1902

Avant-garde et masses, lutte économique et politique, conscience et spontanéité...
L'ouvrage de base du marxisme sur la question du Parti.


Que faire ?

Lénine

IV: LE TRAVAIL ARTISANAL DES ECONOMISTES ET L'ORGANISATION DES REVOLUTIONNAIRES

e) L'ORGANISATION “CONSPIRATIVE” ET LE “DEMOCRATISME”

Et c'est justement ce que craignent par-dessus tout les gens - très nombreux parmi nous - chez qui le “sens des réalités” est extrêmement développé et qui accusent ceux qui s'en tiennent à ce point de vue, d'abonder dans le sens de la “Narodnaïa Volia”, de ne pas comprendre le “démocratisme”, etc. Il faut nous arrêter à ces accusations, que le Rabotchéïé Diélo, lui aussi, a naturellement reprises.

L'auteur de ces lignes sait fort bien que les économistes pétersbourgeois accusaient déjà la Rabotchaïa Gazéta de donner dans le “narodovolisme” (ce qui est compréhensible, si on la compare à la Rabotchaïa Mysl). Aussi bien, nous n'avons nullement été étonnés d'apprendre d'un camarade, peu après l'apparition de l'Iskra, que les social-démocrates de la ville de X... l'appelaient organe du “narodovolisme”. Cette accusation n'avait évidemment rien que de flatteur pour nous, car quel est le social-démocrate digne de ce nom, que les économistes n'ont pas accusé de “narodovolisme” ?

Ces accusations proviennent d'un double malentendu. D'abord, l'on connaît si mal chez nous l'histoire du mouvement révolutionnaire que toute idée concernant une organisation de combat centralisée et déclarant résolument la guerre au tsarisme, est taxée de “narodovolisme”. Mais l'excellente organisation que possédaient les révolutionnaires de 1870-1880 et qui devrait nous servir de modèle à tous, a été créée non point par les partisans de la “Narodnaïa VoIia”, mais par les zemlévoltsy, qui se sont ensuite scindés en tchérnopérédieltsy et en narodovoltsy. Ainsi donc, voir dans une organisation révolutionnaire de combat un héritage spécifique des narodovoltsy est absurde historiquement et logiquement, car toute tendance révolutionnaire si elle vise sérieusement à la lutte, ne peut se passer d’une organisation de ce genre. Cela n'a pas été la faute, mais au contraire le grand mérite historique des narodovoltsy, de s'être efforcés de gagner tous les mécontents à leur organisation et d'orienter celle-ci vers la lutte décisive contre l'autocratie. Leur faute a été de s'appuyer sur une théorie qui, au fond, n'était nullement révolutionnaire, et de n'avoir pas su ou de n'avoir pas pu lier indissolublement leur mouvement à la lutte de classe au sein de la société capitaliste en développement. Et seule l'incompréhension la plus grossière du marxisme (ou sa “compréhension” dans l'esprit du “strouvisme”) pouvait amener à croire que la naissance d’un mouvement ouvrier de masse spontané nous libère de l’obligation de créer une organisation révolutionnaire aussi bonne, incomparablement meilleure que celle des zemlévoltsy. Au contraire, ce mouvement, nous impose précisément cette obligation, car la lutte spontanée du prolétariat ne deviendra une véritable “lutte de classe” du prolétariat que lorsqu’elle sera dirigée par une forte organisation de révolutionnaires.

En second lieu, il en est beaucoup- y compris apparemment B. Kritchevski (Rab. Diélo, n°10, p. 18) - qui interprètent faussement la polémique que les social-démocrates ont toujours faite contre la conception “conspiratrice” de la lutte politique. Nous nous sommes élevés et, bien entendu, nous nous élèverons toujours contre la limitation de la lutte politique à un complot [1], mais cela ne signifie nullement, comme l'on pense bien, que nous nions la nécessité d'une forte organisation révolutionnaire. Ainsi, par exemple, dans la brochure mentionnée en note, on trouve, à côté de la polémique contre ceux qui voudraient ramener la lutte politique à un complot, l'esquisse d'une organisation (présentée comme l'idéal social-démocrate) assez forte pour pouvoir, “afin de porter un coup décisif à l'absolutisme, recourir” et à l'“insurrection” et à tout “autre procédé d’attaque [2]“. A ne considérer que sa forme, cette forte organisation révolutionnaire dans un pays autocratique peut être qualifiée de “conspiratrice”, car le secret lui est nécessaire au plus haut point. Il lui est si indispensable qu'il détermine toutes les autres conditions (effectifs, choix des membres, leurs fonctions, etc.). C'est pourquoi nous serions bien naïfs de craindre qu'on ne nous accuse, nous, social-démocrates, de vouloir créer une organisation conspiratrice. Pareille accusation est aussi flatteuse pour tout ennemi de l'économisme, que l'accusation de “narodovolisme”.

