1937

Paru dans La Batalla du 23 avril 1937.

Source: Cité dans J.-P. Joubert : Révolutionnaires de la SFIO.

Téléchargement fichier winzip (compressé) : cliquer sur le format de contenu désiré

Format RTF (Microsoft word) Format PDF (Adobe Acrobat)

Le geste de Marceau Pivert

P.O.U.M.

23 avril 1937


Je m'incline devant votre décision ”. Par ces paroles solennelles, Marceau Pivert a donné son accord à la dissolution de la tendance de gauche qu'il dirigeait au sein du parti socialiste français. L'enfant terrible qui combattait au même titre staliniens et réformistes, baisse la tête devant le sermon de ses anciens et accepte docilement leurs décisions qui signifient la disparition de toute possibilité de radicalisation du parti socialiste, de toute critique de l'œuvre du front populaire. Il n'y a qu'à voir qui a applaudi le geste de Pivert pour se rendre compte de sa signification réelle: L'Humanité en fait un éloge discret, les leaders réformistes reconnaissent sa “ sérénité ” et son “ désir de conciliation ”.

En effet le geste de Pivert a - ou au moins peut avoir - de graves conséquences pour l'avenir du mouvement révolutionnaires en France. Jamais comme aujourd'hui, le prolétariat français n'a à ce point manqué d'un parti révolutionnaire marxiste pour le diriger. Il n'existe que de petits groupes qui se débattent dans leur sectarisme. Seule la Gauche révolutionnaire, par son importance, pouvait arriver à se transformer en germe de ce parti futur. Si Pivert avait accepté le défi de Paul Faure et des vieux réformistes et avait provoqué la scission emmenant avec lui la partie la plus consciente et la plus révolutionnaire des masses du parti socialiste, il aurait fait un grand pas vers la constitution de ce parti marxiste.

La soumission de Pivert, même si elle n'empêche pas la scission - qui est fatale et certaine et se produira peut-être au prochain congrès du parti socialiste - la rend difficile, la retarde et accumule les difficultés de la cristallisation du parti marxiste qui doit guider la classe ouvrière française sur le chemin de la révolution.

Le tremplin de l'orientation à gauche est une tentation. Maintenir des positions révolutionnaires contre une minorité agressive requiert un courage et une fermeté de position dont Pivert a démontré qu'il ne les a pas.


Archives P.O.U.M.
Haut de la page Sommaire P.O.U.M.
Archive A. Nin