1971 |
"L'histoire du K.P.D. (...) n'est pas l'épopée en noir et blanc du combat mené par les justes contre les méchants, opportunistes de droite ou sectaires de gauche. (...) Elle représente un moment dans la lutte du mouvement ouvrier allemand pour sa conscience et son existence et ne peut être comprise en dehors de la crise de la social-démocratie, longtemps larvée et sous-jacente, manifeste et publique à partir de 1914." |
Révolution en Allemagne
Pierre Broué
Essai de définition du rôle d'un parti communiste
L'éclatement du K.P.D. (S) et les conditions d'illégalité dans lesquels il se débat expliquent que les travailleurs qui, depuis 1918, font l'expérience de la politique social-démocrate, ne soient guère attirés par lui, même quand l'exemple russe les tente. Paul Levi l'expliquera en 1920 à Moscou :
« Les masses qui, par centaines de milliers, désertaient la social-démocratie autrefois toute-puissante, avaient le choix entre le parti social-démocrate indépendant, demeuré légal pendant toute cette période, et le parti communiste allemand, illégal pendant ce même temps, et parfois totalement à l'écart de la scène politique. Il est tout à fait clair que, dans ces conditions, le parti social-démocrate indépendant devait nécessairement devenir la grande organisation des masses révolutionnaires » [1].
A la seule exception, en effet, de Chemnitz, où Brandler et Heckert avaient été capables, en janvier 1919, d'entraîner au K.P.D. (S) la presque totalité des ouvriers indépendants, la masse des anciens social-démocrates révolutionnaires, des anciens radicaux, comme le gros des jeunes gagnés à la révolution par la guerre, la révolution russe, la révolution de novembre et ses lendemains, sont demeurés dans le parti de Haase et Dittmann où, depuis, des dizaines et des centaines de milliers d'autres les ont rejoints. D'une centaine de milliers d'adhérents au moment de la révolution, le parti indépendant passe à plus de 300 000 en mars 1919 [2].
En dépit de sa confusion et malgré les divergences qui opposent les uns aux autres ses dirigeants sur toutes les questions, le parti social-démocrate indépendant a ainsi gagné au cours de l'année 1919 une véritable majorité d'ouvriers d'avant-garde. Ses militants occupent en particulier dans les syndicats des positions solides, qui contribuent à faire de lui le pôle de regroupement des adversaires de la collaboration de classe. Au 10° congrès des syndicats, à Nuremberg, du 30 juin au 5 juillet 1919, ce sont deux militants indépendants, Robert Dissmann et Richard Müller, qui ont été les porte-parole d'une opposition réclamant la rupture avec les collectifs de travail patronat-travailleurs, l'abandon de la politique de concertation et de la collaboration de classes, le retour à un syndicalisme de lutte de classes [3]. Ils ont réussi à rassembler 179 délégués - contre 445 à la commission générale - dans le vote sur la confiance à la direction sortante, 181 - contre 420 - à l'issue du débat d'orientation [4]. Au congrès de Stuttgart du syndicat des métallos, c'est une opposition dirigée par les mêmes militants indépendants qui a réussi, fait sans précédent, à renverser la majorité, faisant condamner par 194 voix contre 129 la politique de la direction sortante et rassemblant la majorité pour une orientation de lutte de classes devant se concrétiser immédiatement par la démission des représentants syndicaux de tous les organismes de « collectif de travail » avec le patronat [5]. Le syndicat des métallos une fois passé aux mains de Dissmann et d'une équipe qui rassemble la quasi-totalité des anciens délégués révolutionnaires de Berlin [6], ce sont des secteurs entiers du mouvement syndical qui rompent avec la politique réformiste des majoritaires et rallient les indépendants. A Berlin, les majoritaires perdent la direction du syndicat des métaux et y sont remplacés par les indépendants Oskar Rusch et Otto Tost qui, du coup, prennent le contrôle du cartel des syndicats de la capitale [7]. Il en est de même du syndicat d'industrie des métiers de l'imprimerie, dont l'organe, Graphischer Block, devient à partir du 1° septembre 1919 celui de toute l'opposition de gauche dans les syndicats. A Halle, l'exécutif du cartel local est pris en main dès le mois de mai par l'indépendant de gauche Bovitsky, puis le secrétariat local du travail par son camarade de parti et de tendance Lemke [8]. Les positions syndicales de ces hommes, Dissmann, Richard Müller, Rusch, Tost, Niederkirchner, Malzahn, Neumann, chez les métallos, Bottcher chez les imprimeurs, Teuber chez les mineurs, sont d'autant plus solides qu'ils ne sont pas contestés sur la gauche par les communistes [9]. Ces derniers, en effet, depuis novembre 1918, ont pratiquement déserté les syndicats, soit par principe, soit qu'ils en aient été exclus. Ils ont été partie prenante dans l'organisation de nombreuses « unions », comme l'Union des mineurs de la Ruhr fondée en mars 1919 à Essen [10]. Dans les syndicats traditionnels, lorsqu'ils y sont restés, il n'est d'ailleurs par rare que les militants du K.P.D. (S) se tiennent par purisme à l'écart des responsabilités syndicales : c'est ainsi que Sepp Miller, élu à la direction nationale du syndicat des métaux, en tant que dirigeant incontesté des métallos de Brême, par le congrès de Francfort, refuse de siéger, pour n'avoir pas à « s'asseoir à la même table » que des « socialtraîtres » [11].