Mais, nous objectera-t-on, une organisation si puissante et si strictement secrète, concentrant entre ses mains tous les fils de l'action clandestine, organisation nécessairement centralisée, peut trop facilement se lancer dans une attaque prématurée; elle peut forcer inconsidérément le mouvement, avant que la chose soit rendue possible et nécessaire par les progrès du mécontentement politique, par la force de l'effervescence et de l'irritation existant dans la classe ouvrière, etc. A cela nous répondrons: Abstraitement parlant, on ne saurait évidemment nier qu'une organisation de combat puisse engager à la légère une bataille qui peut aboutir à une défaite, laquelle ne se produirait pas dans d'autres conditions. Mails il est impossible de se borner en l'occurrence à des considérations abstraites, car tout combat implique d'abstraites éventualités de défaite, et il n'est d'autre moyen de les diminuer que de se préparer systématiquement au combat. Et si l'on pose la question sur le terrain concret de la situation russe d'aujourd'hui, on arrive à cette conclusion positive qu'une organisation révolutionnaire forte est absolument nécessaire justement pour donner de la stabilité au mouvement et la prémunir contre l’éventualité d’attaques irréfléchies. Maintenant que cette organisation nous manque et que le mouvement révolutionnaire spontané fait des progrès rapides, on observe déjà deux extrêmes (qui, comme de juste, “se touchent”) : un économisme tout à fait inconsistant et le prône de la modération, ou bien un “terrorisme excitatif” non moins inconsistant, cherchant “dans un mouvement qui progresse et se fortifie, mais est encore plus près de son point de départ que de sa fin, à provoquer artificiellement les symptômes de la fin de ce mouvement”. (V. Zassoulitch, Zaria, n°2-3, p. 353.) L'exemple du Rabotchéïé Diélo montre qu'il y a déjà des social-démocrates qui cèdent devant ces deux extrêmes. La chose n'a rien d'étonnant car, abstraction faite des autres circonstances, “la lutte économique contre le patronat et le gouvernement” ne satisfera jamais un révolutionnaire, et les deux extrêmes opposés apparaîtront toujours tantôt ici, tantôt là. Seule une organisation de combat centralisée, pratiquant avec fermeté la politique social-démocrate et donnant pour ainsi dire satisfaction à tous les instincts et aspirations révolutionnaires, est en état de prémunir le mouvement contre une attaque inconsidérée et d'en préparer une autre promettant le succès.

On nous objectera ensuite que notre point de vue sur l'organisation est en contradiction avec le “principe démocratique”. Autant l'accusation précédente était d'origine spécifiquement russe, autant celle-ci a un caractère spécifiquement étranger. Seule une organisation résidant à l'étranger (l'“Union des social-démocrates russes”) pouvait donner entre autres à sa rédaction l'instruction suivante :

Principe d’organisation. Dans l'intérêt du bon développement et de l'union de la social-démocratie, il convient de souligner, de renforcer, de revendiquer le principe d'une large démocratie dans l'organisation du parti, ce qui est d'autant plus nécessaire que des tendances antidémocratiques se sont révélées dans les rangs de notre parti.” (Deux congrès, p. 18.)

