1920

Source : num�ro 34/35 du Bulletin communiste (premi�re ann�e), 7 octobre 1920.


La conservation de la sant� en Russie Sovi�tiste

N. A. Semachko


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I. Conditions g�n�rales du travail du Commissariat de l'hygi�ne publique

Le Commissariat de l'hygi�ne publique, cr�� par le d�cret du Conseil des Commissaires du peuple le 21 Juillet 1918, a dress� au mois de juillet 1919 le bilan de son travail annuel.

Les conditions ext�rieures d�favorables dans lesquelles s'accomplit le travail des Commissariats du Peuple se r�percut�rent visiblement sur l'appareil le plus sensible destin� � prot�ger ce que l'homme a de plus cher : sa vie et sa sant�. Le lourd h�ritage qui nous fut l�gu� par le r�gime capitaliste et par la guerre imp�rialiste, tout en entravant l'�uvre de cr�ation sovi�tiste, pesait tr�s lourdement sur l'organisation m�dicale et sanitaire. Les difficult�s rencontr�es d'ans l'approvisionnement, la d�sorganisation �conomique, le blocus de la Russie des Soviets par les imp�rialistes, la guerre civile, � tout cela contrecarrait p�niblement les mesures prises en vue de pr�venir les maladies et de les gu�rir. Il est difficile de mettre en �uvre des mesures sanitaires pr�ventives quand l'alimentation insuffisante affaiblit l'organisme humain et le pr�dispose aux maladies, quand la population manque des objets les plus indispensables � l'accomplissement des proscriptions �l�mentaires de l'hygi�ne ; ou d'organiser un traitement m�dical rationnel, lorsque, gr�ce au blocus maintenu par les � alli�s ï¿½ nous sommes priv�s des m�dicaments les plus indispensables, et que les difficult�s dans l'approvisionnement alimentaire ne nous permettent pas d'organiser de traitement di�t�tique.

Et n�anmoins, l'�tat sanitaire de la Russie Sovi�tiste est en ce moment tout aussi bon et m�me bien meilleur que celui des territoires limitrophes, se trouvant sous le joug des gardes blancs � gouverneurs supr�mes ï¿½ de pays abondamment approvisionn�s et largement pourvus en produits de toutes sortes, en m�dicaments et en personnel m�dical. Cet �t�, la Russie Sovi�tiste n'eut presque pas de cas de chol�ra ; tandis que dans la satrapie de D�nikine, le chol�ra, comparable � un large torrent, fit d'importants ravages. La Russie Sovi�tiste vint, cet �t�, presque compl�tement � bout de l'�pid�mie de typhus. En Sib�rie, en Oural, dans les territoires que nous lib�rons de Koltchak le typhus fait rage ; les prisonniers de l'arm�e de Koltchak sont presque tous infect�s de maladies �pid�miques. Nous avons support� facilement l'�pid�mie de grippe espagnole, bien plus facilement m�me que l'Europe Occidentale ; l'�pid�mie de chol�ra de l'ann�e �coul�e fut relativement courte, et seule l'�pid�mie de typhus rev�tit l'hiver pass� un caract�re assez s�rieux. Les raisons qui font que nous avons lutt� avec suffisamment de succ�s, en d�pit de conditions difficiles, contre les �pid�mies et les maladies, ces satellites in�vitables de la boucherie imp�rialiste � consistent dans les m�thodes nouvelles appliqu�es par le Pouvoir Sovi�tiste.

Les �pid�mies, de tout temps et en tout lieu, exercent surtout leurs ravages parmi les pauvres, parmi les classes laborieuses. Le Pouvoir Sovi�tiste est le pouvoir des travailleurs. En d�fendant les int�r�ts de la classe d�sh�rit�e il prot�ge du m�me coup la sant� du peuple. L'abolition de l'exploitation capitaliste donna la possibilit� d'�tablir le r�glement de la protection sanitaire du travail : elle permit de recourir aux mesures les plus efficaces pour la protection de la maternit� et de l'enfance ; l'abolition de la propri�t� mobili�re et fonci�re permit de r�soudre �quitablement la question des logements : le monopole du pain eut pour r�sultat de permettre en premier lieu la r�partition des r�serves disponibles aux classes laborieuses ; la nationalisation des pharmacies permit de distribuer �galement et �conomiquement les maigres r�serves de m�dicaments, en les arrachant des mains des sp�culateurs, etc... On peut dire que nul autre pourvoir dans les difficiles circonstances actuelles n'aurait pu avoir raison des obstacles incommensurables et apparemment invincibles qui existaient dans le domaine de la protection de la sant� publique. Toutefois, il est encore une circonstance qui facilita notre travail dans ces conditions, c'est la concentration de tout le service m�dical dans les mains d'un seul organe d�ment autoris� : le Commissariat de l'hygi�ne publique. Un seul organe avait �t� cr�� qui mena la lutte selon un plan unifi� avec la plus grande �conomie de forces et de moyens. Cet organe vint remplacer le travail d�sordonn� et fractionn� des institutions diverses, les agissements mal combin�s de plusieurs organes qui s'occupaient de la sant� du peuple. La science et la pratique m�dicale d�montraient depuis longtemps la n�cessit� d'une pareille centralisation du travail en un seul organe comp�tent. Ce sujet fut surtout d�battu tr�s vivement avant la guerre dans des ouvrages sp�ciaux russes et internationaux. Ainsi le m�decin fran�ais Mirman �crivait d�s 1913 dans l'Hygi�ne :