Levi est impressionné par les résultats que les indépendants ont obtenu dans leur travail syndical. Il estime que c'est l'irresponsabilité des éléments putschistes, dont il vient d'exclure les chefs de file, qui a tenu à l'écart de la fondation du K.P.D. (S) les principaux dirigeants de gauche du parti indépendant, et que les masses ouvrières qui les ont ralliés depuis [12] ne sont allés vers eux que parce que le parti communiste était illégal [13] et que son aventurisme ne pouvait que les effrayer [14]. Il est persuadé que c'est de la capacité du parti communiste à conquérir les indépendants de gauche et leur base de masse que dépendent les chances de développement du communisme en Allemagne, et par conséquent de victoire de la révolution prolétarienne. Ainsi serait à ses yeux corrigés l' « aberration » du développement historique du mouvement allemand : le fait que n'ait pas été constitué avant guerre un noyau révolutionnaire, le fait que le K.P.D. (S) ait été fondé, dans les pires conditions de janvier 1919, sur une orientation gauchiste qui le coupait de la masse des travailleurs avancés [15].
Il faudra cependant un certain temps pour que se structure, au sein du parti social-démocrate indépendant, un courant de gauche nettement orienté vers le communisme et pour qui les positions de l'Internationale communiste constituent une caution et un contrepoids face à la pratique des communistes allemands que, de toute façon, ils rejettent. C'est en mai 1919, après le 2° congrès, que Clara Zetkin, comme prévu, a rompu et rejoint le K.P.D. (S) [16]. Contre Haase, porte-parole de la direction, le groupe des Berlinois, délégués révolutionnaires en tête, dénonce, derrière Däumig et Richard Müller, l'« opportunisme » et le « réformisme » des dirigeants. Leurs idées rencontrent d'autant plus d'écho que les débuts de la Constituante ne constituent pas pour la droite un bon thème de propagande : dans l'atmosphère de répression déchaînée par les hommes de Noske, la perspective de la « réunification socialiste » qui, un mois auparavant encore, était ouvertement exprimée par le groupe dirigeant [17] manque de force d'attraction. La gauche demeure cependant confuse, à l'image de ses inspirateurs. Däumig présente un contre-rapport dans lequel il développe longuement ce qu'il appelle « le système des conseils» [18], étroitement inspiré du schéma d'organisation soviétique, qu'il oppose au vieux système démocratique parlementaire. Sur ce point au moins il ne présente aucune divergence avec le mot d'ordre communiste du pouvoir des conseils, mais souligne son profond désaccord avec ce qu'il appelle la « tactique putschiste » des communistes. Il invite les délégués à prendre garde au danger qu'ils représentent de ce point de vue dans une période de radicalisation des masses : si le parti indépendant ne se prononce pas pour les conseils, le parti communiste se développera à sa gauche [19].
La résolution finale résulte d'un compromis et, comme le souligne Eugen Prager [20], reflète simultanément les deux tendances qui s'opposent désormais dans le parti. Elle rappelle en effet que celui-ci est construit sur la base du vieux programme d'Erfurt et précise qu'à la lumière des expériences révolutionnaires récentes il se déclare partisan du « système des conseils », qui « rassemblent » les travailleurs dans les usines, donnent au prolétariat le droit d'« autogestion dans les entreprises, les municipalités, l'Etat » et préparent « la transformation de l'économie» [21]. Elle affirme que l'objectif du parti est « la dictature du prolétariat », ce dernier étant le « représentant de la grande majorité du peuple » (Vertreter der grossen Volksmehrheit). Pour parvenir à ce but, elle n'exclut aucun moyen de lutte politique ou économique, « y compris le parlementarisme » et condamne « les violence irréfléchies » [22]. Elle se prononce enfin pour la « reconstruction de l'Internationale ouvrière sur la base d'une politique révolutionnaire socialiste dans l'esprit des conférences internationales de Zimmerwald et de Kienthal » [23]. La droite du parti s'est en définitive tirée à bon compte du 2° congrès: elle conserve la direction sur la base d'un compromis qui ne lui lie pas les mains et lui permet de poursuivre sa propre politique. Résolution typique d'un parti centriste, la résolution finale laisse ouverts les désaccords réels : c'est ainsi que Däumig, élu avec 104 voix à la présidence du parti immédiatement après Haase, qui en obtient 159, refuse de partager avec lui cette responsabilité et rend son mandat au congrès, qui le remplace par Crispien [24]. Dans les mois qui suivent, la résistance de la droite aux pressions accrues de la gauche, la mauvaise volonté de la majeure partie de la presse du parti à défendre le « compromis ». la reprise des relations internationales enfin, vont aggraver les divergences.
