1901 |
Des précisions sur la nature de l'économisme. |
Entretien avec les défenseurs de l'économisme
6 décembre 1901
Nous donnons in extenso le document qui nous a été envoyé par un de nos représentants :
« Lettre aux organes social-démocrates russes.
En réponse à la proposition de nos camarades d'exil de nous prononcer au sujet de l'Iskra, nous avons décidé de faire connaître les causes de notre désaccord avec cet organe.
Tout en jugeant parfaitement opportune la création d'un organe social-démocrate particulier, spécialement consacré aux problèmes de la lutte politique, nous ne pensons pas que l'Iskra, qui a assumé cette tâche, s'en soit acquittée de façon satisfaisante. Son défaut essentiel, inscrit en traits de lumière dans chacune de ses colonnes et d'où dérivent tous ses autres défauts grands et petits, est que l'Iskra réserve une très large place aux idéologues du mouvement, à l'influence qu'ils peuvent avoir sur son orientation dans tel ou tel sens. En même temps, l'Iskra tient peu de compte des éléments matériels du mouvement et du milieu matériel qui, par leurs actions et réactions, décident du type du mouvement ouvrier et tracent sa voie, dont aucun idéologue ne saurait le détourner, fût-il inspiré des meilleures théories et des meilleurs programmes.
Ce défaut de l’Iskra saute manifestement aux yeux, si on le compare au Ioujny Rabotchi[1], qui, tout en levant, comme elle, l'étendard de la lutte politique, relie celle-ci à la phase précédente du mouvement ouvrier de la Russie méridionale. Cette façon de poser la question est absolument étrangère à l'Iskra. Elle qui prétend faire « de l'étincelle un grand incendie », elle oublie qu'il faut pour cela des matières inflammables appropriées et des conditions extérieures favorables. En repoussant avec horreur les « économistes », l'Iskra perd de vue que leur activité a préparé la participation des ouvriers aux événements de février et de mars, participation dont elle s'efforce de souligner l'importance et que, selon toute apparence, elle exagère notablement. Critiquant l'activité des social-démocrates des dernières années du XIXe siècle, l’Iskra ne tient pas compte de l'absence à cette époque de conditions pour un travail autre que la lutte en faveur des menues revendications, et de l'immense importance éducative qu'avait cette lutte. Il est absolument inexact et antihistorique de définir cette période et cette orientation donnée à l'activité des social-démocrates russes comme le fait l'Iskra, qui identifie leur tactique à celle de Zoubatov, sans saisir la différence entre « la lutte pour les menues revendications » qui élargit et approfondit le mouvement ouvrier, et les « petites concessions », qui ont pour but de paralyser toute lutte et tout mouvement.
Toute imprégnée de cette intolérance sectaire, si caractéristique des idéologues de la période infantile des mouvements sociaux, l’Iskra est prêt à flétrir tout désaccord avec elle non seulement comme un reniement des principes social-démocrates, mais comme un passage dans le camp ennemi. Ainsi, sa très indécente sortie, qu'il faut condamner de la façon la plus sévère et la plus impitoyable, contre la Rabotchaïa Mysl à laquelle elle a dédié un article sur Zoubatov et à l'influence de laquelle elle a attribué les succès de ce dernier parmi une certaine partie des ouvriers. En désapprouvant les autres organisations social-démocrates ayant une autre idée qu'elle de la marche et des objectifs du mouvement ouvrier russe, l’Iskra, dans le feu de la polémique, oublie parfois la vérité et, chicanant sur telle ou telle expression réellement malheureuse, attribue à ses adversaires des points de vue qui ne sont pas les leurs, souligne des divergences souvent infimes et se tait obstinément sur de nombreuses affinités d'idées : nous voulons parler de l'attitude de l’Iskra envers le Rabotchéié Diélo.