Tr�s souvent il arrive qu'un pr�fet s'int�resse � la sant� publique et veuille se rendre utile. D�sireux d'acqu�rir l'appui du gouvernement, il doit � Paris visiter tous les minist�res et s'entretenir avec tous les chefs de service d'une dizaine d'administrations. Il faut une grande pers�v�rance pour ne pas abandonner la route, pour ne pas jeter le manche apr�s la cogn�e, tant on finit par �tre d�sesp�r� par toutes ces formalit�s. Il s'agit surtout de la lutte contre les maladies sociales, la tuberculose et l'alcoolisme, par exemple. Voyons dans quel d�partement minist�riel peut �tre pr�par�e, commenc�e et organis�e la lutte contre la tuberculose. Elle d�pend actuellement : du minist�re du Travail (logements � bon march�, assurance mutuelle, hygi�ne des ateliers et des magasins), du minist�re de l'Agriculture (hygi�ne de l'alimentation et analyse du lait), du minist�re de l'Int�rieur (prescriptions sanitaires aux communes et d�sinfection), du minist�re de l'Instruction publique (inspection m�dicale des �coles). Lorsque le gouvernement sera interpell� sur les mesures qu'il compte entreprendre pour la d�fense de la race contre son ennemi le plus acharn�, � quatre ministres devront prendre part aux d�bats (sans compter l'arm�e, la marine et les colonies) ; bref, par suite de la distribution des services de l'hygi�ne publique entre les diff�rents minist�res et administrations, il n'y a personne parmi les membres du gouvernement qui soit directement responsable de l'hygi�ne et de la sant� publique. L'organisation d'un minist�re de l'Hygi�ne publique mettra de l'ordre dans ce chaos et cr�era un syst�me au lieu de l'arbitraire actuel.

Cette centralisation de l'�uvre m�dicale fut r�alis�e en Russie par le d�cret du gouvernement sovi�tiste du 21 juillet 1918. Ce d�cret cr�a � le Commissariat de l'Hygi�ne publique ï¿½ nanti de tous les droits d'un minist�re ind�pendant et comprenant les sections suivantes : Section sanitaire-�pid�miologique, Section des traitements m�dicaux, Section pharmaceutique, Section des fournitures m�dicales et g�n�rales, Section de la lutte contre les maladies sociales (maladies v�n�riennes, prostitution et tuberculose), Section de la protection de l'enfance (inspection sanitaire des �coles, soins sp�ciaux aux enfants anormaux, organisation de la culture physique, etc...). Section des services sanitaires militaires et des voies de communication, etc...

L'administration pratique de toute l'�uvre m�dico-sanitaire se trouve entre les mains des organisations ouvri�res des Soviets de D�put�s Ouvriers et D�put�s de l'Arm�e Rouge. Toutes les mesures sanitaires fondamentales se r�alisent avec le concours �nergique des organisations ouvri�res (rappelons, par exemple, les travaux connus de la Commission, travaux ayant rendu les plus inappr�ciables services dans la liquidation du chol�ra et du typhus).

Telles sont les causes fondamentales, cr�atrices de nouvelles conditions dans l'�uvre sanitaire et m�dicale et qui, en d�pit des conditions ext�rieures particuli�rement p�nibles, facilitent le travail. Dans le chapitre suivant, nous donnerons un aper�u sommaire du travail du Commissariat. Ici, nous comparerons, � titre d'exemple concret, l'organisation m�dico-sanitaire de la ville de Moscou d'avant la r�volution d'octobre avec cette m�me organisation dans son �tat actuel, apr�s deux ann�es d'existence du Pouvoir Sovi�tiste.