La résolution du congrès de mars est en effet la base sur laquelle le parti indépendant doit œuvrer à la « reconstruction » de l'Internationale dont Kautsky s'est fait le champion - et qui n'est autre que la reconstruction de la II° Internationale sur ses bases d'avant 1914, assortie d'une amnistie mutuelle des partis. A Berne, en février, la délégation du parti, conduite par Haase et Kautsky, avait voté avec la majorité une résolution condamnant implicitement la « dictature », c'est-à-dire le bolchevisme [25]. A Lucerne, en août, les délégués indépendants se rangent dans la minorité qui désire garder la porte ouverte aux communistes; mais ils condamnent encore une fois les méthodes de violence en dépit de l'adhésion de leur propre congrès à la « dictature du prolétariat » [26]. En fait, l'échec de ces deux conférences, leur incapacité à remettre sur pied très vite de réels organismes internationaux et même à s'accorder sur leur nécessité, sapent les efforts des « reconstructeurs » et, au lendemain même de la conférence de Lucerne, Kautsky doit admettre que l'adhésion à la III° Internationale est en train de gagner de nombreux partisans [27].
La masse des militants indépendants ne peut en effet envisager avec indifférence une adhésion à une Internationale qui tolèrerait la présence des social-démocrates de leur pays, les « socialistes à Noske ». En outre, la proclamation de l'Internationale communiste - que les dirigeants indépendants, y compris ceux de gauche, sont unanimes à juger au moins « prématurée » - exerce sur eux une attraction incontestable : cette Internationale là bénéficie du prestige de l'Octobre victorieux, et le sentiment est profond qui dresse les militants contre tout ce qui ressemble à une tentative d'isoler les Russes. De tels facteurs contribuent à renforcer une aile gauche qui commence à agir en tendance organisée [28]. Une nouvelle génération de dirigeants émerge, des hommes pour qui l'expérience de novembre et des mois de réaction qui ont suivi impose une ligne révolutionnaire dure, une organisation sérieuse, la construction d'une véritable Internationale de partis de combat. A l'ancien noyau berlinois des Däumig, Richard Müller, Adolf Hoffmann - dont Ledebour se sépare par antibolchevisme - se joignent maintenant des hommes plus jeunes, souvent anciens des Jeunesses, actifs pendant la guerre et la révolution, et qui n'ont pas au même degré subi l'influence des mœurs et de l'état d'esprit dans le parti avant guerre : les Wilhelm Koenen, Anton Grvbvicz, Bernhard Düwell, Stoecker, Curt Geyer, Böttcher, Remmele, qui, tous, ont été organisateurs de conseils et animateurs de comités révolutionnaires. Pour eux, la question d'une fusion avec le parti communiste, empêtré dans la crise nourrie par son sectarisme, ne se pose pas par elle-même [29], mais ils attachent une grande importance au problème des rapports avec l'Internationale communiste.
La question est posée devant la conférence d'Iéna les 9 et 10 septembre 1919. Faut-il ou non que le parti se rende à la conférence de Genève qui va tenter de ressusciter la II° Internationale? Déjà, les progrès de la gauche sont évidents : des journaux influents comme Hamburger Volkszeitung, que dirige le talentueux Wilhelm Herzog, ou encore le Gothaer Volksblatt, ont pris position pour l'adhésion à la III° Internationale et la fusion avec le K.P.D. (S), ainsi que des assemblées générales de militants à Halle et à Zella-Mehlis, et, un peu partout, des minorités de plus en plus décidées [30]. Le nouveau rapport des forces se traduit clairement dans le cours des débats. Hilferding, qui expose le point de vue de la direction - celui de l'aile droite - se prononce cette fois contre la réunification avec le parti social-démocrate qu'il souhaitait encore au début de l'année. Il se prononce également contre l'adhésion à la II° Internationale en voie de reconstitution. Mais il est également contre l'adhésion à la III°, dont il pense qu'elle n'a guère plus de chance de survie que le régime soviétique : on ne monte pas sur un bateau en train de couler; dans le cas où, par miracle, elle se développerait, elle se trouverait sous l'emprise totale des communistes russes. Sa conclusion indique donc une voie centriste:
« La direction du parti a décidé d'entrer en rapports avec tous les groupes de gauche afin de s'adresser avec eux aux bolcheviks pour rechercher une entente. ( ... ) Le temps nous aidera et amènera le moment où il sera possible de créer une Internationale capable de devenir un instrument révolutionnaire » [31].
Le procédé est bien imaginé : ne pas tenir compte de la III° Internationale, conclure un bloc international avec un certain nombre d'autres partis de gauche et, seulement ensuite, s'adresser aux bolcheviks, reviendrait effectivement à retourner la situation en faveur du parti indépendant. En fait, si le congrès à venir devait suivre Hilferding, le parti indépendant se ferait l'instrument principal de l'initiative lancée par le parti socialiste suisse au lendemain de Lucerne, la « reconstruction» de l'Internationale sur les bases d'avant 1914 après condamnation platonique du social-chauvinisme, solution « centriste» qui sera celle de l'Union des partis socialistes de Vienne, qualifiée de « deuxième Internationale et demie» par ses adversaires communistes.
