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Source : International Socialist Review, janvier 1916. Traduit de l’anglais par nos soins. |
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Janvier 1916
Depuis que la Conférence des socialistes internationalistes a eu lieu à Zimmerwald , les socialistes d’esprit patriotique tentent de démontrer que les internationalistes révolutionnaires ne veulent rien d'autre que détruire le travail des socialistes de ces cinquante dernières années, qu’ils veulent une scission du mouvement ouvrier.
Que les bureaucrates des partis des pays belligérants, après avoir proclamé "la paix civile" avec leurs gouvernements de classe et approuvé la guerre, désapprouvent les buts de la Conférence de Zimmerwald, c'est tout à fait compréhensibles et logique. Mais il apparaît que le poison du nationalisme et de l'opportunisme a corrompu jusqu'aux bureaucrates des pays neutres. Les cadres des partis socialistes du Danemark, de Suisse et de Hollande non seulement désapprouvent la Conférence de Zimmerwald, mais signalent que leur parti n'a jamais "rêvé" d'envoyer des délégués officiels à une conférence qui croit en nécessité d'une forte conscience de classe internationale, qui rejette la politique de "paix civile" et condamne l'alliance avec les gouvernements capitalistes poursuivant une guerre impérialiste.
En reniant la Conférence de Zimmerwald et son objectif, les bureaucrates des partis européens renient les principes mêmes du mouvement socialiste, du marxisme scientifique, ils renient les fondements sur lesquels les deux Internationales furent bâties: la solidarité internationale et la lutte des classes révolutionnaire.
Les socialistes réunis à Zimmerwald n'avaient aucune intention de "scissionner" le mouvement ou d'y nuire. Leur but était et reste tout à fait opposé: en travaillant pour la paix, en se battant contre la guerre, en appelant les prolétaires de tous les pays à s'unir sur le vieux champ de bataille de la lutte des classes, ils veulent faire revivre l'Internationale, revivifier plus que jamais la solidarité de classe internationale.
Les sociaux-patriotes, les bureaucrates des différents partis, les opportunistes qui pleurent contre les internationalistes révolutionnaires et affirment qu'ils nuisent au mouvement en y apportant la discorde et la désunion, semblent oublier que "la scission" de la Seconde Internationale est un fait, une réalité brutale qu'on doit bien reconnaître.
Cette scission a été causée par la guerre, la ligne de partage n'en a pas été tracée par les rebelles internationalistes, mais par d'habiles diplomates gouvernementaux. D'un côté nous avons le cartel des socialistes patriotiques qui approuvent les alliés, et de l'autre, ceux qui suivent les empires centraux. Chaque camp assure le prolétariat - Scheidemann et David en Allemagne, Plekhanov et Alechinsky en Russie, Guesde et Vandervelde en Belgique et en France - que la victoire de leur propre gouvernement impérialiste mettra un terme à l'autocratie et au militarisme, établira la liberté et la démocratie en Europe, aidera à la victoire du socialisme! Le chemin de la lutte des classes devient celui de la "paix civile," résultat logique des tendances opportunistes dans le mouvement européen de ces dix ou quinze dernières années, une voie déclarée comme la plus sage des tactiques socialistes. En ce moment, les bureaucrates des partis en Allemagne, France, Autriche, Belgique et les sociaux-patriotes dans les autres pays s'accusent les uns les autres d'approuver leurs gouvernements respectifs, mais on peut facilement deviner que quand cette guerre sera finie, les sociaux-patriotes des pays belligérants se pardonneront, que Vandervelde réhabilitera Scheidemann, que Plekhanov accordera son pardon aux sociaux-patriotes allemands et que les Allemands oublieront les fautes des Anglais "déloyaux".... N'ont-ils pas tous commis le même crime ? N'ont-ils pas trahi en tous points leur classe et les principes de l'internationalisme ?