Cette propension excessive de l’Iskra à la polémique dérive avant tout de ce qu'elle surestime le rôle de l’« idéologie » (programmes, théories...) dans le mouvement, mais c'est aussi un écho des querelles intestines qui divisent en Occident les émigrés russes et dont ils se sont empressés de répandre la nouvelle par le monde dans une série de brochures et d'articles de polémique. Selon nous, toutes ces divergences n'ont pour ainsi dire aucune influence sur la marche effective du mouvement social-démocrate en Russie ; elles ne peuvent que lui nuire, en provoquant une scission indésirable entre les camarades militant en Russie, et c'est pourquoi nous ne pouvons pas ne pas désapprouver l'ardeur polémique de l’Iskra, surtout quand elle sort des limites permises par les convenances.
Ce même défaut essentiel de l'Iskra est la cause de son inconséquence dans la question des rapports de la social-démocratie avec les diverses classes et tendances sociales. Ayant décidé, au moyen de calculs théoriques, le problème du déclenchement immédiat de la lutte contre l'absolutisme et sentant, probablement, toute la difficulté de cette tâche pour les ouvriers dans l'état actuel des choses, mais n'ayant pas la patience d'attendre l'accumulation des forces nécessaires en vue de cette lutte, l'Iskra se met à chercher des alliés dans les rangs de libéraux et des intellectuels et, dans ses recherches, abandonne assez souvent le point de vue de classe, estompe les antagonismes de classe et porte au premier plan la communauté de mécontentement contre le gouvernement, quoique les causes et le degré de ce mécontentement soient très différents chez les « alliés ». Tels sont, par exemple, les rapports de l'Iskra avec les zemstvos. De leurs sorties frondeuses, provoquées d'ordinaire parce que le gouvernement protège relativement moins les convoitises agraires des membres des zemstvos que ceux des industriels, l’Iskra s'efforce de tirer la flamme d'une lutte politique, elle promet aux nobles mécontents des aumônes gouvernementales l'appui de la classe ouvrière, sans souffler mot de l'antagonisme de classe qui sépare ces deux catégories de la population. Nous pouvons admettre qu'on parle du réveil des zemstvos et qu'on les considère comme un élément en lutte contre le gouvernement, mais seulement sous une forme claire et précise ne laissant aucun doute sur le caractère de notre entente éventuelle avec de tels éléments. Mais l'Iskra pose la question des rapports avec les zemstvos d'une façon qui ne peut, à notre avis, qu'obscurcir la conscience de classe, car ici, à l'égal des prédicateurs du libéralisme et des différentes initiatives culturelles, elle oppose un contrepoids à la tâche essentielle de la littérature social-démocrate, qui consiste à critiquer le régime bourgeois et à faire ressortir les intérêts des classes et non à dissimuler leur antagonisme. Telle est également l'attitude de l'Iskra envers le mouvement des étudiants. Cependant, dans d'autres articles, l’Iskra condamne sévèrement tout « compromis » et prend la défense, par exemple, du comportement intolérable des guesdistes.
Sans nous arrêter à d'autres défauts ou erreurs moins graves de l’Iskra, nous estimons, pour conclure, de notre devoir de noter que, par notre critique, nous ne voulons nullement diminuer l'importance que peut avoir l’Iskra. Nous ne fermons pas les yeux sur ses qualités. Nous l'accueillons comme un journal politique social- démocrate en Russie. Nous estimons qu'elle a rendu un immense service en éclairant avec bonheur, dans une série d'articles, la question du terrorisme. Enfin, nous ne pouvons pas ne pas faire remarquer la tenue littéraire impeccable de l’Iskra, si rare dans les publications illégales, la régularité de sa parution et l'abondance des matériaux tout frais et intéressants qu'elle offre.
Septembre 1901
Des « camarades »
Avant toute chose, nous dirons de cette lettre que nous félicitons de tout cœur ses auteurs de leur droiture et de leur franchise. Il est grand temps de cesser de jouer à cache-cache, en dissimulant son « credo » économique (comme le fait une partie du comité d'Odessa, dont se sont séparés les « politiques ») ou en déclarant, comme pour se moquer de la vérité, qu'actuellement « il n'est pas une seule organisation social-démocrate qui soit coupable d'économisme » (brochure Deux congrès, éditée par le Rabotchéié Diélo, p. 32). Et maintenant, au fait.
