1939

Première partie de La Bureaucratisation du Monde, 1939.

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Le collectivisme bureaucratique

Bruno Rizzi

 


Préface

Dans cette première partie, nous faisons l'analyse marxiste de la Société soviétique, avec quelques allusions aux régimes fasciste et nazi qui sont en voie de rapide bureaucratisation et qui ont déjà acquis un caractère anti-capitaliste, bien que le Capital n'y soit pas encore radicalement supprimé comme dans l'U.R.S.S.

Les derniers événements politiques éveilleront les esprits même les plus obtus : les dictateurs noirs, bruns et rouges sont en train de reconnaître, peut-être même officiellement, que le caractère social de leur pays est identique.

Le monde est à la veille d'un tournant historique formidable.

Nous croyons que Staline se souviendra d'avoir été révolutionnaire avant d'être dictateur et comprendra les terribles responsabilités qui le lient au prolétariat international. Nous ne jugerons que par les faits et conseillons aux travailleurs de faire de même.

L'Europe et le monde doivent être fascisés ou socialisés. Il n'y a plus possibilité de vie pour le capitalisme. L'U.R.S.S. est devenue le pivot de la politique mondiale et sera le bastion de la révolution prolétarienne ou le guet-apens du prolétariat mondial.

Si elle veut la Révolution, elle transportera le centre révolutionnaire au milieu des masses travailleuses anglo-franco-américaines ; si elle ne le fait pas, elle aidera à la fascisation de l'Europe et du Monde.

La bourgeoisie est une force sociale morte, et, politiquement, elle n'a plus de possibilité d'offensive : elle résiste, mais elle cède jour après jour ! Mandchourie, Chine, Abyssinie, Autriche, Sudètes, Bohême, Espagne, Albanie … et à suivre… représentent déjà une synthèse politique. En réalité les forces en jeu dans la Société actuelle, qui est une , ne s'appellent pas : France, Angleterre, Allemagne, Italie, U.R.S.S., Japon, etc., mais s'appellent : Capitalisme, Collectivisme bureaucratique et Socialisme. Ces mots ne sont pas des mots creux, ou des abstractions sociales, ou des fictions politico-administratives : ils ont leurs bases sociales .

Le Capitalisme s'appuie sur la classe de ceux à qui appartiennent les moyens de production du monde entier. Ceux-ci sont liés ensemble par des relations d'affaires, d'intérêt et par une solidarité politique qui s'est manifestée aussitôt après la Grande Guerre par l'étranglement collectif de la Révolution et a été confirmée par les événements de Munich. Cette Internationale a toujours fonctionné ; elle est, maintenant, en train de créer un bloc capitaliste qui s'oppose à l'envahissement du Collectivisme bureaucratique. Dans ce bloc on cherche à asservir le plus possible les forces prolétariennes pour maintenir les vieux privilèges.

Le Collectivisme bureaucratique, lui aussi, a sa base sociale dans les classes dominantes qui ont établi leur siège dans l'Etat, en Russie, en Italie, en Allemagne, au Japon et dans les Etats plus petits, faibles au point de vue capitaliste et placés sous le rayon d'action des grands Etats totalitaires.

Cette nouvelle forme sociale est dégénérée, mais quand même active, et s'impose toujours plus à un Capitalisme mort en tant que système propulseur et en état de désagrégation physique. Ce bloc a formé, lui aussi, son Internationale, dans l'anti-Komintern, où bientôt l'U.R.S.S. y apparaîtra, pour engloutir par des menaces ou par des actes l'empire du vieux Monde capitaliste.

Le Socialisme a sa base sociale dans les masses travailleuses du monde entier. Il est la vraie force vive de la nouvelle Société qui doit se substituer au Capitalisme, mais il est encore trompé par ses chefs ignorants ou traîtres qui ne lui donnent pas de politique à lui et l'ont placé derrière les dos patriotiques des bourgeois ou des fascistes.

Le Socialisme chante « L'Internationale » mais ne s'applique pas dans les faits comme ses deux concurrents ; en réalité, il représente la viande de boucherie dans la lutte entre ceux-ci. Il est l'objet de leur exploitation : le boeuf, bon et paisible, qui traîne le char et va même à l'abattoir. La leçon de 1914-1918 ne lui a pas suffi. A ce moment-là, les divers impérialismes croyaient résoudre la crise capitaliste par une victoire qui donnait l'hégémonie à quelques-uns d'entre eux, mais, vingt ans plus tard, à Munich, ils ont signé leur défaite en confirmant l'inanité du carnage passé, conduit sous l'étendard de la Paix, de la vraie Civilisation, du Progrès, de la guerre pour tuer la guerre, de la lutte contre les barbares, etc., etc.

Les forces sociales en jeu sont au nombre de trois, trois sont les mouvements politiques, trois les classes qui leurs représentent et justement cette classe, qui a les plus grands droits sociaux et historiques, est asservie en partie par un monde qui meurt, et en partie par un nouveau monde monstrueux qui naît, et naît tellement mal, qu'il fait ressusciter l'esclavage après deux mille ans d'histoire.

Ce n'est pas d'une « Paix indivisible » qu'il s'agit, mais d'une Lutte indivisible. Ce n'est pas sur les bases des Nations que les prolétaires doivent reconnaître leurs amis et leurs ennemis.

Comme Marx l'a dit, c'est dans les classes, c'est dans la dialectique et la lutte de classe que le Socialisme doit puiser sa politique, même dans cette période du Capitalisme pourrissant. Travailleurs, pensez-y.

Prochainement, nous publierons la deuxième partie de « La Bureaucratisation du Monde » qui traitera de l'Etat totalitaire et du Fascisme en particulier (analyse du capitalisme pourrrissant0.

Les guerres sont toujours faites pour les classes dominantes. La seule guerre des travailleurs, c'est la Révolution.

Les travailleurs doivent lutter contre le Capitalisme et contre le Fascisme, se dégager de leur étreinte ; doivent avoir une politique à eux : indépendante. En nous flattant de l'avoir trouvée, nous ne demandons que d'être réfutés, corrigés ou bien aidés par tous les camarades, par tous les travailleurs, par tous les hommes qui veulent vivre dans l'honneur, la liberté et désirent épargner au monde l'insulte d'un nouvel esclavage.

L'auteur.

Paris, le 15 juillet 1939.


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