1923

 

� Pravda ï¿½ n� 10, 25 janvier 1923. Sign� N. L�nine. Conforme au texte du journal, collationn� sur le st�nogramme.


 


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L�nine

Comment r�organiser l'Inspection ouvri�re et paysanne ?

Proposition  faite au XIIe congr�s  du parti


Certes, l'Inspection ouvri�re et paysanne pr�sente pour nous une difficult� extr�me qui, jusqu'� ce jour, n'a pas �t� r�solue. Je pense que les camarades qui pr�tendent la r�gler en niant l'utilit� ou la n�cessit� de cette institution ont tort. Par ailleurs, j'admets que la question de notre appareil d'Etat et de son perfectionnement est tr�s ardue ; elle est loin d'�tre tranch�e, et c'est aussi une question �minemment pressante.

Notre appareil d'Etat, except� le Commissariat du Peuple aux Affaires �trang�res, constitue dans une tr�s grande mesure une survivance du pass�, et qui a subi le minimum de modifications tant soit peu notables. Il n'est que l�g�rement enjoliv� � la surface ; pour le reste, c'est le vrai type de notre ancien appareil d'Etat. Et pour rechercher les moyens de le r�nover r�ellement, il faut faire appel, je crois, � l'exp�rience de notre guerre civile.

Comment avons-nous agi dans les moments les plus p�rilleux de la guerre civile ?

Nous avons concentr� les meilleures forces de notre Parti dans l'Arm�e Rouge ; nous avons mobilis� l'�lite de nos ouvriers ; en qu�te de forces nouvelles, nous nous sommes adress�s l� o� plongent les racines les plus profondes de notre dictature.

C'est aussi dans ce sens que nous devons, j'en suis persuad�, rechercher les moyens de refondre l'Inspection ouvri�re et paysanne. Je propose au XIIe Congr�s de notre Parti d'adopter le plan de r�organisation que voici, et qui pr�voit une extension, d'un genre particulier, de notre Commission centrale de contr�le.

L'assembl�e pl�ni�re du Comit� central de notre Parti tend manifestement � devenir en quelque sorte une conf�rence supr�me du Parti. Elle ne se r�unit pas plus d'une fois tous les deux mois, en moyenne ; le Comit� central, on le sait, confie le travail courant � notre Bureau politique, � notre Bureau d'organisation, � notre Secr�tariat, etc. Je pense qu'il nous faut suivre jusqu'au bout la voie o� nous nous sommes engag�s, et transformer d�finitivement les assembl�es pl�ni�res du Comit� central en conf�rences supr�mes du Parti, tenues une fois tous les deux mois, et auxquelles prendrait part la Commission centrale de contr�le. Quant � cette derni�re, elle fusionnerait avec la partie essentielle de l'Inspection ouvri�re et paysanne r�organis�e, en observant les conditions ci-apr�s.

Je propose au congr�s d'�lire pour la Commission centrale de contr�le 75 � 100 nouveaux membres choisis parmi les ouvriers et les paysans. Les camarades �lus seront soumis, en tant que membres du Parti, � une v�rification pareille � celle que subissent tous les membres du Comit� central, puisqu'ils jouiront de tous les droits attach�s � cette qualit�

D'autre part, l'Inspection ouvri�re et paysanne sera ramen�e � 300 ou 400 employ�s, particuli�rement v�rifi�s eu �gard � leur bonne foi et � leur connaissance de notre appareil d'Etat ; ils devront aussi subir une �preuve sp�ciale attestant qu'ils sont au courant des principes de l'organisation scientifique du travail en g�n�ral, notamment de l'administration, du travail de bureau, etc.

Je pense que cette fusion de l'Inspection ouvri�re et paysanne et de la Commission centrale de contr�le sera utile � ces deux institutions. D'une part, l'Inspection acquerra ainsi une haute autorit� morale, au moins �gale � celle du Commissariat du Peuple aux Affaires �trang�res. D'autre part, notre Comit� central — avec la Commission centrale de contr�le — deviendra d�finitivement une conf�rence supr�me du Parti ; � dire vrai, il s'est d�j� engag� dans cette voie o� il lui faut aller jusqu'au bout, afin de pouvoir judicieusement s'acquitter de sa t�che sous un double rapport : faire en sorte que son organisation et son travail soient m�thodiques, rationnels et syst�matiques, que la liaison r�elle avec les grandes masses soit assur�e par le truchement de l'�lite de nos ouvriers et de nos paysans.