Cette amnistie générale aiderait les bureaucrates des partis à ramener à la vie la vieille Internationale basée sur le nationalisme et l'opportunisme. Et sitôt qu'une nouvelle guerre impérialiste débuterait, ce serait la même rengaine, la scission, la crise du mouvement prolétarien international qui recommencerait.
... Est-ce cela que le prolétariat désire ? Est-ce la leçon que les socialistes tirent de la souffrance et des tortures de cette guerre terrible ?....
La guerre a fait beaucoup de mal, mais cette guerre peut représenter un pas en avant dans le mouvement prolétarien si on tire la bonne leçon des événements actuels. Cette guerre a clairement mis le prolétariat mondial en face de la question suivante : choisir lors du déclenchement d'une guerre impérialiste (et à ce stade du développement capitaliste, ne peut-il pas y avoir une autre guerre?) entre la défense de la patrie capitaliste-impérialiste ou la défense de leurs propres intérêts de classe et la solidarité internationale du prolétariat mondial ?
Les camarades qui se sont réunis à Zimmerwald ont estimé nécessaire de ne laisser aucun malentendu sur ce point. Le mouvement prolétarien ne peut réaliser son objectif final - la conquête des moyens de production et l'établissement de la dictature du prolétariat - que par une lutte des classes internationale . Le nationalisme et l'internationalisme sont des principes opposés l'un à l'autre. Vous ne pouvez pas être à la fois un "bon monarchiste" et un bon républicain, de même que vous ne pouvez pas être à la fois un internationaliste et un nationaliste. Les prolétaires doivent faire le choix.
Mais cette guerre nous a appris que la politique nationaliste, approuvée par les sociaux-patriotes, est un échec. Une nouvelle ligne doit être tracée.
La conférence de Zimmerwald posé la première pierre pour tracer cette ligne; c'était la première tentative de reconstruire l'Internationale sur les bases saines de l'anti-militarisme (aucun vote pour des crédits de guerre), l'internationalisme (au lieu d'une représentation physique formelle des partis nationaux au Bureau Socialiste International) et l'action révolutionnaire de masse (au lieu d'un "pur et simple" parlementarisme).
Les camarades mobilisés derrière la conférence de Zimmerwald ne travaillent pas en vue d'une scission du mouvement socialiste, mais ils veulent préparer les bases pour une conscience de classe internationale qui sera assez forte pour battre la politique impérialiste des états capitalistes, ce qui serait d’ors et déjà une tâche "préparatoire" à la bataille révolutionnaire finale.
Les internationalistes ne veulent pas casser les organisations du prolétariat, ils décident tout simplement de dépenser leur force et leur énergie à gagner les masses aux principes de la Troisième Internationale. Ils espèrent que lorsque le prochain Congrès International aura lieu le prolétariat sera assez fort et éclairé pour demander aux bureaucrates sociaux-patriotes de tous les pays : qu'avez-vous fait de notre confiance ? Assumez-vous la responsabilité de vos actes déloyaux ?
Les internationalistes espèrent que dans la nouvelle Internationale il n'y aura pas de place pour les opportunistes et les patriotes, qui au moment décisif abandonnent le mouvement de classe et défendent les intérêts de leurs capitalistes nationaux.
Maintenant, quand l’approbation de la conférence de Zimmerwald est soumise à discussion dans le parti américain, c’est aux prolétaires américains de décider où ils doivent militer. S'accrocheront-ils aux nationalistes et aux tendances opportunistes de la Seconde Internationale ou aideront-ils à reconstruire le mouvement du prolétariat sur les saines bases de l'esprit de rébellion et sur la solidarité de classe internationale ?
Les camarades américains doivent s’en rappeler : les socialistes internationalistes ne travaillent pas pour une scission, ils travaillent pour amener le mouvement entier sur une ligne d’action de classe et de conscience de classe, pour nettoyer la Troisième Internationale de tous les éléments qui soutiennent le militarisme et le nationalisme et croient en la "paix civile". Alors, mais alors seulement, appelons le prolétariat mondial à condamner la politique impérialiste de la classe capitaliste et à réaliser le but final du mouvement, la révolution sociale.
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