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Préface à Réformisme et révolution de Charles Plisnier, 1921. |
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Votre excellente brochure sur le réformisme répond à un besoin dans la période actuelle du mouvement. C'est le réformisme qui a perdu la deuxième Internationale. Il mène directement à la collaboration de classe, à la participation au pouvoir et à l'union sacrée avec « les massacreurs internationaux ».
En effet le réformisme accepte comme base d'action la société capitaliste qu'il cherche à améliorer et à rendre habitable. Comme les partisans du statu quo les plus intelligents comprennent également la nécessité de concessions pour sauver le régime, les réformistes s'allient avec eux et agissent, qu'ils le veuillent ou non, dans la sens de la conservation sociale. Une fois sur le chemin de la collaboration ils ne s'arrêtent plus. Ils se laissent facilement persuader que la participation au pouvoir est le moyen le plus efficace de faire aboutir les réformes.
Le terrain national est le terrain idéal de la collaboration des classes si nécessaire aux réformistes.
Le point de vue national dissimule et masque habilement toute divergence et toute lutte de classe. C'est le moyen classique de diversion contre les luttes sociales. En acceptant la guerre, en y participant activement, les réformistes ont obligés à sacrifier le socialisme au capitalisme. Aujourd'hui ils sont les meilleurs soutiens de la société capitaliste, ses sauveurs. La promesse des réformes partielles est devenue une arme d'asservissement pour le prolétariat en lutte pour son émancipation intégrale. On lui promet de faire relâcher ses chaînes à condition qu'il les conserve éternellement.
On lui veut rendre plus aérée et moins insupportable la prison capitaliste, où il faut qu'il reste prisonnier.
Un révolutionnaire a le droit et le devoir d'arracher à la classe capitaliste des concessions, mais il le fait en combattant la bourgeoisie et non en s'alliant avec elle.
Si le réformisme avant la guerre était déjà une déviation dangereuse, il est devenu après la ruine et le massacre mondial une absurdité. A quoi nous servent les réformes si la vieille battisse capitaliste vermoulue s'écroule sur nos têtes en écrasant tout ensemble réformes et réformistes ?
Mon cher Plisnier, vous avez trouvé des expressions et des arguments excellents pour combattre le réformisme, ce principal obstacle sur la route de la révolution socialiste et je vous en félicite.
Bien à vous.
Paris, le 11 décembre 1920.