Je pr�vois une objection �manant directement ou non des milieux responsables de la caducit� de notre appareil, c'est-�-dire de la part de ceux qui tiennent � conserver notre appareil sous la forme pr�r�volutionnaire outr�e et pouss�e jusqu'� l'inconvenance, tel qu'il existe encore actuellement (au fait, nous avons maintenant l'occasion assez rare dans l'histoire de fixer les d�lais n�cessaires pour op�rer des r�formes sociales radicales ; et nous voyons fort bien aujourd'hui ce que l'on peut faire en cinq ans et ce qui demande des d�lais bien plus longs).

Cette objection tend � faire croire que la r�forme propos�e par moi n'am�nera que le chaos. Les membres de la Commission centrale de contr�le s'en iraient vaguer � travers les institutions, sans savoir o� s'adresser, ni � qui, ni pourquoi, semant partout le d�sordre, d�tournant les employ�s de leur travail courant, etc., etc.

Je pense que les raisons de cette objection malveillante sont si claires qu'il est inutile m�me d'y r�pondre. Il va de soi que le Pr�sidium de la Commission centrale de contr�le et le commissaire du peuple � l'Inspection ouvri�re et paysanne, ainsi que son coll�ge (et aussi dans certains cas le Secr�tariat du Comit� central) auront � fournir plus d'une ann�e d'efforts pers�v�rants pour organiser rationnellement leur Commissariat du Peuple et le travail de ce dernier, en commun avec la Commission centrale de contr�le. Le commissaire du peuple � l'Inspection ouvri�re et paysanne peut, selon moi, rester (et doit rester) commissaire du peuple ; ainsi que tout le coll�ge, il continuera de diriger l'activit� de l'Inspection ouvri�re et paysanne, y compris celle des membres de la Commission centrale de contr�le, qui seront consid�r�s comme ayant �t� mis � la disposition de ce commissaire. Les 300 � 400 employ�s de l'Inspection ouvri�re et paysanne qui restent, d'apr�s mon plan, rempliront d'une part les fonctions de secr�taires aupr�s des autres membres de l'Inspection ouvri�re et paysanne, de m�me qu'aupr�s des nouveaux membres de la Commission centrale de contr�le ; d'autre part, ils devront �tre hautement qualifi�s, v�rifi�s avec soin, particuli�rement s�rs, et toucher des appointements �lev�s qui les tireraient de cette situation vraiment mis�rable (pour ne pas dire davantage) qui est aujourd'hui celle des fonctionnaires de l'Inspection ouvri�re et paysanne.

Je suis certain qu'en r�duisant le nombre des employ�s au chiffre indiqu�, on am�liorera de beaucoup la valeur des cadres de l'Inspection ouvri�re et paysanne aussi bien que la qualit� de l'ensemble du travail ; on permettra ainsi au commissaire du peuple et aux membres du coll�ge de concentrer tous leurs efforts pour organiser le travail et relever sa qualit� de fa�on syst�matique et continue, chose d'une n�cessit� si imp�rieuse pour le pouvoir ouvrier et paysan et pour notre r�gime des Soviets.

D'autre part, je pense aussi que le commissaire du peuple � l'Inspection ouvri�re et paysanne devra s'appliquer � fusionner en partie ou � coordonner en partie l'activit� des Instituts sup�rieurs pour l'organisation du travail (Institut central du Travail, Institut de l'organisation scientifique du Travail, etc.) qui sont au nombre de 12 au moins dans la R�publique. L'uniformit� excessive et la tendance � fusionner qui en r�sulte seraient nuisibles. Au contraire, il faut trouver l� une solution raisonnable, un juste milieu entre la fusion de ces institutions en un tout et leur d�limitation judicieuse, en laissant � chacune d'elles une certaine ind�pendance.

