1921

Source : num�ro 1 du Bulletin communiste (deuxi�me ann�e), 6 janvier 1921.


Les syndicats russes et trois ann�es de dictature du prol�tariat

Mikha�l Tomsky



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Gouverner le pays et r�aliser la dictature du prol�tariat sans liaison intime avec les syndicats, sans leur soutien chaleureux, sans leur travail d�vou� pour l'organisation �conomique et aussi militaire du pays � nous ne l'aurions �videmment jamais pu, non seulement pendant deux ans et demi mais m�me pendant deux mois et demi. (L�nine. La maladie infantile du Communisme.)

L'histoire du mouvement syndical russe, c'est l'histoire de la r�volution russe elle-m�me. Notre mouvement syndical est n� � ne l'oublions pas, dans la temp�te r�volutionnaire de 1905. Il est organiquement li� au mouvement g�n�ral r�volutionnaire du prol�tariat russe. C'est pourquoi il est difficile, il est presque impossible de donner un aper�u sommaire du mouvement syndical en pleine dictature du prol�tariat, au cours de trois ann�es de lutte intense et de travail cr�ateur de toute la classe ouvri�re de Russie, � il est difficile de tracer sommairement l'histoire des syndicats comme celle d'organisations purement ouvri�res. Quelques traits g�n�raux de la p�riode d'avant novembre 1917 suffisent pour caract�riser le r�le des syndicats en Russie et le sens m�me de la r�volution de novembre. Les syndicats et les comit�s des fabriques et des usines ont �t�, comme organisations, la base premi�re essentielle du parti bolchevik encore pendant la lutte d'avant novembre 1917.

D�j� la d�claration du 3-4 juillet 1917, � moment le plus dur pour le Parti, � portait imm�diatement apr�s les signatures du C.C. et du Comit� du Parti de Petrograd celles du Bureau des Syndicats de Petrograd, du Comit� Central des Comit�s des fabriques et des usines et du Groupe Ouvrier du Conseil de Petrograd. La coalition, d�sireuse d'�viter la pression des prol�taires de Petrograd, organise un Conseil de Gouvernement � Moscou (ao�t). Aussit�t le Bureau de Moscou des Syndicats, d'accord avec le Comit� du Parti et contrairement � la d�cision du Conseil de Gouvernement � mencheviste alors � d�clare une gr�ve de protestation. Les fabriques et les usines de Moscou s'arr�tent imm�diatement...

Au Conseil D�mocratique, les repr�sentants des Syndicats protestent �nergiquement au nom de la plupart des syndicats russes contre la politique de compromis � et aussit�t la base des mencheviks et des S. R. se d�place � droite, vers les couches bourgeoises intellectuelles de la Coop�ration.

D�s la fin de septembre et jusqu'au moment du coup d'Etat, toute une s�rie de syndicats r�clament dans leurs conf�rences de d�l�gu�s : l'organisation r�volutionnaire de toute la vie industrielle, le contr�le ouvrier, la fixation du minimum du salaire, etc.

� La lutte �conomique est engag�e ï¿½. d�clare la r�solution des m�tallurgistes de Moscou. Et les syndicats r�clament, eux aussi, une politique �conomique r�volutionnaire dans le sens des int�r�ts du prol�tariat, et ils appellent � la lutte pour le pouvoir...

Et cet appel est entendu, suivi, dans les jours de novembre et d'apr�s novembre. Le Conseil des Syndicats de Petrograd fut l'�tat-major du Comit� de guerre r�volutionnaire de Petrograd.

D�s le premier moment de la formation du Comit� R�volutionnaire, le syndicat des m�tallurgistes de Petrograd met � sa disposition une somme d'argent consid�rable et toute son organisation technique. Dans un des moments les plus critiques de la lutte � Moscou, 10 novembre, une partie du Comit� R�volutionnaire de cette ville �tablit son quartier g�n�ral au syndicat des m�tallurgistes ; il va sans dire que toute l'organisation technique du syndicat fut mise � la disposition du Comit� R�volutionnaire. L'arm�e rouge, elle aussi, a �t� organis�e par les syndicats, et souvent on l'a vue livrer des combats sous le commandement de membres de direction des syndicats.

Le combat est fini... Et le pouvoir nouveau-n� des soviets, � au milieu du sabotage effr�n� des classes cultiv�es, au cours d'une guerre civile ininterrompue, � commence son travail organisateur, s'empare de l'appareil de la vie politique et �conomique, toujours appuy� sur les syndicats et les comit�s des fabriques et des usines.