Avant la r�volution d'octobre :


Etat actuel :

Nombre des lits d'h�pitaux (exclusivement � l'usage de la population civile)

pr�s de


8 000

pr�s de

22 000

Lits sanitaires

''

100 000

''

1 500 000

Ambulances

''

15 000

''

46 000

M�decins sanitaires

''

20 000

''

34 000

Adjoints de ces m�decins

(Il n'y en avait pas.)

''

50 000

M�decins inspecteurs de l'alimentation

pr�s de

10 000

''

29 000

M�decins sanitaires des �coles

''

31 000

''

37 000

Etc.

Il faut y ajouter les nouvelles organisations m�dico-sanitaires cr��es par le Pouvoir Sovi�tiste � l'usage de la population la plus pauvre ; assistance gratuite � domicile (cette question fut � l'ordre du jour pendant 10 ans et avant le mois d'octobre 1917, elle se trouvait encore � l'�tat de discussion). Actuellement, 80 m�decins et pr�s de 160 infirmi�res sont occup�s � cette assistance et sont r�partis dans les diff�rents quartiers de la ville ; il faut aussi citer des postes de secours pour les cas urgents et dans ce but des services permanents de m�decins et d'automobiles sanitaires ont �t� institu�s. Mentionnons encore la lutte r�cemment entreprise contre la tuberculose et la syphilis, en tant que maladies sociales ; une action importante, destin�e � populariser les connaissances sanitaires ; une assistance gratuite et largement organis�e pour les traitements dentaires (10 ambulances avec 25 fauteuils) ; la mise � la port�e de la population de l'assistance psychiatrique (traitements au moyen de rayons) ; la gestion des pharmacies nationalis�es, ainsi que la bonne r�partition de leurs produits, etc...

Et cette �num�ration d'exemples n'�puise pas encore tout ce qui fut nouvellement cr�� par le Pouvoir Sovi�tiste a Moscou dans le domaine de l'hygi�ne publique au cours d'une existence de deux ann�es. Ce qui vient d'�tre mentionn�, se rapporte � la quantit�. Quant � la qualit�, � elle a �t� �galis�e du fait qu'on a fait dispara�tre l'usage qui divisait la m�decine en deux classes : celle dite � de premier ordre ï¿½ pour les riches et de � troisi�me ordre ï¿½ pour les pauvres.

Les meilleurs sp�cialistes de Moscou re�oivent maintenant les malades dans les h�pitaux de la ville ; et l'on peut affirmer qu'il n'y a pas un grand sp�cialiste, � docteur ou professeur, � auquel un habitant quelconque de la capitale sovi�tiste ne puisse s'adresser pour un conseil gratuit.

Cette aide m�dicale est organis�e de fanon semblable, mais naturellement sur une autre �chelle, dans toutes les autres villes.

C'est ainsi que le Pouvoir Sovi�tiste sut organiser l'�uvre m�dico-sanitaire au cours des deux ann�es �coul�es, au milieu de conditions essentiellement d�favorables.

II. Une ann�e de travail

Le d�veloppement du travail du Commissariat de l'Hygi�ne publique, son �uvre organisatrice et la lutte men�e contre les �pid�mies, qui se succ�daient, ont �t� simultan�s. L'�t� dernier, une tourmente de grippe espagnole s'abattit sur toute la Russie. On envoya en divers endroits des commissions � l'effet d'�tudier cette maladie encore peu connue, aussi bien que pour la combattre efficacement ; toute une s�rie de conf�rences scientifiques furent organis�es et des enqu�tes furent men�es sur place. Comme r�sultat de ces �tudes on put constater la parent� de la grippe espagnole avec l'influenza (grippe) ; des ouvrages sp�ciaux furent �dit�s traitant de cette maladie sous une forme scientifique et populaire.