Il est hors de doute que notre Comit� central gagnera � cette r�forme autant que l'Inspection ouvri�re et paysanne ; il y gagnera au point de vue de sa liaison avec les masses et aussi au point de vue de la r�gularit� et de l'efficacit� de ses activit�s. On pourra alors (et l'on devra) adopter un syst�me plus rigoureux et plus ad�quat pour pr�parer les s�ances du Bureau politique, auxquelles devront assister un nombre d�termin� de membres de la Commission centrale de contr�le, d�termin� soit pour une p�riode de temps, soit d'apr�s un certain plan d'organisation.

Le commissaire du peuple � l'Inspection ouvri�re et paysanne, d'accord avec le Pr�sidium de la Commission centrale de contr�le, devra r�partir le travail entre les membres de cette derni�re, selon leurs obligations d'assister aux s�ances du Bureau politique et de v�rifier tous les documents qui, d'une fa�on ou d'une autre, lui seront soumis ; ou bien, de consacrer une partie de leur journ�e de travail � la pr�paration th�orique, � l'�tude de l'organisation scientifique du travail, ou encore de participer pratiquement au contr�le et au perfectionnement de notre appareil d'Etat, depuis les institutions sup�rieures jusqu'aux institutions de base, locales, etc.

Je crois aussi qu'en dehors de l'avantage politique que pr�sente cette r�forme — � savoir que les membres du Comit� central et ceux de la Commission centrale de contr�le seront infiniment mieux renseign�s, mieux pr�par�s pour les s�ances du Bureau politique (tous les documents se rapportant � ces s�ances doivent �tre remis � tous les membres du Comit� central et de la Commission centrale de contr�le, au plus tard 24 heures avant la s�ance du Bureau politique, sauf les cas ne souffrant absolument aucun retard, et pour lesquels on avisera sp�cialement au moyen d'informer les membres du Comit� central et de la Commission centrale de contr�le, et au moyen de statuer l�-dessus) — il y aura encore cet autre avantage qu'au sein de notre Comit� central diminuera l'influence des facteurs purement personnels et fortuits, ce qui aura pour effet de diminuer le danger d'une scission.

Notre Comit� central est devenu un organisme strictement centralis� et jouissant d'une grande autorit� morale. Mais le travail de cet organisme n'est pas plac� dans des conditions correspondant � cette autorit�. La r�forme que je propose doit rem�dier � cette situation. Et les membres de la Commission centrale de contr�le, qui sont tenus d'assister en nombre d�termin� � chaque s�ance du Bureau politique, formeront un groupe coh�rent qui devra— � sans consid�ration de personnes ï¿½ — veiller � ce qu'aucune influence ne puisse les emp�cher de faire une enqu�te, de v�rifier les dossiers et, en g�n�ral, d'obtenir une clart� absolue et une stricte r�gularit� de toutes les affaires.

Certes, dans notre R�publique des Soviets, le r�gime social est fond� sur la collaboration de deux classes : les ouvriers et les paysans, collaboration � laquelle sont �galement admis aujourd'hui, � de certaines conditions, les � nepmans ï¿½, c'est-�-dire la bourgeoisie. Si des d�saccords s�rieux surgissaient entre ces classes, la scission serait in�luctable. Mais notre r�gime social ne renferme pas n�cessairement les germes d'une pareille scission. Et la principale t�che de notre Comit� central et de notre Commission centrale de contr�le, ainsi que de l'ensemble de notre Parti, est de surveiller attentivement les facteurs pouvant donner lieu � la scission, et de les pr�venir, car le sort de notre R�publique d�pendra en fin de compte de ceci : la masse paysanne, fid�le � son alliance avec la classe ouvri�re, marchera-t-elle avec cette derni�re, ou bien laissera-t-elle les � nepmans ï¿½, c'est-�-dire la nouvelle bourgeoisie, la d�sunir, la s�parer des ouvriers ? Plus clairement nous appara�tra cette alternative, plus clairement nos ouvriers et nos paysans s'en rendront compte, et plus nous aurons de chances d'�viter la scission, qui serait funeste pour la R�publique des Soviets.


Le 23 janvier 1923.



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