Comment le Rabotchéïé Diélo lutte contre les “tendances antidémocratiques” de l'Iskra, nous le verrons au chapitre suivant. Pour l'instant, examinons de plus près ce “principe” mis en avant par les économistes. Le “principe d'une large démocratie” implique, tout le monde en conviendra probablement, deux conditions sine qua non : premièrement l'entière publicité, et deuxièmement l'élection à toutes les fonctions. Il serait ridicule de parler de démocratisme sans une publicité complète, non limitée aux membres de l'organisation. Nous appellerons le parti socialiste allemand une organisation démocratique, car tout s'y fait ouvertement, jusqu'aux séances du congrès du parti; mais personne ne qualifiera de démocratique une organisation recouverte du voile du secret pour tous ceux qui n'en sont pas membres. Pourquoi alors poser le “principe d'une large démocratie”, quand la condition essentielle de ce principe est inexécutable pour une organisation clandestine ? Ce “large principe” n'est plus en l'occurrence qu'une phrase sonore, mais creuse. Bien plus. Cette phrase atteste une incompréhension totale de nos tâches immédiates en matière d'organisation. Tout le monde sait combien chez nous la “large” masse des révolutionnaires garde mal le secret. Nous avons vu avec quelle amertume s'en plaint B.-v, qui réclame avec juste raison une “sélection rigoureuse des membres (Rab. Diélo, n°6, p. 42). Et voilà que des gens qui se vantent de leur “sens des réalités” viennent souligner dans une pareille situation, non pas la nécessité d'un secret rigoureux et d'une sélection sévère (partant, plus restreinte) des membres, mais le “principe d'une large démocratie” ! C'est ce qui s'appelle se mettre le doigt dans l’œil.

Il n'en va pas mieux du deuxième indice du démocratisme : le principe électif. Condition qui va de soi dans les pays de liberté politique. “Sont membres du parti tous ceux qui reconnaissent les principes de son programme et soutiennent le parti dans la mesure de leurs forces”, dit le premier paragraphe des statuts du parti social-démocrate allemand. Et comme l'arène politique est visible pour tous, telle la scène d'un théâtre pour les spectateurs, chacun sait par les journaux et les assemblées publiques si telle ou telle personne reconnait ou non le parti, le soutient ou lui fait opposition. On sait que tel militant politique a eu tel ou tel début, qu'il a fait telle ou telle évolution, qu'à tel moment difficile de sa vie il s'est comporté de telle façon, qu'il se signale par telles ou telles qualités; aussi tous les membres du parti peuvent-ils, en connaissance de cause, élire ce militant ou ne pas l'élire à tel ou tel poste du parti. Le contrôle général (au sens strict du mot) de chaque pas fait par un membre du parti dans sa carrière politique, crée un mécanisme fonctionnant automatiquement et assurant ce qu'on appelle en biologie la “persistance du plus apte”. Grâce à cette “sélection naturelle”, résultat d'une publicité absolue, de l'élection et du contrôle général, chaque militant se trouve en fin de compte “classé sur sa planchette”, assume la tâche la plus appropriée à ses forces et à ses capacités, supporte lui-même toutes les conséquences de ses fautes et démontre devant tous son aptitude à comprendre ses fautes et à les éviter.

Essayez un peu de faire tenir ce tableau dans le cadre de notre autocratie ! Est-il concevable chez nous que tous ceux “qui reconnaissent les principes du programme du parti et soutiennent ce dernier dans la mesure de leurs forces”, contrôlent chaque pas fait par des révolutionnaires clandestins ? Que tous fassent un choix parmi ces derniers, alors que le révolutionnaire est obligé, dans, l'intérêt du travail, de dissimuler aux neuf dixièmes de ces “tous”, qui il est ? Q'on réfléchisse un peu au sens véritable des formules grandiloquentes lancées par le Rabotchéïé Diélo et l'on comprendra que le “large démocratisme” de l'organisation du parti, dans les ténèbres de l'autocratie, sous le régime de la sélection pratiquée par les gendarmes, n'est, qu'un hochet inutile et nuisible. C'est un hochet inutile car, en fait, aucune organisation révolutionnaire n'a jamais appliqué, et ne pourra jamais appliquer malgré tout son bon vouloir, un large démocratisme. C'est un hochet nuisible, car les tentatives pour appliquer en fait le “principe d'une large démocratie” ne font que faciliter les larges coups de filet de la police et perpétuer le règne du travail artisanal, détourner la pensée des praticiens de leur tâche sérieuse, impérieuse, qui est de faire leur éducation de révolutionnaires professionnels, vers la rédaction de statuts “bureaucratiques” détaillés sur les systèmes d'élections. Ce n'est qu'à l'étranger, où souvent des hommes s'assemblent qui n'ont pas la possibilité de faire oeuvre utile, pratique, qu'a pu se développer, surtout dans les petits groupes, cette manie de “jouer au démocratisme”.