La faute essentielle des auteurs de la lettre est exactement la même que celle du Rabotchéié Diélo (voir surtout le n° 10). Ils s'embrouillent dans la question des rapports entre les éléments « matériels » (spontanés, comme s'exprime le Rabotchéié Diélo) du mouvement et les éléments idéologiques (conscients, agissant « d'après un plan »). Ils ne comprennent pas qu'un « idéologue » n'est digne de ce nom que s'il marche en avant du mouvement spontané, auquel il indique le chemin, s'il sait avant les autres résoudre toutes les questions de théorie, de politique, de tactique et d'organisation auxquelles se heurtent fatalement les « éléments matériels » du mouvement. Pour réellement « tenir compte des éléments matériels du mouvement », il faut les aborder dans un sens critique, il faut savoir signaler les dangers et les défauts du mouvement spontané, il faut savoir élever la spontanéité jusqu'à la conscience. Mais affirmer que les idéologues (c'est-à-dire les dirigeants conscients) ne peuvent détourner le mouvement de la voie déterminée par l'interaction du milieu et des éléments, c'est oublier cette vérité première que la conscience participe à cette interaction et à cette détermination. Les syndicats ouvriers catholiques et monarchistes d'Europe sont aussi le résultat inévitable de l'interaction du milieu et des éléments, mais c'est la conscience des popes et des Zoubatov qui y participe, et non pas celle des socialistes. Les vues théoriques des auteurs de la lettre (comme celles du Rabotchéié Diélo) ne sont pas du marxisme, c'est la parodie de marxisme qu'affichent tellement nos « critiques » et nos bernsteiniens, incapables de trouver le joint entre l'évolution spontanée et l'activité révolutionnaire consciente.
Cette profonde erreur théorique entraîne nécessairement, dans le moment que nous traversons, une immense faute de tactique, qui a déjà causé et cause encore un mal incalculable à la social-démocratie russe. Car la poussée spontanée des masses ouvrières et aussi (grâce à leur influence) des autres couches sociales s'effectue ces dernières années avec une étonnante rapidité. Les « éléments matériels » du mouvement ont grandi démesurément, même en comparaison de 1898[2], mais les guides éclairés (les social-démocrates) se laissent gagner de vitesse. C'est là la cause essentielle de la crise que traverse la social-démocratie russe. Le mouvement (spontané) des masses manque d'« idéologues » assez bien préparés théoriquement pour être à l'abri de tout flottement, il manque de guides possédant un horizon politique assez large, assez d'énergie révolutionnaire et de talent d'organisation, pour fonder à partir du mouvement nouveau un parti politique de combat.
Mais tout cela ne serait encore que demi-mal. Les connaissances théoriques, l'expérience politique, l'habileté d'organisateur, autant de choses qui peuvent s'acquérir. Pour peu qu'il y ait le désir d'apprendre et de développer en soi les qualités requises. Or, depuis la fin de 1897 et surtout depuis l'automne de 1898, on a vu dans la social-démocratie russe des gens et des organes relever la tête qui non seulement fermaient les yeux sur ce défaut, mais même en ont fait une vertu, ont érigé en théorie l'idolâtrie et le culte de la spontanéité, qui ont commencé à prêcher que les social-démocrates ne doivent pas marcher en tête, mais se traîner à la remorque du mouvement. (A ces organes n'appartenaient pas seulement la Rabotchaïa Mysl, mais aussi le Rabotchéié Diélo, qui a commencé par la « théorie des stades » et a fini par l'apologie de principe de la spontanéité, du mouvement « se suffisant à lui-même dans son état actuel », de la « tactique-procès », etc.)
