à 100 % qu'après avoir obtenu satisfaction pour toutes leurs revendications. Leur appel se termine par l'affirmation de leur inébranlable volonté révolutionnaire : « Si le gouvernement n'accepte pas ces conditions, aucun travail ne se fera dans les mines, même si nous, mineurs, devons aller mendier, émigrer hors de notre patrie [14] ».
Le 10 janvier, ce sont les manifestations de Csepel, au cours desquelles un métallo est abattu par la police de Kádár, ce sont la démission du Conseil de Csepel, celle du Conseil de Belojannis, l'appel de Népszabadsag, le journal de Kádár, à la lutte « contre les éléments hostiles qui se déguisent en marxistes et lancent des mots d'ordre sur la démocratisation et la déstalinisation » [15].
Le gouvernement Kádár multiplie les concessions à la paysannerie aisée : c'est toujours le « petit propriétaire » István Dobi qui dirige le « présidium » de la République hongroise. Kádár négocie avec Béla Kovács, avec István Bibó et Zoltán Tildy, du Parti des petits propriétaires, avec Ferenc Erdei, national-paysan. Demain, viendront d'autres concessions dont la ligne est déjà tracée : concessions aux éléments procapitalistes, à la bourgeoisie internationale en échange d'« emprunts ». Mais il n'y aura pas de concessions à la classe ouvrière hongroise, tant qu'elle s'organisera dans ses conseils : entre les « soviets » et la bureaucratie, l'antagonisme est irréconciliable.
Dans la lutte qui se poursuit se préparent les conditions de la victoire de demain. Les travailleurs hongrois se sont lancés dans la révolution sans direction révolutionnaire. Les intellectuels et les cadres du PC qui ont animé les premières manifestations, voulaient une réforme du parti, un changement de sa direction. La démonstration que la présence de Nagy à la tête du gouvernement ne changeait rien tant que subsistait l'Etat de gendarmes et de bureaucrates a été faite dans les premiers jours de la révolution. La ruse de Gerö s'est retournée contre lui et ses patrons, puisque, spontanément, les travailleurs ont commencé à bâtir leur Etat, celui des conseils ouvriers. Pendant quelques jours, leur force a été irrésistible : c'était, comme le dit le communiste polonais Bielicki, la substitution au chaos de l'« ordre révolutionnaire ». Mais ce n'était pas encore suffisant. La volonté d'établir un gouvernement des conseils exprimée un peu partout, à Miskolc comme à Györ et Sopron, dans l'institution du Conseil de Borsod comme dans celle du Comité Transdanubien, aurait dû se traduire immédiatement par la constitution d'un Parlement ouvrier, d'un Conseil national ouvrier. Il eût fallu pour cela une direction révolutionnaire, disposant de perspectives justes, ayant analysé la puissance de l'adversaire et l'objectif à atteindre, le pouvoir ouvrier, et qui eût été capable de pousser dans le sens de l'organisation du pouvoir ouvrier à l'échelle nationale tous les conseils et tous les comités. Certes, il est grotesque, comme l'ont fait certains, et nous pensons l'avoir montré, de prétendre que Nagy et ses amis avaient une orientation social-démocrate et restaurationniste. Il est incontestable qu'ils se sont fermement ralliés à la révolution et qu'ils ont, sans ambiguïté, rompu avec la bureaucratie et son appareil. Mais il serait tout aussi erroné de penser qu'ils ont joué le rôle d'une direction : dépassés par les événements, en retard de plusieurs jours sur les masses — au cours d'une révolution où les heures comptent pour des jours et les jours pour des années — ils ont été à leur remorque, traînant le poids des années passées à penser et agir en hommes d'appareil.