Pour montrer au lecteur combien spécieux est le procédé dont use le Rabotchéïé Diélo, en préconisant ce séduisant “principe” qu'est le démocratisme dans l’œuvre révolutionnaire, nous nous référerons cette fois encore à un témoin. Ce témoin, E. Sérébriakov, directeur du Nakanouné de Londres, montre nettement un faible pour le Rabotchéïé Diélo et une aversion marquée pour Plekhanovet les “Plekhanoviens”; dans ses articles sur la scission de l'“Union des social-démocrates russes” à l'étranger, le Nakanouné a pris résolument le parti du Rabotchéïé Diélo et a déversé un flot de doléances contre Plekhanov. D'autant plus précieux nous est ce témoignage sur cette question. Dans l'article intitulé “Sur l'appel du Groupe d'autolibération des ouvriers(Nakanouné, n0 7, juillet 1899), E. Sérébriakov, signalant “l'inconvenance” qu'il y a à soulever les questions “de prestige, de primauté, de soi-disant aréopage dans un mouvement révolutionnaire sérieux”, écrit entre autres :

“Mychkine, Rogatchev, Jéliabov, Mikhailov, Pérovskaïa, Figner et autres ne se sont jamais considérés comme des chefs. Personne ne les a élus ni nommés, et pourtant ils étaient en réalité des chefs, car en période de propagande comme en période de lutte contre le gouvernement, ils assumaient le plus difficile travail, allaient aux endroits les plus dangereux, et leur activité était la plus fructueuse. Et cette primauté n'était pas le résultat de leur désir, mais de la confiance des camarades qui les entouraient, en leur intelligence, leur énergie et leur dévouement. Il serait trop naïf de redouter je ne sais quel aréopage (et si on ne le redoute pas, pourquoi en parler ?) qui dirigerait d'autorité le mouvement. Qui donc lui obéirait ?”

Nous demandons au lecteur : Quelle différence y a-t-il entre un “aréopage” et des “tendances antidémocratiques” ? Et n'est-il pas évident que le “séduisant” principe d'organisation du Rabotchéïé Diélo est aussi naïf qu'inconvenant ? Naïf, parce que l'“aréopage” ou les gens à “tendances antidémocratiques” ne seront tout bonnement obéis par personne, dès l'instant que “les camarades qui les entourent n'auront pas confiance en leur intelligence, leur énergie et leur dévouement”. Inconvenant, comme procédé démagogique spéculant sur la vanité des uns, sur l'ignorance chez d'autres, de l'état véritable du mouvement, sur l'impréparation et l'ignorance de l'histoire du mouvement révolutionnaire, chez d'autres encore. Le seul principe sérieux en matière d'organisation, pour les militants de notre mouvement, doit être : secret rigoureux, choix rigoureux des membres, préparation de révolutionnaires professionnels. Ces qualités étant réunies, nous aurons quelque chose de plus que le “démocratisme” : une entière confiance fraternelle entre révolutionnaires. Or, ce quelque chose de plus nous est absolument nécessaire, car il ne saurait être question de le remplacer chez nous, en Russie, par le contrôle démocratique général. Et ce serait une grosse erreur de croire que l'impossibilité d'un contrôle véritablement “démocratique“ rend les membres de l'organisation révolutionnaire incontrôlables : ceux-ci, en effet, n'ont pas le temps de songer au formes puériles du démocratisme (démocratisme au sein d'un noyau restreint de camarades ayant les uns dans les autres une entière confiance), mais ils sentent très vivement leur responsabilité, sachant d'aIlleurs par expérience que pour se débarrasser d'un membre indigne, une organisation de révolutionnaires véritables ne reculera devant aucun moyen. En outre, il existe chez nous, dans le milieu révolutionnaire russe (et international), une opinion publique assez développée, ayant une longue histoire et qui châtie avec une implacable rigueur tout manquement aux devoirs de camaraderie (or le “démocratisme”, démocratisme véritable et non puéril, est un élément constitutif de cette notion de camaraderie !). Que l'on tienne compte de tout cela et l'on comprendra combien ces discours et ces résolutions sur les “tendances antidémocratiques” sentent le renfermé propre à l'émigration, avec ses prétentions au généralat !