Au nom de la gauche, Walter Stoecker réclame la discussion et l'étude du problème de l'adhésion à la III° Internationale. Le mouvement ouvrier mondial a selon lui besoin avant tout de clarté, et Hilferding lui propose une solution ambiguë cherchant en réalité seulement à préserver pour l'avenir les chances d'une réconciliation générale sur une base d'amnistie réciproque. Or, la grande leçon de la faillite de la II° Internationale en août 1914, c'est qu'il faut « une Internationale construite sur des bases entièrement nouvelles », « sur des bases révolutionnaires claires », capable « d'entreprendre et de diriger le combat contre le capitalisme mondial. La fondation à Moscou d'une nouvelle Internationale est un fait, qu'on la juge ou non prématurée. Il ajoute que la défense de la révolution russe est le premier devoir présent des révolutionnaires :
« C'est notre devoir que d'être par tous les moyens et avec toutes nos forces aux côtés de nos frères et camarades russes, quoi que nous puissions penser de certains aspects de leur tactique. L'apport d'un parti d'un million de membres comme le nôtre signifierait sans aucun doute pour les Russes un renfort moral considérable. Un tel soutien va en outre dans le sens de notre intérêt propre, car la chute de la république russe des conseils déchaînerait sur toute l'Europe une dangereuse vague de réaction » [32].
Entre la conférence d'Iéna, en septembre, et le congrès de Leipzig, en décembre 1919, la gauche fait de nouveaux progrès [33]. Assemblées générales et conférences de cercles se prononcent, nombreuses, pour l'adhésion à la III° Internationale et pour la dictature du prolétariat contre le régime parlementaire. Au congrès, cette tendance obtient d'importants résultats. Tout d'abord, la disparition du programme d'action du parti de la référence à la nécessaire « conquête de la majorité », prétexte invoqué par l'aile droite pour rejeter la prise du pouvoir jusqu'au lendemain de la conquête de la majorité électorale. Ensuite, le texte précise que la « dictature du prolétariat » ne peut reposer que sur la base du « système des conseils », et que l'action de type parlementaire doit en tout état de cause être subordonnée aux exigences du moyen d'action essentiel, l'action de masses. Sur ce point, des réserves sur le régime soviétique et la condamnation de la terreur, excusable en Russie par les conditions spécifiques de la guerre civile, constituent une concession à la droite qui provoquera la colère des bolcheviks [34].
Les résultats du débat sur l'affiliation internationale sont moins nets. Après avoir décidé, par 227 voix contre 54, de rompre avec la II° Internationale [35], le congrès repousse, par 170 voix contre 111, la résolution de Wa1ter Stoecker pour l'adhésion à la III° Internationale [36]. Finalement, c'est une nouvelle fois par 227 voix contre 54 [37] qu'il adopte une résolution de compromis, à mi-chemin entre la position d'Hilferding et celle de Stoecker : après avoir rappelé l'accord du parti avec l'Internationale communiste sur les problèmes fondamentaux de la révolution et du socialisme, elle appelle à la construction d'une Internationale révolutionnaire capable d'agir, qui rassemblerait, outre les partis adhérant actuellement à la III° Internationale, « les partis socia1révolutionnaires des autres pays ». Au cas où ces derniers se déroberaient, le parti indépendant aurait alors à entreprendre seul les pourparlers pour son adhésion à l'«Internationale de Moscou» [38].
Le tournant est capital. C'est, une fois de plus, Radek qui intervient pour en montrer la portée, et pour indiquer aux communistes allemands ce qu'il exige d'eux [39]. Selon lui, en effet, le congrès de Leipzig constitue « une victoire des masses ouvrières indépendantes sur leurs dirigeants opportunistes » [40], mais une victoire qu'il est nécessaire de consolider. Car le parti indépendant ne pourra prendre place réellement - et non pas seulement de façon formelle - dans l'Internationale, que s'il devient un parti de combat. Et cette transformation dépend en partie du K.P.D. (S). Radek précise :
« Ce n'est que dans la mesure où le parti communiste surmontera sa propre crise qu'il pourra aider les travailleurs indépendants à surmonter la crise de leur propre parti, et à construire ainsi la base de la réunification du prolétariat révolutionnaire allemand » [41].
