1909

Supplément à « Prolétari » n°47-48, 11 (24) sept. 1909.

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La fraction des partisans de l'otzovisme et de la construction de Dieu

Lénine


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Nous avons indiqué quel était l'état‑major de la nouvelle fraction. Où se recrute la troupe ? Parmi les éléments démocrates bourgeois, ayant adhéré au parti ouvrier au moment de la révolution. Le prolétariat, toujours et partout, se recrute dans la petite bourgeoisie ; toujours et partout, il a des centaines d'échelons, de facettes, de nuances transitoires qui lui sont liés. Au moment d'une croissance particulièrement rapide du parti ouvrier (comme ce fut le cas chez nous en 1905‑1906), il est inévitable que s'y infiltrent en masse des éléments pénétrés d'un esprit petit‑bourgeois. Et il n'y a aucun inconvénient à cela. La tâche historique du prolétariat est d'assimiler, d'instruire, de rééduquer tous les éléments que la vieille société lui a légués sous forme de petits bourgeois d'origine. Mais pour cela il faut que le prolétariat les rééduque, qu'il ait de l'influence sur eux, et non pas eux sur lui. De nombreux « social‑démocrates du temps de la liberté », qui l'étaient devenus dans des moments d'enthousiasme, dans une atmosphère de fête, de brillants slogans, en ces jours victorieux du prolétariat où même l'intelligentsia bourgeoise avait la tête tournée, s'étaient mis à étudier sérieusement, à étudier le marxisme, le travail conséquent du prolétariat ; ceux‑ci resteront toujours social‑démocrates et marxistes. D'autres n'ont pu ou n'ont su emprunter au parti du prolétariat autre chose que des mots appris par cœur, des slogans « brillants » et rabâchés, une ou deux phrases sur le « boycottisme », le « combatisme », etc. Lorsque ces éléments s'avisèrent d'imposer au parti ouvrier leurs « théories », leur conception du monde, c'est‑à‑dire leurs‑ conceptions étroites, la scission devint inévitable.

Le sort des boycotteurs de la III° Douma illustre parfaitement par un exemple concret la différence entre les uns et les autres de ces éléments.

Les bolcheviks en majorité, entraînés par le désir sincère de combattre directement et immédiatement les héros du 3 juin, penchaient pour le boycottage de la III° Douma, mais très vite ils surent dominer la nouvelle situation. Au lieu de répéter des paroles apprises, ils étudièrent attentivement les nouvelles conditions historiques, réfléchissant aux raisons pour lesquelles la vie était ainsi et non autrement, ils firent travailler leur cerveau et non pas seulement leur langue, ils accomplirent, d'une manière sérieuse et conséquente, un travail prolétarien, et ils comprirent vite toute la stupidité, toute la médiocrité de l'« otzovisme ». Les autres se cramponnèrent aux mots, ils se mirent à élaborer « leur propre ligne » à l'aide de phrases mal digérées, à proclamer « le boycottisme, l'otzovisme, l'ultimatisme ! », à remplacer par ces cris le travail révolutionnaire du prolétariat dicté par les conditions historiques du moment, à former une nouvelle fraction avec tous les éléments insuffisamment mûrs du bolchevisme. La route est libre, chers amis ! Nous avons fait tout ce que nous pouvions pour vous enseigner le marxisme et le travail social‑démocrate. Nous déclarons maintenant une guerre définitive et acharnée aussi bien aux liquidateurs de droite qu'à ceux de gauche qui pervertissent le parti ouvrier par leur révisionnisme théorique et leurs méthodes petites‑bourgeoises en politique et en tactique.


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