L'�pid�mie de grippe espagnole passa tr�s vite et relativement bien. Beaucoup plus longue et beaucoup plus difficile fut la lutte contre l'�pid�mie de typhus, qui prit une grande extension surtout pendant l'hiver de 1918-1919. Il suffit de dire que jusqu'� l'�t� 1919 pr�s d'un million et demi de personnes furent atteintes de cette maladie. Cette �pid�mie ayant �t� pr�vue, le Commissariat de l'Hygi�ne publique ne fut pas pris au d�pourvu. D�s l'automne de 1918, une s�rie de consultations avec les repr�sentants des sections locales et avec les sp�cialistes bact�riologues avait lieu ; on esquissa le plan de la lutte qui permit d'envoyer en province des instructions pr�cises. On soumit � la ratification du Conseil des Commissaires du Peuple un d�cret sur les mesures � prendre pour la lutte contre le typhus. Des r�unions scientifiques furent organis�es en m�me temps que des exp�riences �taient tent�es avec application d'un s�rum pour pr�venir et traiter le typhus. On �dita de nombreuses brochures scientifiques, des livres populaires et des feuilles concernant le typhus. L'�pid�mie de chol�ra qui s'�tait sensiblement propag�e en �t� et en automne 1918 et qu'on attendait en 1919 ne prit pas cette ann�e d'extension consid�rable, malgr� le danger direct de contamination qui nous venait des troupes de D�nikine o� s�vissait le chol�ra. Comme mesures pr�ventives on purifia l'eau potable (chlorification), en m�me temps que les vaccinations antichol�riques se faisaient sur une plus vaste �chelle. Enfin, un d�cret sur la vaccination obligatoire fut promulgu� et confirm� par le Conseil des Commissaires du Peuple1 le 10 avril 1919, comblant ainsi une lacune capitale de notre l�gislation sanitaire. Ce d�cret eut pour but de pr�venir une �pid�mie de petite v�role qui mena�ait de se d�velopper en 1918-1919 ; pour compl�ter ce d�cret, on �labora des instructions pour les institutions locales, des r�glements sur l'entretien, des �tables pour l'�levage des jeunes veaux destin�s � la pr�paration du vaccin. On assigna pr�s de 5 millions 1/2 pour r�aliser ce d�cret et pr�s de 5 millions de vaccins furent distribu�s contre la petite v�role.

Il �tait mat�riellement impossible, dans notre r�publique isol�e de l'Europe, de se procurer des vaccins m�dicaux et des s�rums. Le Commissariat de l'Hygi�ne publique nationalisa promptement tous les instituts bact�riologiques importants, aussi bien que les �tables o� �taient �lev�s les veaux destin�s � la pr�paration du vaccin ; des �tables sp�ciales furent cr��es (notamment dans le gouvernement de Saratov) : on les mun�t de tout le n�cessaire, on �largit leur travail ; l'approvisionnement de ces institutions en mat�riel n�cessaire fut centralis�, organis� en sorte que, lors des �pid�mies, le pays ne manqua ni de s�rum, ni de vaccin.

Il faut surtout souligner, que toute la lutte pratique contre les �pid�mies se faisait sur de nouveaux principes, � savoir, sur les principes de la participation directe de toute la population et avant tout, des masses ouvri�res et paysannes. M�me les correspondants des journaux bourgeois, s�journant en Russie, durent reconna�tre que le Pouvoir Sovi�tiste luttait contre les �pid�mies d'une fa�on toute nouvelle, en mobilisant pour cela toute la population. Des services irrempla�ables et inestimables furent rendus lors de la lutte contre les �pid�mies par les commissions, surnomm�es � commissions ouvri�res ï¿½, compos�es des repr�sentants de Syndicats, de Comit�s de Fabriques et d'Usines et d'autres organisations prol�tariennes et paysannes. Les Commissions Ouvri�res, affect�es aux sections du Commissariat de l'Hygi�ne publique, veillaient activement au maintien de la propret�, prenaient des mesures �nergiques pour l'organisation des bains de vapeur et des buanderies � l'usage de la population, facilitaient la possibilit� de se procurer de l'eau bouillante pendant l'�pid�mie de chol�ra et travaillaient a la propagande sanitaire.

Le Commissariat de l'Hygi�ne publique, afin de pr�ter un appui financier � ses collaborateurs sur les lieux � assigna aux Comit�s Ex�cutifs locaux pour la lutte contre les �pid�mies 292 millions de roubles du 1er octobre 1918 au 1er octobre 1919.

En vue de pr�venir le d�veloppement des maladies et des �pid�mies � le Commissariat prenait soin de la surveillance sanitaire de l'eau, de l'air et du sol ; il �laborait et appliquait des mesures en cons�quence, s'occupait de questions d'hygi�ne alimentaire, etc... Les soins concernant les logements destin�s � la population laborieuse eurent ici une importance particuli�re. Le Commissariat de l'Hygi�ne publique fit accepter par le Conseil des Commissaires du Peuple le d�cret sur l'inspection sanitaire des habitations, pr�para des inspections et des r�glements relatifs aux logements et organisa des cours pour la pr�paration d'inspecteurs de logements.

