1917 |
La «Pravda» n° 79, 24 (11) juin 1917 |
Téléchargement fichier zip (compressé) Cliquer sur le format de contenu désiré |
Lénine Insinuations |
Ceux qui, frénétiques, furieux, enragés, grinçant des dents, font pleuvoir sans interruption sur notre parti des outrages et des injures dignes d'un fieffé réactionnaire, ne nous accusent de rien en termes directs, mais procèdent « par insinuations ».
Qu'insinuent-ils ?
On ne peut insinuer qu'une chose : que les bolchéviks voulaient perpétrer un coup d'Etat, que ce sont des Catilina [1], aussi sont-ils des monstres hideux méritant le pire supplice.
Comme nos ennemis ne se décident pas à proférer tout haut ces bêtises, ils en sont réduits à «insinuer» et à vociférer des « fables ». Car cette accusation est bête au suprême degré : un coup d'Etat accompli par une manifestation pacifique décidée le jeudi, fixée au samedi et devant être annoncée le samedi même, au matin ! Voyons, Messieurs, qui pensez-vous impressionner avec vos sottes insinuations ?
« Réclamer le renversement du Gouvernement provisoire », dit la résolution du congrès des Soviets. L'exclusion du Gouvernement provisoire d'une partie des ministres (l'une des inscriptions des banderoles prévues pour la manifestation portait : A bas les membres bourgeois du gouvernement), c'est un coup d'Etat ? ?
Pourquoi donc personne n'a-t-il essayé, ni même menacé, de poursuivre devant les tribunaux ceux qui se permettent de déployer, comme on l'a fait des centaines de fois dans les rues de Pétrograd, des banderoles portant cet appel : « Tout le pouvoir aux Soviets » ?
Les frénétiques ont eu peur d'eux-mêmes.
Un gouvernement qui sait que tous ses membres s'appuient sur la volonté de la majorité du peuple ne peut pas craindre les manifestations annoncées à l'avance.
Il ne les interdira pas.
Seul un gouvernement qui sait ne pas avoir de majorité, ne pas pouvoir compter sur le consentement des masses, est capable d'entrer dans de telles colères et de lancer en des articles haineux de telles insinuations.
Notes
Les notes rajoutées par l’éditeur sont signalées par [N.E.]
[1]. Catilina Lucius Sergius, homme politique et chef militaire romain ; en 63 (avant notre ère) organisa un complot ayant pour but de supprimer la République à Rome et d'y établir la dictature militaire. [N.E.]