II est significatif que le nouveau parti communiste qu'ils ont voulu fonder n'ait pas rassemblé l'avant-garde des combattants révolutionnaires d'octobre. Les Miklós Gimes, Fekete Sander et autres opposants communistes qui songent à fonder dans la clandestinité la « Ligue des socialistes hongrois » publieront neuf numéros du clandestin 23 octobre, avant d'être frappés par la répression. Là encore, la bureaucratie a pu frapper plus vite, elle a su utiliser son organisation, son expérience, sa technique, pour frapper et désorienter en même temps les masses ouvrières sans direction. Les travailleurs de Dunapentele appelaient les travailleurs russes à fraterniser, ceux de Miskolc criaient aux travailleurs tchèques et roumains qu'ils se battaient pour eux aussi. Mais Imre Nagy, chef du gouvernement révolutionnaire, appelait l'ONU au secours... Et finalement, la suprême manœuvre de la bureaucratie, sa dernière carte, celle de l'« oppositionnel » Kádár, a pu gagner provisoirement une partie que ni les chars ni les canons n'avaient pu remporter. Là encore, aucune direction révolutionnaire n'a pu préserver les travailleurs hongrois de cette ruse. Ils étaient les plus forts et ils se sont bien battus. Ils ont pourtant été battus.
L'une des raisons de cette défaite est à rechercher dans les caractères de l'opposition à l'intérieur du parti hongrois. Imre Nagy, nous l'avons vu, se rattachait dans le mouvement communiste à la tradition de la tendance « droitière » incarnée au cours des années 1930 par Nicolas Boukharine. Un camarade hongrois écrit à ce propos :
« Les traditions boukhariniennes se sont organisées autour de trois principes :
Il ajoute également que la limite de l'aile nagyste « boukharinienne » était qu'elle « ne possédait pas l'expérience trotskyste de la critique du stalinisme en tant que système bureaucratique » :
« Selon elle, le stalinisme, c'était du sectarisme gauchiste, c'est-à-dire une marche en avant trop rapide dans une voie par ailleurs nécessaire, mais en abandonnant les formes de transition nécessaires. Elle était donc incapable de critiquer le stalinisme en tant que système résultant de la dégénérescence du socialisme, et sa position n'était pas « plus socialiste », mais seulement « plus modérée ». »
Imre Nagy a eu, certes, l'immense mérite, au moment de l'affrontement de novembre, de refuser de suivre plus longtemps la voie de la temporisation, du compromis avec la bureaucratie stalinienne, de l'adaptation qui avait été la sienne jusque-là : en tenant tête à ses bourreaux et ses juges, il a choisi son camp de classe, celui des travailleurs hongrois tombés face aux chars et à l'AVH restaurée par la volonté du KGB et des maîtres du Kremlin. Mais il n'est pas moins vrai qu'il s'était jusque-là abstenu de toute initiative qui aurait conduit les opposants communistes à s'organiser de façon indépendante de l'appareil, en d'autres termes, de rompre de façon décisive avec la bureaucratie contre-révolutionnaire. Les courageux militants qui, dès 1955, comme Miklós Gimes, l'ancien journaliste de Szabad Nép, ou ce jeune historien demandant en pleine réunion du parti l'exclusion de Rákosi ouvraient une voie qui n'a pas été suivie. Les plus conscients de l'opposition communiste — et Miklós Gimes était incontestablement l'un d'entre eux — avaient commencé une analyse de la société russe — parfois appuyée sur la lecture de l'exemplaire de La Révolution trahie en français rapporté de Paris par lui —, décelé l'existence de la couche bureaucratique, rompu dans leur tête avec la « légalité » du parti et songé à la construction d'une organisation clandestine contre l'appareil. Mais ils ne s'y attacheront pas, écrasés d'abord par l'ampleur de la tâche, puis par le rythme hallucinant du développement révolutionnaire. Quelques mois après l'écrasement des dernières résistances, c'étaient des conclusions semblables que formulait un autre communiste de l'opposition, vraisemblablement Sander Fekete, sous le pseudonyme d'« Hungaricus », dans une brochure parvenue en Occident.
