Source : numéro 14 du Bulletin communiste (deuxième
année), 31 mars 1921, précédé de l'introduction suivante : |
J'écrirais volontiers quelques lignes de plus sur la situation dans la flotte allemande.
La situation des amis de Haase qui, au lieu du répondre à une agression par une offensive énergique, au lieu d'entreprendre une large contre-attaque politique, ont reculé jusqu'à des positions piètrement défensives et ont mis en jeu des finasseries d'avocats, me parait digne de pitié. Ils ont livré (malgré quelques phrases de réserve) les marins allemands révolutionnaires — héroïque avant-garde, portant l'idéal de la révolution allemande. — Ils ont manifesté leur sympathie envers la révolution russe, en la bombardant de clichés sur « le plus grand événement du siècle », au lieu d'appeler, du haut de la tribune du Reichstag, les masses à la révolution, à l'offensive politique. Cette lamentable attitude de l'opposition la plus radicale du Reichstag a affermi les positions de l'impérialisme allemand, bien que le chancelier Michaelis1 ait fini par trébucher sur l'obstacle insignifiant dressé devant lui. Plus : le départ de ce chancelier, dont la présence était reconnue complètement impossible par la Deutsche Tageszeitung, le départ de cet homme d'Etat, dont on ne pouvait même plus faire un figurant, et la formation du cabinet Hertling2 ne signifie que l'assainissement impérialiste de l'Allemagne. Et n'est-ce pas pour le gouvernement le plus grand succès que de voir les amis de Haase tomber assez bas pour mériter la bienveillance, voire la compassion des Scheidemann, auxquels va la sympathie des Müller, des Mettinger, des Naumann3 et tutti quanti ?
Notes
1 Georg Michaelis (1857-1936), chancelier du Reich pendant trois mois et demi de juillet à octobre 1917.
2 Georg von Hertling (1843-1919), chancelier de décembre 1917 à octobre 1918.
3Friedrich Naumann (1860-1919), fondateur en 1919 du Parti Démocrate Allemand (DDP).
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