Aussi est-il nécessaire de corriger bien des réactions du parti communiste et de sa presse, qui continuent souvent à traiter le parti indépendant comme si le congrès de Leipzig n'avait pas eu lieu, et comme si les indépendants en étaient encore à leur position de 1919. Certains communistes persistent à élever la scission à la hauteur d'un principe permanent, alors que le prolétariat allemand ne saurait vaincre avant d'avoir rassemblé ses forces sur une base révolutionnaire. C'est cette tâche, et elle seule, qui est à l'ordre du jour en Allemagne, sous une forme concrète qu'il n'est pas encore possible de déterminer. La tactique des communistes par rapport à cet objectif fondamental doit être, selon Radek, déterminée désormais à partir de la reconnaissance de deux faits :
« 1° que les masses du parti indépendant sont communistes; 2° qu'il y a au sein de leur direction une aile gauche qui veut sincèrement s'engager dans la voie révolutionnaire » [42].
En réalité, malgré les réticences qui se manifestent dans les rangs du K.P.D. (S), c'est bien le problème de la fusion entre communistes et indépendants de gauche qui commence à être posé à travers la question de l'adhésion à la III° Internationale du parti social-démocrate indépendant. Une telle perspective constitue un danger mortel pour la droite de ce parti qui vient en outre de perdre - avec Hugo Haase, assassiné sur les marches du Reichstag par un militant d'extrême-droite [43] - son dirigeant le plus écouté. Coincés entre l'impossible réunification avec les « socialistes de Noske » dont ils partagent au fond les convictions réformistes tout en réprouvant leurs méthodes brutales, et les dangers qu'ils appréhendent sur la route qui mène à Moscou, les dirigeants indépendants, Dittmann, Crispien, Hilferding, sont acculés à la défensive. Ils brandissent l'épouvantail de la scission, le fantôme des « aventuristes » spartakistes, accusent Curt Geyer et Stoecker de travailler en étroite liaison avec Levi et d'être en fait des agents du K.P.D. (S), organisateurs d'une fraction procommuniste dans leur propre parti [44]. Ils s'efforcent surtout de convaincre le secteur décisif de leurs cadres, les militants qui animent l'opposition syndicale à Legien, que « l'adhésion à Moscou» les entraînerait, à la suite de Spartakus, dans la voie de la scission syndicale, voire de la destruction des syndicats : de ce point de vue, la pratique de nombre de militants communistes - bien que récemment condamnée par les thèses du congrès de Heidelberg sur la « question syndicale» - leur fournit un argument de poids [45]
En réalité, même « de gauche », nombre de militants indépendants, partisans de l'adhésion à l'Internationale communiste, ne souhaitent pas une scission qui affaiblirait leur parti : ils pensent que l'évolution normale qui a ramené un Bernstein vers la social-démocratie majoritaire et écarté de la direction à Leipzig plusieurs éléments droitiers, finira par refouler Kautsky et ses disciples, avoués ou non, sans que des mesures formelles d'exclusion fassent courir le risque d'amputation massive que signifie toujours une scission. Ils expriment également des réserves sur les principes de centralisation de l'organisation communiste tels que les énoncent les bolcheviks, et demeurent sensibles - conformément à la tradition radicale allemande - à tous les arguments concernant le danger d'une dictature bureaucratique de l'appareil sur le parti, ou encore la nécessaire préservation de l'indépendance des syndicats à l'égard du parti. De vifs ressentiments, personnels et politiques à la fois, opposent enfin, malgré les efforts de Levi, dirigeants communistes et dirigeants de la gauche indépendante : ces derniers estiment en effet que l'histoire, qui a fait de leur parti un parti de masses et du K.P.D. (S) une secte, leur a donné rétrospectivement raison au moment de la scission de 1918 [46].
L'ensemble de ces problèmes va être abordé, à la fin de 1919 et au début de 1920 par une discussion politique - indirecte, à distance, mais publique - entre Lénine et les communistes allemands. Dans son « Salut aux communistes italiens, français et allemands », rédigé le 10 octobre 1919, Lénine a en effet abordé quelques-unes des questions qu'il juge essentielles pour le mouvement révolutionnaire allemand, et en particulier celle de la scission du K.P.D. (S) et des relations avec les indépendants.
Il y proclame son « admiration sans réserve » pour « la lutte héroïque » du journal berlinois Die Rote Fahne - celui de la centrale - et s'en prend aux social-chauvins et aux centristes qui se réjouissent de la scission dans les rangs communistes. Pour lui, les divergences entre communistes dans un contexte de croissance rapide et de persécution violente constituent simplement une crise de croissance :
« Les divergences entre communistes sont (...) des divergences entre les représentants d'un mouvement de masse qui grandit sans cesse. Ce sont des divergences sur une seule base essentielle, commune, solide comme un roc, celle de la reconnaissance de la révolution prolétarienne, de la lutte contre les illusions démocratiques bourgeoises et le parlementarisme démocratique bourgeois, de la reconnaissance de la dictature du prolétariat et du pouvoir des soviets » [47].
Rappelant les divergences passées au sein de la fraction et du parti bolchevique, il s'efforce en même temps de persuader l'ensemble des communistes allemands que la scission n'était pas nécessaire, et que, pour l'essentiel, la centrale avait raison contre l'opposition :
« Ce serait une faute (...) grave que d'abandonner les idées du marxisme et sa ligne pratique (parti politique ferme, centralisé) pour les idées et la pratique du syndicalisme. Il faut faire en sorte que le parti prenne part aussi aux parlements bourgeois, aux syndicats réactionnaires, aux « conseils d'usine » mutilés, châtrés par les Scheidemann, partout où il y a des ouvriers, où l'on peut parler à des ouvriers, influer sur la masse ouvrière » [48].
