1915 |
Sources : Rapport d’activité dans le
Compte-rendu du Congrès de 1918 (http://gallica.bnf.fr/) et
Rosmer : Le mouvement ouvrier pendant la
guerre (1936), p. 351-354.
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Conférence nationale de la C.G.T.
15 août 1915
La Conférence nationale des Fédérations
corporatives, des Unions des Syndicats, des Bourses du
Travail, tenue à la Maison des Syndicats, le 15
août 1915 :
- Rappelle que son opposition à la guerre s’est
affirmée en toute circonstance dans l’action de
la C.G.T., à l’occasion de sa propagande dans le
pays comme dans ses rapports avec
l’extérieur ;
- Qu’en 1900-1901, au lendemain de Fachoda, qui vit
se heurter la politique coloniale de la France à celle
de l’Angleterre, heurt qui faillit
dégénérer en un conflit guerrier, la C.G.T.
se prêta à des manifestations qui eurent lieu
à Paris et à Londres, en vue de rapprocher les
prolétaires des deux pays ;
- Qu’en 1906, la C.G.T., au lendemain de Tanger, a
cherché à établir avec le prolétariat
allemand une communauté d’action afin de
créer une opposition à une guerre
franco-allemande au sujet du Maroc ;
- Qu’en 1911, la C.G.T. s’est rendue à
Berlin, sur appel des organisations ouvrières
allemandes, dans l’unique but de travailler à
une collaboration pacifique des deux peuples dans
l’œuvre du progrès humain ;
- Que dans ces diverses occasions, comme au cours de sa
propagande, elle n’a eu comme préoccupation que
de former dans l’esprit public une atmosphère de
paix ;
- Que, dans l’intérieur du pays comme à
l’extérieur, elle a toujours tendu à
affaiblir la force du militarisme de conquête,
instrument guerrier considéré par
l’Internationale comme l’ennemi de tout
mouvement ouvrier ;
- Qu’ainsi elle a participé pour une large part
à la formation d’une opinion nationale hostile
à toute provocation et à toute guerre ;
- Qu’en agissant de la sorte, elle a rendu
impossible toute agression française contre un pays
quel qu’il fut et que, par là, elle
s’inspirait des véritables sentiments
internationalistes, qui considèrent tout peuple comme
une agglomération humaine dont l’action et le
concours sont indispensables à l’œuvre
d’émancipation sociale, base de la
C.G.T. ;
- Que, dans ces conditions, elle a la conviction
d’avoir en tous temps et en tous lieux agi en
conformité des principes constitutifs de
l’Internationale ;
- Que conséquemment, elle est prête, demain,
à affronter le verdict des prolétariats des
autres pays.
Par là, la C.G.T. affirme à la fois son amour
de l’entente entre les peuples et son désir de
voir se rétablir la paix, pour le maintien de laquelle
elle a conscience d’avoir tout fait.
La Conférence désapprouvant toute politique de
conquête, fait appel au prolétariat international
pour que la paix, prix de tant de sacrifices et de tant
d’horreurs, soit le triomphe définitif du droit
sur la force ;
Que ces garanties acceptées pour tous les
pays : « recours à l’arbitrage
obligatoire, suppression de la diplomatie secrète, fin
des armements à outrance », surgisse la
possibilité de la constitution de la
Fédération des Nations, assurant à tous les
peuples le droit de disposer librement
d’eux-mêmes et sauvegardant
l’indépendance de toutes les
nationalités.
La Conférence, dans le but d’affirmer avec
force et efficacité le point de vue précité,
demande instamment à tous les prolétariats
organisés, d’accepter la proposition de
l’American Federation of Labor, pour la tenue
d’un Congrès international, aux mêmes lieu
et date auxquels se tiendrait la Conférence des
diplomates pour la fixation des conditions de la paix.