1917 |
La « Pravda » n° 96, 14 ( 1er) juillet 1917 |
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Lénine Qui est responsable ? |
Monsieur N. Rostov publie, dans la Feuille ministérielle Rabotchaïa Gazéta, un certain nombre de textes empruntés à des lettres de soldats et démontrant combien on est ignorant dans les campagnes. Toutes ces lettres, dit l'auteur, qui affirme avoir, à la section d'agitation du Comité exécutif du Soviet des députés ouvriers et soldats, une volumineuse liasse d'épîtres provenant de tous les coins du pays - toutes ces lettres se résument en un cri : des journaux, envoyez-nous des journaux !
L'écrivain menchevique en est bouleversé et s'exclame avec effroi : «Si la révolution ne leur apparaît pas clairement (aux paysans) comme un fait éminemment utile, ils se dresseront contre la révolution »... Les paysans sont «ignorants comme par le passé».
Notre fonctionnaire menchevique et ministériel se ressaisit un peu tard avec sa liasse de lettres. A partir du 6 mai, jour où les mencheviks se sont mis au service des capitalistes, plus de sept semaines se sont écoulées pendant lesquelles le mensonge bourgeois contre-révolutionnaire et les calomnies répandues contre la révolution se sont déversés à flots dans les campagnes par le canal des journaux bourgeois devenus prédominants et par l'intermédiaire des serviteurs et partisans avoués ou camouflés du gouvernement capitaliste soutenu par les mencheviks.
Si les mencheviks et les socialistes-révolutionnaires ne trahissaient pas la révolution et ne soutenaient pas les cadets contre-révolutionnaires, le pouvoir serait déjà depuis le début de mai aux mains du Comité exécutif, qui aurait pu instituer sur l'heure le monopole d'Etat de la publicité dans la presse et se rendre ainsi maître de journaux tirés à des dizaines de millions d'exemplaires, que l'on aurait pu distribuer et envoyer gratuitement dans les campagnes. Les grandes imprimeries et les stocks de papier auraient alors «œuvré», entre les mains du Comité exécutif, à éclairer les campagnes et non à les empoisonner par la diffusion d'une douzaine de gazettes bourgeoises contre-révolutionnaires qui ont en fait conquis dans le journalisme une place dominante.
Le Comité exécutif aurait pu, dès ce moment, dissoudre la Douma d'Etat et, réalisant ainsi une sensible économie, sans parler de bien d'autres économies possibles des fonds de la nation, employer l'argent récupéré à envoyer dans les campagnes des milliers, sinon des dizaines de milliers d'agitateurs.
La temporisation, en temps de révolution, équivaut parfois à une véritable trahison. Les socialistes-révolutionnaires et les mencheviks sont entièrement responsables des atermoiements apportés à la transmission du pouvoir aux ouvriers, aux soldats et aux paysans, ainsi que des atermoiements apportés à la réalisation de mesures révolutionnaires tendant à éclairer les campagnes ignorantes. Sur ce point, ils ont trahi la révolution. Ils ont fait en sorte que les ouvriers et les soldats sont maintenant obligés de se contenter, dans leur lutte contre la presse bourgeoise contre-révolutionnaire et l'agitation dans cet esprit, de «moyens de fortune», alors que les ressources de l'Etat pourraient et devraient être à leur disposition.