A cette unité de principe des communistes, Lénine oppose l'unité factice des indépendants, dont il attaque particulièrement l'aile gauche:
« Cette aile gauche allie peureusement, sans égards pour les principes, les vieux préjugés de la petite bourgeoisie sur les élections parlementaires à la reconnaissance communiste de la révolution prolétarienne de la dictature du prolétariat, du pouvoir des sovIets» [49].
Cette prise de position de Lénine est très gênante pour les dirigeants communistes allemands : d'une part, elle est une nouvelle condamnation de la scission qu'ils ont conduite contre leur aile gauchiste; d'autre part, elle accable l'aile gauche indépendante qu'ils veulent attirer à eux. Elle est immédiatement utilisée par la direction du parti indépendant qui, par la bouche de Crispien, reprend précisément cette analyse. August Thalheimer s'efforce d'y répondre dans une brochure qui reproduit le « Salut» de Lénine, la circulaire de l'exécutif de l'Internationale du 1° septembre 1919 et ses propres commentaires [50].
Il conteste d'abord que la lettre de Lénine puisse être tenue pour un jugement définitif sur l'aile gauche du parti indépendant, dans la mesure où Lénine lui-même admet n'avoir sur l'Allemagne que de maigres informations, dans la mesure aussi où elle a été écrite avant le congrès de Leipzig qui a, selon lui, créé une situation nouvelle. Et il explique la position du K.P.D. (S) sur l'aile gauche du parti indépendant :
« Ils se sont fourvoyés avec les masses, ils se sont développés avec les masses, il se développeront encore avec elles, et ils se tromperont encore et plus encore avec elles. Notre position à l'égard de leurs erreurs et de leurs faiblesses sera, comme auparavant, celle d'une critique franche et brutale. Mais nous ne songeons pas à les mettre dans le même sac, sur le plan moral et intellectuel, que les traîtres au socialisme, que les fossiles de l'époque de la stagnation purement parlementariste du mouvement ouvrier allemand » [51].
Ayant ainsi signifié à Lénine que les communistes allemands ne sauraient confondre les Däumig, Koenen, Stoecker et autres dirigeants de gauche avec les Kautsky, Hilferding, Crispien qui constituent l'aile droite de leur parti, Thalheimer entreprend de discuter son appréciation de la scission survenue avec les gauchistes : les communistes allemands pensent aussi que les questions purement tactiques ne doivent pas provoquer de scission dans un parti communiste et, de ce point de vue, le parti allemand a donné l'exemple lors de son congrès de fondation, où les décisions gauchistes de la majorité n'ont pas menacé son unité. Cependant, il affirme qu'au congrès de Heidelberg il ne s'agissait pas que de questions tactiques, mais d'un tout autre enjeu :
« En vérité, ces questions tactiques, surtout dans leur coloration hambourgeoise, conduisaient à des prises de position qui niaient le fondement même du parti. La conversion du parti en une société de propagande, plus tard la préparation de sa dissolution dans la masse des organisations d'entreprise, dans lesquels le clair contenu politique conquis par le parti au cours de cette année se serait de nouveau dissous dans la brume de la confusion, tout cela conduisait le parti vers la mort. Beaucoup de camarades n'avaient pas saisi ce danger. Il était du devoir de la centrale de s'en occuper, avec les moyens les plus énergiques, avant qu'il ne soit trop tard » [52].
Aussi, loin de considérer avec Lénine que la scission de Heidelberg constitue pour le parti allemand une retraite ou un recul, Thalheimer affirme qu'elle est au contraire un exemple :
« Elle n'est pas seulement significative de l'unique point de vue de la révolution allemande, elle constitue le premier pas grâce auquel le parti allemand peut éclairer pour la classe ouvrière des pays occidentaux les problèmes tactiques qui se poseront à elle sous une forme ou sous une autre » [53].
Poliment, mais fermement, il rejette l'argument d'autorité, la valeur universelle de l'exemple russe:
« Le milieu historique de l'Allemagne est plus proche de ceux des pays occidentaux que ne l'est celui de la Russie. Les expériences allemandes en matière de tactique seront par conséquent d'une valeur particulière pour les Occidentaux » [54].
La scission avec les gauchistes, la volonté de gagner l'aile gauche du parti social-démocrate indépendant, dessinent une voie originale pour la construction du parti communiste par rapport à la Russie, dont le cadre et l'histoire étaient fort différents. Et, sur ce point, Karl Radek, qui a vécu la révolution allemande vaincue après avoir connu la révolution russe victorieuse, généralise les premières leçons de cette double expérience et nourrit la démonstration de Thalheimer contre les gauchistes en écrivant:
« Le parti communiste ne peut pas vaincre avant que la majorité du prolétariat soit prête à prendre le pouvoir entre ses mains. Mais il peut se lancer dans d'importantes actions prolétariennes, manifestations, grèves de masse, si, dans les questions quotidiennes concrètes qui touchent de façon aiguë les intérêts du prolétariat, la majorité du prolétariat est prête à de telles actions partielles, indépendamment du fait qu'elle n'admet pas encore la nécessité de la dictature du prolétariat » [55].