Et cela a été là un véritable malheur. Il s'est formé une tendance Particulière qu'on est convenu d'appeler l'économisme (au sens large du mot) et dont le trait essentiel est de ne pas comprendre et même de détendre le têtard, c'est-à-dire, comme nous l'avons déjà expliqué, le retard des dirigeants conscients sur la poussée spontanée des masses. Cette tendance est caractérisée : du point de vue des principes, par son avilissement du marxisme et son impuissance devant la « critique » contemporaine, cette variété moderne de l'opportunisme ; du point de vue politique, par sa tendance à restreindre ou à rabaisser l'agitation politique et la lutte politique, sans comprendre que, tant qu'elle ne prendra pas en main la direction de tout le mouvement démocratique, la social-démocratie ne pourra pas renverser l'autocratie ; du point de vue tactique, par une parfaite instabilité (ce printemps, le Rabotchéié Diélo s'arrêtait, troublé, devant la question « nouvelle » de la terreur, et ce n'est qu'au bout de six mois de flottement qu'il s'est prononcé contre elle dans une résolution des plus ambiguës, se traînant comme toujours à la remorque du mouvement) ; du point de vue de l'organisation, par son refus de comprendre que le caractère de masse du mouvement non seulement ne nous dispense pas, mais au contraire nous fait un devoir plus strict de créer une organisation révolutionnaire forte et centralisée, capable de diriger à la fois la préparation à la lutte et toutes les explosions inattendues, et enfin, l'assaut final.
A cette tendance nous avons toujours fait et continuerons à faire une guerre sans merci. Or, les auteurs de la lettre, visiblement, lui appartiennent eux-mêmes. Ils nous disent que la lutte économique a préparé la participation des ouvriers aux manifestations. En effet, et les premiers et plus profondément que tous les autres, nous avons apprécié cette préparation, quand nous nous sommes prononcés, déjà au mois de décembre 1900 (n° 1), contre la théorie des stades ; quand, au mois de février (n° 2), aussitôt après l'incorporation forcée des étudiants à l'armée et avant le début des manifestations, nous avons appelé les ouvriers à venir en aide aux étudiants. Les événements de février et mars, loin de « démentir les craintes et les appréhensions » de l'Iskra (comme le pense (Rabotchéié Diélo, n° 10, p. 53) Martynov, qui manifeste là une incompréhension totale de la question), les ont confirmées en tous points, car les guides se sont trouvés à la remorque de l'élan spontané des masses, ne se sont pas trouvés préparés à remplir leurs obligations de dirigeants. Cette préparation est encore aujourd'hui très imparfaite, et c'est pourquoi toute allusion à une « exagération du rôle de l'idéologie » ou du rôle de l'élément conscient par rapport à l'élément spontané, etc., continue à exercer la plus pernicieuse influence sur le travail pratique de notre Parti.
Non moins funeste est l'influence des propos selon lesquels il faudrait, au nom d'un prétendu point de vue de classe, moins souligner la communauté du mécontentement des diverses couches de la population contre le gouvernement. Nous sommes fiers, au contraire, que l'Iskra suscite le mécontentement politique dans toutes les couches de la population et nous regrettons seulement qu'il ne nous soit pas possible de le faire sur une plus grande échelle. Il n'est pas vrai que par là nous estompions le point de vue de classe : les auteurs de la lettre n'en ont pas indiqué et n'en peuvent pas indiquer un seul exemple concret. Mais la social-démocratie, en tant que combattant d'avant-garde de la démocratie, doit — à l'encontre de l'opinion du Rabotchéié Diélo, n° 10, p. 41 — diriger le travail actif des diverses couches d'opposition, leur expliquer la signification politique générale de leurs conflits privés ou professionnels avec le gouvernement, les amener à soutenir le parti révolutionnaire ; elle doit former en son sein des chefs capables d'influencer politiquement toutes les couches d'opposition. Chaque refus de jouer ce rôle, de quelques phrases grandiloquentes qu'il s'enveloppe sur la liaison organique étroite avec la lutte prolétarienne, etc., revient à une nouvelle « défense du retard » des social-démocrates, retard sur la montée du mouvement démocratique général ; il revient à remettre le rôle dirigeant à la démocratie bourgeoise. Que les auteurs de la lettre se demandent plutôt pourquoi les événements du printemps ont provoqué une si grande animation dans les tendances révolutionnaires non social-démocrates, au lieu de renforcer l'autorité et le prestige de la social-démocratie !