Il convient de remarquer en outre que la naïveté, autre source de ces discours, provient également de l'idée confuse que l'on se fait de la démocratie. L'ouvrage des époux Webb sur les trade-unions anglaises renferme un curieux chapitre sur le “démocratie primitive”. Les auteurs y racontent que les ouvriers anglais, dans la première période d'existence de leurs unions, considéraient comme une condition nécessaire de la démocratie la participation de tous les membres à tous les détails de l'administration: non seulement toutes les questions étaient résolues par le vote de tous les membres, mais les fonctions mêmes étaient exercées par tous les membres à tour de rôle. Il fallut une longue expérience historique pour que les ouvriers comprissent l'absurdité d'une telle conception de la démocratie et la nécessité d'institutions représentatives d'une part, et de fonctionnaires professionnels de l'autre. Il fallut plusieurs faillites financières de caisses syndicales pour faire comprendre aux ouvriers que la question du rapport proportionnel entre les cotisations versées et les secours délivrés ne pouvait être résolue par le seul vote démocratique, et que cette question exigeait aussi l'avis d'un spécialiste en matière d'assurances. Prenez ensuite le livre de Kautsky sur le parlementarisme et la législation populaire, et vous verrez que les conclusions de ce théoricien marxiste concordent avec les enseignements de la longue pratique des ouvriers “spontanément” unis. Kautsky s'élève résolument contre la conception primitive de la démocratie de Rittinghausen, raille les gens prêts à réclamer, au nom de cette démocratie, que “les journaux populaires soient rédigés directement par le peuple”, prouve la nécessité de journalistes, de parlementaires professionnels, etc., pour la direction social-démocrate de la lutte de classes du prolétariat, attaque le “socialisme des anarchistes et des littérateurs” qui, “visant à l'effet”, préconisent la législation populaire directe et ne comprennent pas que son application est très relative dans la société actuelle.

Ceux qui ont travaillé pratiquement dans notre mouvement savent combien la conception “primitive” de la démocratie est répandue parmi la jeunesse studieuse et le ouvriers. Il n'est pas étonnant que cette conception pénètre aussi dans les statuts et la littérature. Les économistes de type bernsteinien écrivaient dans leurs statuts: “§10. Toutes les affaires intéressant l'ensemble de l'organisation son décidées à la majorité des voix de tous ses membres.” Les économistes du type terroriste répètent après eux : “Il faut que les décisions des comités aient passé par tous les cercles avant de devenir des décisions valables(Svoboda n°1, p. 67). Remarquez que cette revendication concernant l'application étendue du referendum s'ajoute à celle qui veut que toute l'organisation soit construite sur le principe électif ! Loin de nous, bien entendu, la pensée de condamner pour cela des praticiens qui ont été trop peu en mesure de s'initier à la théorie et à la pratique des organisations véritablement démocratiques. Mais quand le Rabotchéïé Diélo qui prétend à un rôle dirigeant, se borne, en de pareilles conditions, à une résolution sur le principe d'une large démocratie, comment ne pas dire qu'il “vise” simplement “à l'effet” ?


Notes

[1] Cf. Les tâches des social-démocrates russes, p. 21, dans la polémique avec P. L. Lavrov.

[2] Les tâches des soc.-dém. Russes. Preuve de plus que le Rabotchéïé Diélo ou bien ne comprend pas ce qu'il dit, ou bien change d'opinion “selon le vent”. Ainsi, dans le Rabotchéïé Diélo n°1 nous voyons la phrase suivante imprimée en italique “L'exposé de la brochure, dit-il, coïncide entièrement avec le programme de la rédaction du Rabotchéïé Diélo” (p 142). Vraiment ? Le refus d'assigner comme première tâche au mouvement de masse le renversement de l'autocratie coïnciderait avec le point de vue des Tâches ? La théorie, de la “lutte économique contre le patronat et le gouvernement” coïnciderait avec celle des Tâches ? De même la théorie des stades ? Au lecteur de juger de la stabilité des principes d'un organe qui comprend d'une façon aussi originale les “coïncidences”.


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