De son côté, Brandler, qui a éprouvé à Chemnitz la valeur mobilisatrice de l'unité ouvrière dans le combat et combattu l'impatience gauchiste, recherche une voie révolutionnaire qui échappe au dilemme du « tout ou rien ». Le bilan des expériences gauchistes, particulièrement négatif en Allemagne, lui inspire la recherche de mots d'ordre adaptés à l'état d'esprit du moment des travailleurs, mais susceptibles de leur faire faire une expérience politique décisive, en d'autres termes, de les gagner graduellement au communisme dans l'action. Il affirme devant le premier congrès des conseils d'usine la nécessité de ce qu'on appellera plus tard les mots d'ordre « de transition» :
« Nous ne pouvons pas faire la révolution avec les hommes tels que nous désirerions qu'ils soient; nous devons la faire, ou tout au moins la commencer, avec les hommes tels qu'ils sont. C'est dans le cours même de la révolution que les hommes commencent à changer. (...) Le problème est de (...) leur proposer des tâches concrètes qui correspondent à leurs forces. J'y attache beaucoup d'importance ; nous devons déterminer l'objectif des étapes. Comprendre la signification du but socialiste final ne sert à rien maintenant. Ce qu'il s'agit de savoir, c'est : « Qu'avons-nous à faire, aujourd'hui ou demain, pour nous rapprocher de ce but ? » [56].
Ce n'est pas vers les gauchistes et leurs actions « pour l'honneur », ce n'est pas vers ceux qui confondent la masse des syndiqués et les bureaucrates qui les dirigent la masse des travailleurs indépendants et les Crispien - que le parti communiste allemand doit se tourner pour appliquer une telle politique. S'il veut se diriger vers les masses encore trompées par les dirigeants réformistes et opportunistes, s'il veut progresser dans les masses syndiquées et se gagner l'aile gauche des indépendants, il lui faut d'abord se démarquer sans ambiguïté des courants gauchistes. C'est pourquoi Thalheimer repousse la suggestion que fait Lénine de revenir sur la scission consommée à Heidelberg. Il estime que cette scission constituait une opération chirurgicale nécessaire. Mais il lui concède en même temps que, dans un véritable parti communiste - ce que le K.P.D. (S) doit pouvoir devenir maintenant -, il y a place pour des divergences sur la tactique.
Seulement, le chemin du K.P.D. (S) vers la victoire de la révolution allemande lui paraît devoir être plus lent, plus pénible, plus difficile à discerner que celui du parti bolchevique, dont il admet volontiers que l'expérience est à la fois plus ancienne et plus riche. Il souligne :
« Les expériences de ces deux voies et des deux partis unis se sont déjà révélées précieuses pour le développement positif des partis ouvriers d'Occident. La Russie communiste et l'Allemagne communiste ont encore à résoudre ensemble d'immenses tâches en matière de tactique comme de pratique politique » [57].
Ainsi se déroule sur un pied d'égalité cette première discussion publique à distance entre communistes russes et allemands sur la question de savoir comment gagner les masses pour pouvoir faire la révolution. Bientôt, cependant, le cours de la lutte des classes en Allemagne va poser les problèmes en termes nouveaux : ceux des rapports entre les communistes et les travailleurs organisés dans les autres partis ouvriers et dans les syndicats, certes, mais aussi ceux des rapports entre communistes allemands et communistes russes.
Notes
[1] Archives Levi, P 124/8, p. 2.
[2] Bock, op. cit!., p. 88
[3] Protokoll der Verhandlungen des 10. Kongresses der Gewerkschaften Deutschlands,. intervention de Dissmann, pp. 327-342, et de Richard Müller, pp. 434-452
[4] Ibidem, pp. 404-502.
[5] Die Vierzehnte ordentliche Generalversammlung des Deutschen Mfetallarbeitverbandes in Stuttgart 1919, pp. 19, 182.
[6] Parmi les anciens délégués révolutionnaires qui ont tourné le dos aux organisations syndicales, on peur citer seulement, et bien plus tard, Paul Weyer, passé au K.P.D.(S.), militant « unioniste» qui sera finalement exclu en 1924 (Bock, op. cit., pp. 185, 187).
[7] Freiheit, 19 octobre 1919; F. Opel, Der Deutsche Metallarbeiterverband, p. 85.
[8] Volksstimme de Halle.
[9] Notons, comme exception, que Fritz Winguth, issu lui aussi du cercle des délégués révolutionnaires et membre du K.P.D.(S.), exerce à partir de juillet 1919 des responsabilités dans l'appareil syndical des métaux (Weber, Der Gründungsparteitag, p. 335).