Nous ne pouvons pas ne pas nous élever aussi contre la stupéfiante myopie dont font preuve les auteurs de la lettre au sujet de la polémique et des disputes intestines entre les émigrants. Ils répètent les vieilles sottises sur l'« inconvenance » de dédier un article sur Zoubatov à la Rabotchaïa Mysl. Voudraient-ils nier que la diffusion de l'économisme facilite la tâche des Zoubatov ? C'est là tout ce que nous disons, sans « identifier » le moins du monde la tactique des économistes et celle de Zoubatov. En ce qui concerne les « émigrants » (si les auteurs de la lettre n'étaient pas si impardonnablement indifférents à la continuité des idées dans la social-démocratie russe, ils sauraient que les avertissements des « émigrants » justement du groupe « Libération du Travail[3] », au sujet de l'économisme, se sont vérifiés de la manière la plus brillante !), écoutez ce que disait Lassalle, militant en 1852 parmi les ouvriers du Rhin, des discussions entre émigrants à Londres :
« Il est peu probable, écrivait-il à Marx, que la police s'oppose à l'édition de ton travail contre « les grands hommes » Kinkel, Ruge et autres... Le gouvernement, je suppose, est même heureux de l'apparition de tels ouvrages, car il pense que « les révolutionnaires se dévoreront à belles dents les uns les autres ». Que la lutte de parti donne des forces et de la vitalité au parti, que la meilleure preuve de faiblesse d'un parti soit sa position diffuse et l'effacement des frontières nettement tracées, qu'un parti se renforce en s'épurant, la logique bureaucratique ne le soupçonne pas et ne le redoute pas » (Lettre de Lassalle à Marx du 24 juin 1852).
Que tous les généreux adversaires, si nombreux aujourd'hui, de la rudesse, de l'intransigeance, de l'ardeur polémique, etc., se le tiennent pour dit !
Disons en terminant que nous n'avons pu ici qu'effleurer les questions en litige. Nous consacrerons à leur examen détaillé une brochure spéciale, qui paraîtra, nous l'espérons, dans six semaines environ.
« Iskra » n° 12, 6 décembre 1901 V. Lénine, Œuvres, t. 5, pp. 318-325
Notes
[1] « Ioujny Rabotchi » (l'Ouvrier du Sud), journal social-démocrate édité clandestinement par le groupe du même nom de janvier 1900 à avril 1903 ; douze numéros en virent le jour. Ioujny Rabotchi combattait l'« économisme » et le terrorisme, prônait la nécessité du développement d'un mouvement révolutionnaire de masse. Le groupe du Ioujny Rabotchi accomplit un important travail révolutionnaire en Russie ; mais il manifesta en même temps des tendances opportunistes dans la question des rapports avec la bourgeoisie libérale et le mouvement paysan et mûrit un plan séparatiste de création d'un autre journal pour toute la Russie, paraissant parallèlement à l’Iskra.
[2] En 1898 eut lieu le Ier Congrès du POSDR.
[3] Le groupe « Libération du Travail », premier groupe marxiste russe, fondé par Georges Plékhanov à Genève en 1883. Le groupe fit un gros effort pour diffuser le marxisme en Russie. Les deux projets de programme des social-démocrates russes (1883-1885), écrits par Plékhanov et édités par le groupe « Libération du Travail », firent avancer sérieusement la fondation du parti social-démocrate en Russie. Le groupe « Libération du Travail » établit des rapports avec le mouvement ouvrier international et, à partir du premier Congrès de la Ile Internationale (Paris, 1889), représenta la social-démocratie de Russie à tous ses congrès. Cependant le groupe « Libération du Travail » commit de graves erreurs : surestimation du rôle de la bourgeoisie libérale, sous-estimation du rôle révolutionnaire de la paysannerie en tant que réserve de la révolution prolétarienne. Ces erreurs furent le germe des futures conceptions menchéviques de Plékhanov et d'autres membres du groupe.