Tout le travail anti-�pid�mique et sanitaire �tait men� parall�lement � la propagande sanitaire la plus �nergique au sein des masses populaires ; des brochures furent �dit�es, � Moscou et en province ; des mus�es d'hygi�ne sociale et des expositions sur la conservation de la sant� furent organis�s. Un institut scientifique de l'hygi�ne publique est en cours de pr�paration pour �tre ouvert et le sera tr�s prochainement. On �tudiera dans cet institut les questions scientifiques sanitaires d'hygi�ne et de lutte contre les maladies contagieuses.

Dans le domaine des traitements m�dicaux, le Commissariat s'occupa l'ann�e pass�e de centraliser toutes les institutions m�dicales diss�min�es jusqu'alors dans les divers minist�res et d�partements. Malgr� toutes les conditions d�favorables au d�veloppement de ce genre de traitement ce dernier fut organis� d'apr�s un syst�me uniforme, et en plusieurs endroits non seulement n'en souffrit pas, mais au contraire, s'am�liora et s'�largit ; on fit beaucoup, en particulier, pour obtenir des traitements m�dicaux gratuits et accessibles a tous.

La lutte contre les maladies v�n�riennes et contre la tuberculose fut l'objet d'une attention particuli�re du Commissariat de l'Hygi�ne publique : il cr�a des organes sp�ciaux en province, ouvrit des ambulances ou des h�pitaux pour les malades, intensifia la production des pr�parations sp�ciales pour le traitement de la syphilis (plus de 60 kilogrammes de 606 furent employ�s), accrut le nombre de sanatoria au centre aussi bien qu'en province pour combattre la tuberculose, organisa dans plusieurs endroits des ambulances (dispensaires} et pr�ta une attention particuli�re � la tuberculose infantile. Mais le point capital fut l'entreprise sur une vaste �chelle de l'�uvre de propagande sanitaire, qui donna la possibilit� d'�tablir un lien vivant avec les organisations ouvri�res, ce qui est d'une tr�s grande importance dans la lutte contre les maladies sociales. D�nikine nous coupa des principales villes d'eau du Sud ; toutes les autres villes d'eau, Lipez, Stara�a-Roussa, Elton, Sergievsk, etc., furent largement fr�quent�es par les travailleurs. L�, o� auparavant les bourgeois se soignaient contre l'ob�sit� et contre les cons�quences de la d�bauche, l� o� ils br�laient leur vie par les deux bouts � les ouvriers et les paysans de la Russie Sovi�tiste trouvent maintenant refuge et soulagement.

On sait que la Russie recevait tous ses m�dicaments de l'�tranger (surtout d'Allemagne). Nous n'avions presque pas d'industrie pharmaceutique. On comprend, ais�ment, dans quelle situation catastrophique la Russie Sovi�tiste fut mise par le blocus imp�rialiste. Le Commissariat de l'Hygi�ne publique nationalisa promptement l'industrie et le commerce pharmaceutiques et sauva, gr�ce � cette mesure, les provisions pharmaceutiques du pillage et de la sp�culation. En collaboration avec le Conseil Sup�rieur de l'Economie nationale, on organisa rapidement de nouvelles fabriques, o� la production des m�dicaments fut intensifi�e. Les rem�des furent r�quisitionn�s par dizaines et par centaines de kilogrammes chez les sp�culateurs. Le d�p�t central du Commissariat de l'Hygi�ne publique envoya en province, rien que pour la population civile, au cours de 10 mois (septembre 1918-juin 1919), pour 24 millions et demi de m�dicaments, pour 9 millions de mat�riel de pansement, pour 1 million et demi d'instruments chirurgicaux, presque pour 1 million de toutes sortes de mat�riel pour traitement des malades, pour 1 million et demi de vaccins et de s�rums, pour 300 000 roubles d'appareils de R�ntgen, etc. Et chaque mois, la livraison des fournitures s'accro�t.

Le service militaire sanitaire dans cette guerre, � la diff�rence des autres, fut organis� sur de nouvelles bases. Le pouvoir d'Etat ayant adopt� pour principe la cr�ation d'une m�decine organis�e sur un plan uniforme, devait logiquement inclure le service sanitaire militaire dans l'organisation g�n�rale du Commissariat de l'Hygi�ne publique, en retirant les services sanitaires militaires du ressort imm�diat et exclusif des organes de l'Administration militaire, comme il en avait �t� jusque-l�. Par une telle organisation, une direction uniforme de toute l'�uvre m�dico-sanitaire de la R�publique est assur�e par le Commissariat de l'Hygi�ne publique. Un front sanitaire unique se cr�e dans le pays, ce qui est indispensable surtout pour l'accomplissement syst�matique des mesures anti-�pid�miques.