En 1956, pourtant, le programme qu'exprimaient des millions de travailleurs manuels et intellectuels de Hongrie à travers les résolutions de leurs conseils et comités, reprenait presque mot pour mot, paragraphe pour paragraphe, le programme tracé vingt ans plus tôt dans La Révolution trahie — et précisé dans le Programme de transition — de la « révolution politique » à l'ordre du jour en URSS et, depuis, dans les pays soumis à la bureaucratie. Il manquait à ce programme sa pointe la plus avancée, la nécessité de la construction du parti révolutionnaire, des sections de la IV° Internationale. La responsabilité n'en incombe pas principalement aux révolutionnaires de l'opposition communiste hongroise, mais aux hommes qui, à cette époque à la tête de la IV° Internationale, tentaient, avec Michel Pablo et Ernest Mandel, de défendre et de réhabiliter la perspective d'un « redressement de l'appareil », de la « transmutation » des partis staliniens... et célébraient la « révolution politique » dirigée par Gomulka !
La bureaucratie, elle, ne s'y est pas trompée. Bien qu'elle ait crié sur tous les toits qu'elle avait dû intervenir pour briser l'assaut de la « contre-révolution horthyste », bien qu'elle ait dénoncé à grands cris les hommes des « partis bourgeois » revenus selon elle sous l'aile d'Imre Nagy, elle n'a guère pendu de horthyste et aucun des dirigeants des anciens partis ayant soutenu le gouvernement Imre Nagy. Elle a en revanche emprisonné autant de communistes que l'avait fait Horthy. Et surtout, elle a tué avant tout des communistes, non seulement à chaud, au cours de la répression et de la reconquête des villes, mais plus tard à froid, et en secret : elle a pendu Imre Nagy lui-même, Pál Maléter, Miklós Cimes, Jôzsef Szilágyi, condamné à de lourdes peines Sándor Rácz, Báli, Karsai et autres dirigeants du Conseil central, les responsables des intellectuels, comme György Markos, comme Gabor Tanczos, secrétaire du Cercle Petöfi, Jánós Varga, du Comité révolutionnaire des étudiants, et les militants des JC comme Bálint Papp, défenseur de Dunapentele, ou László Bede de Debreczen... Des milliers de militants, combattants de la révolution politique de 1956, ont été condamnés à la prison pour des années, ont perdu leur emploi, été astreints à une surveillance tracassière, isolés de leurs camarades, tenus à l'écart des jeunes générations. En frappant ces hommes, en tentant d'arracher de la mémoire collective des travailleurs hongrois jusqu'au souvenir de la révolution de 1956, la bureaucratie a exposé au grand jour son caractère et sa conscience contre-révolutionnaires, sa nature de caste irréductiblement hostile à la classe ouvrière.
En cette défaite germent cependant les pousses des prochaines victoires. La direction qui a manqué aux travailleurs hongrois pour coordonner leur action et la rendre irrésistible, pour déjouer les pièges de la bureaucratie contre-révolutionnaire du Kremlin se forge aujourd'hui dans la résistance des travailleurs, dans les usines comme dans les camps de concentration et les prisons, comme dans les maquis. Elle sera forte de l'expérience de la lutte de ces mois décisifs. La victoire de la révolution russe de 1917 est sortie de la défaite de 1905 et de la construction du Parti bolchevique de Lénine. C'est leur Octobre victorieux que préparent aujourd'hui en Hongrie comme en Pologne, à Prague comme à Moscou, des combattants socialistes de plusieurs générations.
Notes
[1] L'Humanité, 10 décembre.
[2] Tribune de Genève, 12 décembre.
[3] The Daily Worker, 12 décembre.
[4] Ibidem.
[5] L'Humanité, 10 décembre.
[6] Il Giorno, 14 décembre.
[7] Tribune de Genève, 13 décembre.
[8] New York Times, 11 décembre.
[9] The Daily Worker, 12 décembre.
[10] Ibidem.
[11] Tribune de Genève, 13 décembre.
[12] France-Soir, 15 décembre.
[13] Daily Telegraph, 14 décembre.
[14] The Times, 17 décembre.
[15] Le Monde, 10 janvier 1957.