1921 |
1921 : le congrès de la stabilisation. Du fonctionnement des jeunes partis communistes, celles d'une orientation apte à les lancer "à la conquête des masses". |
III° Congrès - juin 1921
Thèses et résolution sur l'action des communistes dans les coopératives
1.
A l'époque de la révolution prolétarienne les
coopératives révolutionnaires doivent se proposer deux
buts :
1° Aider les travailleurs dans leur lutte pour la conquête du pouvoir politique.
2° Là où ce pouvoir est déjà conquis, aider les travailleurs à
organiser la société socialiste.
2. Les anciennes coopératives marchaient dans la voie du réformisme et évitaient de toute façon la lutte révolutionnaire sous toutes ses formes. Elles prêchaient l'idée d'une entrée graduelle dans le « socialisme » sans passer par la dictature du prolétariat.
Les anciennes coopératives prêchent la neutralité politique, alors qu'en réalité elles cachent sous cette enseigne leur subordination à la politique de la bourgeoisie impérialiste.
Leur internationalisme n'existe qu'en paroles. En réalité, elles substituent à la solidarité internationale des travailleurs, la collaboration de la classe ouvrière avec la bourgeoisie de chaque pays.
Par toute cette politique, les anciennes coopératives, loin de concourir au développement de la révolution, l'entravent et, loin d'aider le prolétariat dans sa lutte, le gênent.
3. Les diverses formes de coopératives ne peuvent à aucun degré servir les buts révolutionnaires du prolétariat. Les plus convenables pour cela sont les coopératives de consommation. Mais même parmi ces dernières, il en est beaucoup qui groupent des éléments bourgeois. Ces coopératives ne seront jamais du coté du prolétariat dans sa lutte révolutionnaire. Seule la coopération ouvrière dans les villes et dans les campagnes peut avoir ce caractère.
4.
La tâche des communistes dans le mouvement coopératif
consiste en ce qui suit :
1° Propager les idées communistes.
2° Faire de la coopération un instrument de lutte de classe pour la révolution, sans
détacher les diverses coopératives de leur groupement
central.
Dans toutes les coopératives, les communistes doivent être organisés en fractions constituées, se proposant de former dans chaque pays un centre de la coopération communiste.
Ces groupements et leur centre doivent avoir une liaison étroite avec le parti communiste et ses représentants dans la coopération. Le centre doit également élaborer les principes de la tactique communiste dans le mouvement coopératif national, diriger et organiser ce mouvement.
5.
Les buts pratiques que doit actuellement se proposer la coopération
révolutionnaire d'Occident apparaîtront entièrement
au cours du travail. Mais dès maintenant on peut indiquer
certains d'entre eux :
1° Propager, par l'écrit
et par la parole, les idées communistes, mener campagne pour
affranchir les coopératives de la direction et de l'influence
de la bourgeoisie et des opportunistes.
2° Rapprocher
les coopératives des partis communistes, des syndicats
révolutionnaires. Faire participer les coopératives,
directement et indirectement, à la lutte politique, en prenant
part aux démonstrations et aux campagnes politiques du
prolétariat. Soutenir matériellement les partis
communistes et leur presse. Soutenir matériellement les
ouvriers en grève ou victimes de lock-out.
3° Combattre la politique
impérialiste de la bourgeoisie, et en particulier
l'intervention dans les affaires de la Russie soviétique et
des autres pays.
4° Créer
des relations non seulement de pensée, d'organisation, mais
encore d'affaires, entre les coopératives ouvrières des
différents pays.
5° Réclamer la conclusion
immédiate de traités de commerce et l'engagement de
relations commerciales avec la Russie et les autres républiques
soviétiques.
6° Participer le plus largement
possible aux échanges commerciaux avec ces républiques.
7° Participer à
l'exploitation des richesses naturelles des républiques
soviétiques en se chargeant de concessions sur leur
territoire.
6. Après le triomphe de la révolution prolétarienne, les coopératives doivent prendre leur plein développement.
Déjà l'exemple de la
Russie soviétique permet d'esquisser certains traits
caractéristiques :
1° Les
coopératives de consommation devront se charger de la
répartition des produits d'après les plans du
gouvernement prolétarien. Cette fonction donnera aux
coopératives un essor inouï jusqu'à ce jour.
2° Les coopératives
doivent servir de lien organique entre les exploitations isolées
des petits producteurs (paysans et artisans) et les services
économiques de l'Etat prolétarien. Ces derniers, par
l'intermédiaire des coopératives, dirigeront le travail
de ces petites exploitations conformément à un plan
d'ensemble. En particulier, les coopératives de consommation
recueilleront les denrées alimentaires et les matières
premières des petits producteurs pour les remettre aux
consommateurs et à l'Etat.
3° Les coopératives de
production peuvent grouper les petits producteurs dans des ateliers
ou grandes exploitations communes permettant l'application des
machines et des procédés techniques perfectionnés.
Elles donneront ainsi à la petite production la base technique
qui permettra d'édifier sur ce fondement la production
socialiste et qui permettra aux petits producteurs de se débarrasser
de leur mentalité individualiste pour développer en eux
l'esprit collectiviste.
7. Prenant en considération le rôle immense que les coopératives révolutionnaires doivent jouer pendant la révolution prolétarienne, le troisième Congrès de l'Internationale Communiste rappelle aux partis, groupes et organisations communistes qu'ils doivent continuer de travailler énergiquement à propager l'idée de la coopération, des groupements de coopératives en un instrument de la lutte de classe, et à former un front unique des coopératives avec les syndicats révolutionnaires.
Le Congrès charge le Comité Exécutif de l'Internationale de former une section coopérative chargée de mettre en pratique le programme ci-dessus indiqué. En outre cette section devra dans la mesure des besoins convoquer des conférences et des congrès pour réaliser dans l'Internationale la mission révolutionnaire des coopératives.
Le 3° Congrès de l'Internationale charge le Comité Exécutif de créer une section coopérative qui devra préparer selon les besoins la convocation de consultations, conférences et congrès coopératifs internationaux, pour réaliser dans l'Internationale les buts déterminés dans les thèses.
La section devra, en outre, se proposer les buts pratiques suivants :
1. Renforcer l'activité coopérative des travailleurs des campagnes et de l'industrie en constituant des coopératives d'artisans demi-prolétaires, en amenant les travailleurs à rechercher la direction et l'amélioration en commun de leur exploitation.
2. Mener la lutte pour la remise aux coopératives de la répartition des vivres et des objets de consommation dans tout l'Etat.
3. Mener la propagande pour les principes et les méthodes de la coopération révolutionnaire et diriger l'activité de la coopération prolétarienne vers l'appui matériel de la classe ouvrière combattante.
4. Favoriser l'établissement de rapports commerciaux et financiers internationaux entre coopératives ouvrières et organiser leur production commune.