Une pareille structure donna la possibilit� de sauver l'arm�e des ravages des maladies �pid�miques qui r�gnaient dans le pays (le typhus de famine, le typhus abdominal, le typhus r�current, la petite v�role, la dysenterie, le chol�ra et autres maladies) et cela malgr� les conditions g�n�rales extr�mement difficiles de la p�riode transitoire que nous traversons. Il y eut dans l'arm�e 20 � 30 cas de chol�ra, les cas de typhus de famine atteignirent, avant l'automne, un maximum de 4 � 5 % dans toute l'arm�e, les cas de dysenterie 0,01 %, de typhus r�current pr�s de � %. Le service de sant� militaire se trouva en �tat de pr�parer un grand nombre de lits de malades, bien pourvus mat�riellement, dont la proportion2, par rapport aux effectifs de l'arm�e rouge, est de 1 pour 7. Tous les points d'�vacuation poss�dant plus de 2 000 lits de malades disposent d'h�pitaux ou de sections pour les diff�rents genres d'assistance sp�ciale. Le principe de l'utilisation des m�decins selon leur sp�cialit� se r�alise de jour en jour.

Tous les points d'�vacuation sont pourvus de laboratoires chimico-bact�riologiques. Presque tous disposent d'un cabinet pour traitement par rayons R�ntgen.

Les mesures sanitaires-hygi�niques g�n�rales sont appliqu�es d'une fa�on r�guli�re.

La campagne de vaccination pour la pr�servation du chol�ra et du typhus �gala, sous le rapport du pourcentage, les r�sultats de la campagne 1914-1917.

Pour le traitement des soldats atteints de maladies v�n�riennes, il y a 11 h�pitaux sp�ciaux avec 4 630 places ; de plus, dans 49 h�pitaux, des sections pour ces malades sont install�es ; un traitement d'ambulance a �t� cr�� pour les v�n�riens et la Premi�re Ambulance mod�le du D�partement militaire pour le traitement des maladies cutan�es et v�n�riennes a �t� ouverte. Afin de lutter contre la propagation des maladies v�n�riennes, une campagne active est men�e, au moyen de projections lumineuses, pour faire conna�tre la nature et les dangers de ces maladies.

Pour la premi�re fois, l'assistance dentaire est largement organis�e dans l'arm�e. Il a �t� ouvert dans les circonscriptions militaires 68 ambulances pour le traitement dentaire et 62 sur le front. De plus, des ateliers sp�ciaux sont cr��s pour la pr�paration des r�teliers. La centralisation de toute l'�uvre m�dico-sanitaire dans un seul commissariat sp�cial et autonome permit d'organiser rationnellement le travail du traitement m�dical et le travail sanitaire dans l'ann�e sans porter un pr�judice tant soit peu consid�rable aux int�r�ts de la population civile. Ce principe fut si largement r�alis� que, m�me pendant la mobilisation du personnel m�dical, les int�r�ts de la population civile furent attentivement observ�s et les travailleurs indispensables du corps m�dical furent exempt�s du service � l'arm�e. Pr�s de 25 % des m�decins furent ainsi lib�r�s dans les cas o� on les reconnaissait indispensables.

Le nombre des m�decins mobilis�s et envoy�s au front donne un m�decin sur 300 ou 400 soldats de l'arm�e rouge.

L'�uvre de propagande sanitaire est l'objet d'une attention particuli�re, Dans tous les organes d'administration militaire sanitaire ont �t� introduites des sections ou des personnes charg�es de l'�ducation sanitaire des corps de troupes. On distribue une grande quantit� de litt�rature de propagande sanitaire, on organise des cours, des conf�rences populaires, ainsi que des expositions sanitaires et hygi�niques mobiles et permanentes. On proc�de sur une large �chelle � la pr�paration du personnel m�dical subalterne et secondaire, principalement des s�urs de charit� et des infirmi�res rouges.

La conservation de la sant� des enfants n'occupe nulle part une place plus pr�pond�rante que dans la Russie Sovi�tiste. Non seulement les m�decins mais toute la population est convi�e � cette �uvre. Un Conseil de la Conservation de la sant� des enfants fut cr�� au mois de novembre 1917. Il fut compos� de m�decins du Commissariat de l'Hygi�ne publique et de repr�sentants des organisations prol�tariennes (des syndicats, des Comit�s de fabriques et d'usines), de l'Union de la Jeunesse Communiste et des repr�sentants des masses laborieuses.

