1978
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"Le titre du livre synthétise ma position :
à la place de la démocratie socialiste et de la dictature du prolétariat du SU, je suis revenu aux sources, ai tenté de faire revivre la vieille formule marxiste, tant de fois reprise par Trotsky, de dictature révolutionnaire. Dit d'une autre manière, une dictature pour développer la révolution, et non pour produire de la "démocratie socialiste" immédiatement."
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Nahuel Moreno
La dictature révolutionnaire du prolétariat
VII. Une supposée autocritique de
Trotsky.
4. La position de Trotsky aux débuts de la lutte contre le
stalinisme.
En 1924, Trotsky écrit les Leçons d'Octobre,
où il analyse d'une manière exhaustive le rôle du parti dans la révolution
socialiste, la prise du pouvoir et la dictature révolutionnaire :
"La révolution prolétarien ne peut triompher sans le Parti, à
l'encontre du Parti ou par un succédané de Parti. C'est là le principal
enseignement des dix dernières années. Les syndicats anglais peuvent, il est
vrai, devenir un levier puissant de la révolution prolétarienne ;
ils peuvent, par exemple, dans certaines conditions et pour une
certaine période, remplacer même les Soviets ouvriers. Mais ils ne pourront
jouer ce rôle que si l'influence communiste devient prépondérante en leur
sein. Cette leçon sur le rôle et l'importance du Parti dans la révolution
prolétarienne, nous l'avons payée trop cher pour ne pas la retenir
intégralement" (Trotsky, 1924) [4].
Ces conclusions de Trotsky ont provoqué tant de
polémiques que deux mois plus tard, en novembre de la même année, il s'est vu
obligé à publier un long essai dans le but de réaffirmer ses positions, et
qu'il intitula Nos divergences. Il n'y traite pas uniquement de
la prise du pouvoir, comme on pourrait nous l'objecter : "On me
dit que le parti est nécessaire non seulement pour la prise du pouvoir mais
aussi pour le maintenir, pour construire le socialisme, pour manoeuvrer dans
les négociations internationales. Est-ce que par hasard je ne le saurais pas
assez ?" (Trotsky, 1924) [5].
"J'insiste doublement dans ma préface"
- c'est-à-dire dans les Leçons d'Octobre -,
"sur le fait que la bourgeoisie, lorsqu'elle prit le pouvoir,
bénéficia de toute une série d'avantages en tant que classe, alors que le
prolétariat ne peut compenser l'absence de ces avantages qu'en possédant un
parti révolutionnaire" (Idem) [6]. "
...de même les conditions révolutionnaires les plus favorables ne
peuvent amener le prolétariat à la victoire s'il n'est pas dirigé par un
authentique parti révolutionnaire capable d'assurer la victoire..." (Idem)
[7]. " ...le prolétariat ne peut
même pas utiliser la situation révolutionnaire la plus favorable si
dans la période antérieure, préparatoire, l'avant-garde révolutionnaire du
prolétariat ne s'est pas structurée au sein d'un parti authentiquement
révolutionnaire, c'est-à-dire bolchévique. Ceci est la leçon centrale
d'octobre. Toutes les autres lui sont subordonnées" (Idem) [8]. Et après avoir cité et re-cité le rôle
fondamental du parti communiste, il dit que "c'est l'idée centrale du
léninisme" (Idem) [9].
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