[10] Ill. Gesch., p. 329.
[12] Selon Dittmann (Freiheit, 2 décembre 1919), le nombre de ses adhérents était passé de 300 000 à 750 000 entre mars et décembre 1919.
[13] Archives Levi, P 124/8, p. 2.
[14] Dans les assemblées générales du conseil de Berlin (notamment Freiheit, 8 octobre 1919), ce sont des hommes comme Malzahn, Eckert. Neumann, Däumig qui défendent les positions bolcheviques sur le travail dans les syndicats, contre les membres du K.P.D.(S).
[15] Archives Levi, P 124/8, pp. 2-3.
[16] C. Zetkin, Ausgewählte Reden, vol. II, Introduction, p. XIII.
[17] Voir notamment R. Hilferding, « Die Einigung des Proletariats », Freiheit, 9 février 1919.
[18] Texte de son rapport et de sa réponse dans E. Däumig, Das Réitesystem, 1919, 37 p.
[19] Ibidem, p. 15.
[20] Prager, op. cit., p. 194.
[21] Cité ibidem, p. 193.
[22] Ibidem.
[23] Ibidem, p. 194.
[24] Ibidem, p. 195
[25] Braunthal, op. cit., II, pp. 168-173.
[26] Ibidem, pp. 174-176; Hulse, op. cit., p. 96.
[27] Freiheit, 20 août 1919.
[28] Prager, op. cit., p. 202, date le début de cette organisation des premiers mois de 1919. Radek (November ... , p. 162) signale qu'à la veille de son départ pour la Russie, à la fin de 1919, il a eu avec Däumig une longue discussion, et que ce dernier se prononçait pour la scission de son parti.
[29] Curt Geyer écrit au début de 1920 encore : « La gauche de l'U.S.P.D. n'a pas besoin d'une fusion entre partis. L'U.S.P.D. est le parti révolutionnaire de masses en Allemagne. » (« Nach dem Parteitag », Das Forum, n° 4, janvier 1920, p. 268.
[30] Horst Naumann « Dokumente zum 45 Jahrestag der Gründung der K.I. », BzG, n° 9, 1964, pp. 285-297.
[31] Freiheit, 11 septembre 1919.
[32] Freiheit, 11 septembre 1919; Stoecker, Die proletarische Internationale, p. 23.
[33] Anton Grylewicz devient vice-président de l'organisation berlinoise de l'U.S.P.D. pour quelques mois, avant d'en prendre la tête (Weber, Die Wandlung, II, p. 145).
[34] Prager, op. cit., pp. 209-211.
[35] U.S.P.D. Protokoll ... , p. 399.
[36] Ibidem, pp. 39-40; résultat des votes, p. 399. La motion était également signée par Brass, Koenen, Rosenfeld, Toni Sender.
[37] Ibidem, p. 399
[38] Ibidem, pp. 534·535. La motion résultait d'un compromis entre Hilferding et Ledebour.
[39] Arnold Struthahn, « Der Parteitag der Unabhängigen », Die Internationale, n° 19/20, 2 février 1920, pp. 22-32.
[40] Ibidem, p. 25
[41] Ibidem, p. 32.
[42] Ibidem.
[43] Prager, op. cit., pp. 205-206. Il est abattu le 8 octobre et mourra, après une longue agonie, le 7 novembre (Freiheit, 8 octobre, 8 novembre 1919).
[44] Prager, op. cit., p. 208, va jusqu'à parler de « cellules communistes à l'intérieur du parti » indépendant.
[45] Il est significatif à cet égard que le rapport sur la situation interne du parti au congrès de Leipzig, avec de vives attaques dirigées essentiellement contre Geyer et Stoecker au sujet de leurs liens avec Paul Levi, ait été confié précisément à Robert Dissmann, le dirigeant du syndicat des métallos (Prager, op. cit., pp. 207-208).
[46] Ernst Däumig développera ces arguments à la tribune du 2°congrès de l'Internationale, à l'été de 1920 (Protokoll des..., II, p. 271).
[47] Œuvres, t. XXX, pp. 49-50.
[48] Ibidem, p. 56.
[49] Ibidem, p. 48.
[50] Der Weg der Revolution, 1920, où la réponse de Thalheimer contient un résumé et des citations des commentaires de Crispien. Les gauchistes berlinois avaient donné une large publicité aux attaques de Lénine contre la gauche indépendante : voir l'intervention de Kruger à une assemblée des conseils berlinois (Freiheit, 20 décembre 1919).
[51] Ibidem, p. 18.
[52] Ibidem, p. 19.
[53] Ibidem.
[54] Ibidem
[55] Radek, « Die Entwicklung der deutschen Revolution und die Aufgaben der K.P.», Kommunistische Räte-Korrespondenz, n° 21-22, 20 novembre 1919.
[56] Discours cité par Tjaden, Struktur und Punktion der K.P.O., p. 10.
[57] Der Weg der Revolution, p. 20.