L'int�r�t pour la conservation de la sant� des enfants se renfor�a beaucoup parmi les m�decins et p�dagogues gr�ce aux deux congr�s panrusses de l'hygi�ne sanitaire des �coles (au mois de mars et au mois d'ao�t). Partout, � non seulement au centre, mais aussi dans les villes provinciales, � s'ouvrirent des sous-sections pour la conservation de la sant� infantile, sous-sections rattach�es aux sections de l'hygi�ne publique de gouvernements et en majeure partie aux sections de district.

Le travail de la conservation de la sant� infantile se divise en trois branches principales : 1� inspection sanitaire dans toutes les institutions enfantines, dans les �coles, dans les garderies, dans les �coles maternelles, dans les cr�ches, etc. ; 2� culture physique ; 3� classification des enfants d'apr�s l'�tat de leur sant� et leur r�partition parmi les institutions m�dico-p�dagogiques (les �coles foresti�res et les �coles auxiliaires, les colonies pour les enfants moralement d�fectueux, etc.).

Afin que toutes les t�ches concernant la conservation de la sant� des enfants, t�ches que se pose la R�publique Sovi�tiste, soient accomplies d'apr�s un plan d�fini, on organisa au centre, pr�s de la Section, douze institutions mod�les m�dico-p�dagogiques servant � faire conna�tre en province l'�laboration scientifique et pratique des questions et des mesures sur la conservation de la sant� infantile. En octobre 1918, un institut de culture physique avec �coles exp�rimentales (urbaines et suburbaines) fut ouvert pour les enfants physiquement et moralement bien portants. Cet institut est un laboratoire du travail de l'enfance et d'exercices physiques (sport et gymnastique) et en m�me temps un instructeur de l'�ducation ouvri�re socialiste des jeunes g�n�rations. Toutes les exp�riences sur les �coliers sont faites aupr�s de cet institut o� s'�labore pratiquement les processus du travail dans l'�cole unique du travail de la Russie Sovi�tiste. Des cours d'instructeurs d'�ducation physique y sont aussi donn�s.

Les ambulances (des �coles) infantiles sont des organes d'enqu�tes sur les enfants ainsi que des organes de traitement. Ces ambulances classent les enfants dont l'�tat n�cessite un traitement ou un all�gement du programme d'�ducation : a) les enfants malades sont plac�s dans des h�pitaux et dans des �coles-sanatoriums ; b) les enfants faibles et tuberculeux sont dirig�s sur des �coles en plein air (�coles foresti�res, �coles de steppes) ; c) une autre partie est envoy�e dans des �coles auxiliaires et dans des colonies m�dico-�ducatrices. L� o� il y a suffisamment d'�l�ments, les soins dentaires sont donn�s dans des ambulances sp�ciales pour enfants. Dans une ambulance sp�ciale, les enfants tuberculeux sont examin�s par un groupe de m�decins (groupe de la lutte contre la tuberculose). Dispensaires : on y �tudie la vie de famille de l'enfant prol�tarien en m�me temps qu'on lui donne les soins qu'il n�cessite en alimentation (des clubs-r�fectoires sont install�s � cet effet), en v�tements, en chaussures, en m�dicaments, huile de foie de morue, etc.

La Section de la Conservation de la sant� de l'enfance prend pour principe immuable de son action qu'aucun enfant tomb� malade ne doit rester sans recevoir une direction p�dagogique dans une institution correspondante m�dico-p�dagogique. Toutes les institutions destin�es � la lutte contre la d�fectuosit� physique (surdit�, c�cit�), intellectuelle et morale, sont r�unies autour d'un centre g�n�ral � l'Institut de l'Enfant d�bile et retardataire. Cet institut poss�de une section d'observation exp�rimentale et cinq autres institutions, � savoir : une �cole auxiliaire pour les l�gers degr�s de d�fectuosit� intellectuelle, une �cole-h�pital pour les degr�s profonds de d�fectuosit� intellectuelle, une �cole-sanatorium pour les enfants psychiquement malades et les enfants n�vros�s, une colonie m�dicale et d'�ducation et un institut de sourds-muets. Des m�decins et des p�dagogues sp�cialistes enseignent, dans ces institutions, aux futurs p�dagogues l'�ducation des enfants anormaux.

