A propos des « 25 thèses sur "La révolution mondiale" » d'E. Mandel

Stéphane Just

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Le camarade Ernest Mandel a écrit 25 Thèses, qu'il a intitulées La Révolution mondiale. Elles ont été publiées dans le numéro de juillet 1976. Projet ambitieux. difficile, mais que le développement de la lutte des classes à l'échelle mondiale justifie. Une nouvelle période de la révolution mondiale s'est ouverte en 1968. C'est au moins l'opinion de l'OCI. Quant au camarade Ernest Mandel, il estime que se développe pleinement dans la péninsule ibérique la nouvelle montée du prolétariat qui mûrissait depuis 1968, et qu'elle s'étendra au moins à l'Italie et à la France (début de la Thèse 9). Les marxistes ‑ c'est‑à‑dire les trotskystes, ceux qui, en référence à la fondation de la IV° Internationale en 1938, combattent sur son programme pour construire dans chaque pays un parti révolutionnaire, et mondialement pour la IV° Internationale ‑ savent que sans théorie il ne peut exister de partis révolutionnaires. Le marxisme est l'expression consciente du processus inconscient, disait Trotsky. Mais la théorie et le programme sont l'expression consciente du processus objectif, et non le produit de spéculations ou l'expression d'un quelconque volontarisme. La conscience, donc le programme, le parti agissant et combattant, ou l'organisation qui le construit deviennent à un certain point du processus historique de la lutte de classe du prolétariat, de la révolution prolétarienne, le facteur déterminant de ce processus.

C'est sans doute ce que veut signifier Ernest Mandel lorsqu'il écrit :

« La nature fondamentale de la révolution socialiste mondiale réside dans son caractère prolétarien et conscient, la première propriété étant la précondition objective de la seconde, la seconde étant l'expression subjective de la première, La révolution socialiste et la construction du socialisme constituent le premier stade de l'histoire mondiale qui ne peut être atteint par la seule action des forces objectives. » (Début de la Thèse 1.)

Il est non seulement légitime mais indispensable de procéder à une analyse rigoureuse de la période actuelle, des grandes lignes de son développement. de vérifier l'actualité du programme de fondation, L'agonie du capitalisme et les tâches de la IV° lnternationale, qui définit la méthode, la stratégie et tes tâches fondamentales de la IV° Internationale. A partir de là seulement peuvent être élaborées une ligne politique d'ensemble et ses applications concrètes.

Pour sa part, l'OCI a élaboré des éléments de thèses, que son 17° Congrès a adoptées, sur la nouvelle période de la révolution mondiale qui s'est ouverte en 1968 la caractérisant comme celle de « l'imminence de la révolution ». A son 20° Congrès, elle a discuté et voté un texte qui analyse le moment du développement de la lutte des classes marquée par la défaite de l'impérialisme américain au Vietnam, l'échec de la Sainte‑Alliance contre‑révolutionnaire, la victoire de la révolution mondiale que constitue la dislocation des accords de Paris par l'effondrement du gouvernement et de l'État compradore de Thieu ; l'éclatement de la révolution portugaise ; les crises politiques des bourgeoisies européennes et des bureaucraties parasitaires où domine la bureaucratie du Kremlin ; la marche à la crise économique, à la dislocation du marché mondial. Evidemment, ces textes incluent les perspectives de l'OCI quant à la reconstruction de la IV° Internationale, et les tâches qu'elle se fixe en vue de cette reconstruction.

Le Comité d'organisation pour la reconstruction de la IV° Internationale, auquel l'OCI participe, s'est adressé à plusieurs reprises au SU de la IV° Internationale : il lui a proposé d'engager une discussion portant sur tous les problèmes qui confrontent les organisations se réclamant de la IV° Internationale, de son programme, organisations dont l'origine remonte à la fondation en 1938 de la IV° Internationale. Les divergences qui font que, depuis 25 ans, une profonde scission divise ces organisations n'ont rien à voir avec des questions de personnes. Elles sont profondes et graves. Il ne s'agit pas de les taire, mais de les discuter.

Bien entendu, cette discussion ne saurait être « historique ». Il faut discuter de ces divergences en leurs formes actuelles, telles que la situation actuelle les concrétise. Les organisations qui se réclament de la IV° Internationale et de son programme, dont l'origine remonte à la fondation de la IV° Internationale en 1938, portent une lourde responsabilité : alors que se développe une nouvelle période de la révolution mondiale, alors que la construction de partis révolutionnaires dans chaque pays et ;a transformation de la IV° Internationale en une organisation résolvant la question de la direction révolutionnaire sont les conditions de !a victoire de la révolution prolétarienne, vont-elles, le Comité d'organisation et le SU notamment, tout mettre en œuvre pour aboutir à former une seule organisation internationale, unifiée, dont les origines remontent à 1938, et s'affirmer IV° Internationale ? C'est la démarche du Comité d'organisation et de l'OCI. Les premiers pas sur cette voie exigent évidemment de discuter sur le fond, loyalement et clairement, des problèmes en cause, de telle sorte que le révisionnisme ne puisse exercer ses effets destructeurs au sein d'une semblable organisation. C'est une des exigences du combat pour la reconstruction de la IV° Internationale, estiment le Comité d'organisation et l'OCI.

Une des premières contributions à la discussion sera ce texte qui se propose d'analyser et de discuter les 25 Thèses que le camarade Ernest Mandel a écrites sous le titre de La Révolution mondiale.