1910 |
Le présent document est un projet de lettre a K.
Kautsky, F. Mehring
et C. Zetkin, les
« dépositaires », auxquels, a des conditions déterminées
et conformément à la décision de l'assemblée plénière du C.C. du
P.O.S.D.R. de Janvier 1910, avait été confié l'avoir de la
fraction bolchevique. Voir à ce sujet, l'article de Lénine
« Le bilan de l'arbitrage des « dépositaires »
(Œuvres, t. 17). Œuvres, tome 34, pp. 431-433. |
Téléchargement : cliquer sur le format de contenu désiré |
|
Février-mars 1910
Pour expliquer l'étrange (à première vue) proposition et demande que nous et le C.C. vous adressons, il faut expliquer la situation de notre parti.
Pour clarifier la situation il faut comprendre, premièrement, que la contre-révolution fait rage et qu'une terrible débâcle frappe l'organisation et le travail social-démocrates ; deuxièmement, les principaux courants politiques et idéologiques régnant dans notre parti.
En ce qui concerne le premier point, il suffit de constater, partout, l'énorme déclin des organisations, leur quasi-disparition en maints endroits. Un sauve-qui-peut général des intellectuels. Seuls restent des cercles ouvriers et des militants isolés. Le jeune ouvrier inexpérimenté se fraye difficilement un chemin.
En ce qui concerne le deuxième point. Au cours de la révolution il y avait deux tendances dans la social-démocratie (et deux fractions, tatsachlich Spaltung1): les mencheviks et les bolcheviks. Stockholm 1906 et London 19072. Une aile opportuniste et une révolutionnaire.
La débâcle de 1907-1908 a provoqué (α) chez les m-ks la tendance liquidatrice (definition), (β) chez les b-ks, l'otzovisme (et l'ultimatisme). Définition.
(α) A partir du III.08 les mencheviks n'ont absolument plus participé au travail central du parti et ont même tenté de le saboter (VIII.08). A l'étranger, ils avaient la suprématie (étudiants, intellectuels bourgeois peu mûrs, etc.). Une scission totale a l'étranger (grâce aux mencheviks) et leur abstention totale au travail du parti, plus la lutte contre le parti.
La conférence du XII.08 stigmatise tout cela3.
(β) L'otzovisme-ultimatisme chez les bolcheviks en 1908-1909. La lutte résolue des bolcheviks contre lui et le Kaltstellung4 des otzovistes-ultimatistes. Eviction.
La débâcle croit en Russie.
L'intervention de Plekhanov le VIII.09 ((« Plaît-il »5, la tendance liquidatrice du Golos ; la tendance liquidatrice est déclarée opportunisme petit-bourgeois ; la constatation de la crise dans le parti (le mal est affreux) ; on quitte la rédaction d'Obchtchestvennoie Dvijenie, qui s'est réfugiée dans des bürgerlich-liberalen Verlag6)).
Signification de l'intervention de Plekhanov = un faible écho qui est une confirmation, faite par un membre de la fraction ennemie des bolcheviks, de toutes leurs accusations.
Les mencheviks en Russie se sentent attirés vers le parti (surtout les ouvriers : Petersbourg, Moscou).
Essai d'unification du parti sur cette base, sur la reconnaissance d'une lutte sur deux fronts : avec la tendance liquidatrice et l'otzovisme-ultimatisme.
Nos conditions d'unification : reconnaître sans réserve la lutte avec la tendance liquidatrice (une demi-mesure du C.C. : une concession personnelle) ; arrêt de la lutte fractionnelle ( = de la scission à l'étranger surtout) et subordination loyale à la majorité du parti (bolcheviks + Polonais en particulier), qui a tiré le parti de la crise des années 1907-1909, et l'a mis sur la voie d'une lutte résolue sur deux fronts.
Conditions des mencheviks : voiler la claire définition de la tendance liquidatrice (une demi-mesure dans une résolution unanime) et l'égalité dans la rédaction de l'Organe central ((l'institution dominante de l'ensemble du parti, en fait, vu l'extrême faiblesse et la fragilité du C.C. en Russie)).
Un compromis d'une fragilité extrême est adopté au C.C. : 1) une résolution unanime d'où est rayée l'appellation de tendance liquidatrice7 ; 2) 3 et 2 dans l'O.C. avec une déclaration des m-ks sur « l'étouffement mécanique », « l'état de siège », etc. ; 3) refus des mencheviks de renoncer résolument, nettement et irrévocablement à un journal fractionnel et à une organisation fractionnelle, de reconnaître la subordination loyale à la majorité.
D'où nos craintes. Avec la dissolution de la fraction bolchevique, la remise de l'argent au C.C. (en fait 5 puissances avec une majorité hasardeuse et instable, corrompue par l'otzovisme-ultimatisme), nous craignons (nous avons toutes les raisons de craindre) une scission des mencheviks a l'étranger et l'introduction en fraude de la tendance liquidatrice par eux (sous forme d'égalité dans la rédaction).
Nous sommes convaincus qu'en présence des tentatives de scission organisée de l'étranger par les mencheviks, le C.C. (autrement dit les bolcheviks + les nationaux) ne sera pas à même de lutter contre la tendance liquidatrice ; force sera donc de recommencer la lutte fractionnelle, de répondre à la scission par la scission.
Expérience de « l'armistice »: les b-k sont désarmés. Expérience « d'un mode de vie du parti ».
Les conditions aux mencheviks: (α) désarmement total : suppression du journal de la fraction, de la caisse de la fraction, de la scission fractionnelle a l'etranger; (β) application loyale de la résolution sur la lutte contre la tendance liquidatrice ; (γ) soumission loyale à la majorité dans l'O.C. ; (8) soutien loyal du C.C. en Russie.
Si non — non8.
Les coquetteries des mencheviks avec les otzovistes-ultimatistes. L'impuissance de Trotski qui prête la main aux liquidateurs.
Notes
1 Scission effective.
2 Allusion aux Congrès du P.O.S.D.R. : le IVe Congres (d'unification) qui eut lieu a Stockholm du 23 avril au 8 mai 1906, et le Ve (de Londres) qui se tint du 13 mai au 1er juin 1907.
3 Lénine fait allusion à la résolution de la Cinquième conférence générale du P.O.S.D.R., qui condamna la tendance liquidatrice (voir Le P.C.U.S. dans les résolutions et décisions de ses congrès, conférences et réunions plénières du C.C., 7e ed. russe, 1re partie, 1954, p. 195).
4 Eviction.
5 « Plaît-il? », expression employée par Plekhanov à l'adresse du Golos Sotsial-Democrata, journal des mencheviks-liquidateurs.
6 Editions bourgeoises libérales.
7 Lénine parle de la résolution sur « La situation dans le parti » adoptée par l'assemblée plénière du C.C. du P.O.S.D.R. en Janvier 1910 (voir Le P.C.U.S. dans les résolutions et décisions de son congrès, conférences et réunions plénières du C.C., 7e ed. Russe, 1re partie, 1954, pp. 234-236). Une analyse critique de cette résolution est donnée par Lénine dans un article « Notes d'un publiciste » (voir Œuvres, t. 16).
8 En français dans le texte.
|