Pour la premi�re fois dans le monde entier et uniquement dans la Russie Sovi�tiste, il fut d�cr�t�, d�s le d�but de 1918, que les enfants �g�s de moins de 18 ans ayant transgress� la loi ne peuvent �tre reconnus criminels, bien que pouvant �tre socialement dangereux et m�me nuisibles � la soci�t�. Ces enfants sont les tristes victimes des conditions anormales d'autrefois, de la soci�t� bourgeoise et n'ont besoin que d'une r��ducation. Les d�lits de ces d�linquants-mineurs ne peuvent �tre jug�s par des juges ordinaires, et ne doivent �tre soumis � exclusivement � qu'� la Commission pour les d�linquants-mineurs avec la participation obligatoire d'un m�decin psychiatre et d'un p�dagogue, ayant les m�mes droits que les repr�sentants de la justice. De pareilles Commissions avec un personnel d'�ducateurs-inspecteurs � domicile sont actuellement cr��es partout, tant dans les villes de gouvernements que dans les villes de districts. Des points de distribution et d'�vacuation sont plac�s aupr�s de ces Commissions. Les enfants-d�linquants sont, de ces points, rendus � leurs parents ou envoy�s dans des colonies m�dicales et d'�ducation. En g�n�ral, comme toutes les autres institutions m�dico-p�dagogiques, les �tablissements pour les enfants d�biles et retardataires sont ouverts dans les villes de gouvernements et dans les villes de districts.

Actuellement sont ouvertes dans beaucoup de villes de gouvernements : des ambulances infantiles (des �coles), des �coles auxiliaires et des colonies pour les enfants moralement d�fectueux. Les �coles foresti�res et les �coles-sanatoriums se rencontrent plus rarement. L'ambulance infantile (des �coles) repr�sente le type de l'institution m�dico-p�dagogique le plus r�pandu dans les villes de district.

De quelle fa�on peut-on r�aliser la conservation de la sant� des enfants dans la p�riode de crise alimentaire que traverse la Russie en ce moment ? La Section de la Conservation de la Sant� infantile attach�e au Commissariat de l'Hygi�ne publique porta d�s son origine la plus s�rieuse attention � la solution de cette question. Au commencement de l'ann�e 1918, le premier convoi des enfants de Petrograd �tait dirig�, par les soins de cette section sur des colonies. La Section partit de ce principe que dans les conditions urbaines, il fallait avant tout assurer la nourriture de l'enfant, et le placer ensuite dans des conditions hygi�niques. Trois commissariats ont �t� appel�s � collaborer � cette grande t�che par le pouvoir sovi�tiste, ce sont : le Commissariat de l'Instruction Publique, le Commissariat de l'Approvisionnement et le Commissariat de l'Hygi�ne publique (organisation des r�fectoires di�t�tiques pour les enfants malades et en convalescence apr�s maladies graves). Le Conseil des Commissaires du Peuple institua l'alimentation infantile gratuite par son d�cret du 17 mai 1919. L'alimentation gratuite des enfants au-dessous de 10 ans est en vigueur dans les deux capitales et dans les rayons industriels des gouvernements non producteurs. Ce d�cret donna naissance � la r�partition socialiste des produits entre les enfants. Mais sans attendre ce d�cret, la Section de la Conservation de la Sant� de l'enfance avait re�u 50 000 000 de roubles en 1919 pour l'alimentation gratuite des enfants.

Au mois de novembre 1918 la Section obtint � cet effet, le pr�l�vement d'un imp�t sp�cial.

Si l'on donne un coup d'�il r�trospectif sur ce qui avant la r�volution avait �t� fait en Russie pour la conservation de la sant� de l'enfance, on peut dire que tout se r�sumait � rien ou presque rien. Le budget de l'Etat ne poss�dait m�me pas de paragraphe sp�cial. Apr�s la r�volution, le jeune pays socialiste se mit avec �nergie � organiser cette action nouvelle. Au cours de deux ann�es, au centre aussi bien qu'en province, on reconnut la n�cessit� de la conservation la plus minutieuse de la sant� des enfants. Ce r�sultat fut atteint en d�pit des conditions difficiles cr��es par la d�sorganisation �conomique. La sant� de l'enfance doit �tre l'�uvre des travailleurs eux-m�mes � voil� le principe de la Russie Sovi�tiste, et il n'est pas moins cher aux ouvriers qu'aux paysans. L'Etat Ouvrier et Paysan porte au plus haut degr� la conservation de la sant� de l'enfance, se rendant compte parfaitement que les jeunes communistes soiit le gage de la future Russie Socialiste � et que seule une g�n�ration saine de corps et d'esprit peut pr�server les conqu�tes de la Grande R�volution Socialiste de Russie et amener le pays � une compl�te r�alisation du r�gime communiste.

Notes

1 Dans Le bulletin communiste �  Conseil des D�put�s du Peuple ï¿½, mais le d�cret dont il est question a �t� adopt� par le Conseil des Commissaires du Peuple.

2 Dans Le bulletin communiste le � pourcentage ï¿½.


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