Le Commissariat du Peuple du Travail, en entier, se forme d'ouvriers et d'employ�s des syndicats. Ce furent les syndicats des travailleurs municipaux, des transports par voie d'eau qui se charg�rent de l'administration de la ville pendant la premi�re p�riode critique. C'�tait un syst�me des plus primitifs, trop peu organis� pour la vie �conomique d'un peuple, mais, pour le moment, c'�tait le seul possible, en cons�quence, le seul � suivre.

D�s la r�volution de novembre, une �re nouvelle commence pour l'histoire du mouvement syndical russe. Des probl�mes sociaux se posent devant les syndicats, probl�mes inconnus jusqu'alors et exigeant la r�vision de principes immuables.

Le probl�me fondamental, celui dont rel�ve toute la tactique des syndicats, est celui de la position � prendre � l'�gard de l'Etat prol�tarien, du Pouvoir Sovi�tiste. Les syndicats imbus d�s leur origine d'hostilit�, de m�fiance � l'�gard de l'Etat bourgeois, se d�velopp�rent sur la base du principe de l'ind�pendance du mouvement syndical par rapport au pouvoir. Principe indiscutable dans le milieu de l'Etat bourgeois. Plac�s dans des conditions nouvelles, les syndicats se virent oblig�s de se tracer une nouvelle ligne de conduite devant te pouvoir sovi�tique. Le premier congr�s des syndicats de toutes les Russies (janvier 1918) dut r�soudre le probl�me. La r�solution prise apr�s des d�bats acharn�s, d�clare : � La politique du gouvernement des ouvriers et des paysans est devenue la politique de la r�organisation socialiste de la soci�t�1. Dans toutes ces questions, les syndicats soutiendront de toutes leurs forces la politique socialiste du pouvoir des soviets qui est celle du Conseil des Commissaires du Peuple ï¿½ (� 5). Et encore : � Les syndicats compl�tement d�velopp�s seront les organes du pouvoir socialiste au cours de la r�volution socialiste actuelle ï¿½...

Ces r�solutions d�termin�rent la tactique des syndicats. Depuis lors elle n'est qu'une collaboration ininterrompue des syndicats avec le pouvoir des soviets, et cela dans tous les domaines du travail socialis�. Plus ce travail commun s'intensifiait, plus l'importance des syndicats dans les masses ouvri�res allait en augmentant, plus grand �tait leur r�le dans l'histoire du pays et dans celle de la r�volution. Le nombre des partisans de l' ï¿½ autonomie des syndicats ï¿½ (mencheviks et S. R.) allait par contre toujours en diminuant.

Une ann�e de lutte en commun des syndicats et du pouvoir sovi�tiste contre la contre-r�volution s'�coula... Une ann�e de travail pour la consolidation et la r�organisation de la vie �conomique du pays. Le second congr�s des syndicats (janvier 1919) en d�veloppant la ligne g�n�rale trac�e par le premier congr�s dans sa r�solution (r�solution du camarade Tomsky) r�sume les r�sultats obtenus et pose devant les syndicats les probl�mes � r�soudre :

Les syndicats seront tenus de prendre une part plus active, plus �nergique, dans le travail du pouvoir sovi�tiste. Ils collaboreront directement dans tous les organes de l'Etat en y exer�ant le contr�le prol�taire ; ils r�soudront, gr�ce � leurs organisations, les probl�mes qui se posent devant le pouvoir sovi�tique. Ils prendront part � la r�organisation des diverses institutions de l'Etat en les rempla�ant peu � peu par des organisations syndicales, par voie de fusion des organes syndicalistes avec les organes du pouvoir.

Et encore :

Les syndicats prendront une part active dans tous les domaines du travail sovi�tiste, ils chercheront � former dans leur milieu les organes de l'Etat. Les syndicats seront tenus de faire l'�ducation des masses ouvri�res, de les pr�parer � gouverner non seulement l'industrie du pays, mais tout l'appareil de l'Etat. Les syndicats seront tenus d'amener � ce travail leurs organisations, ainsi que les dites masses ouvri�res.

En conformit� avec sa ligne g�n�rale, l'activit� des syndicats � dirig�e en commun avec celle du Commissariat du Travail vers le but de r�gulariser et normaliser les conditions du travail � l'activit� des syndicats dans les diff�rents moments de l'histoire de la r�volution se concentre sur les probl�mes g�n�raux de gouvernement qui, pendant la dictature de la classe ouvri�re, sont identiques aux probl�mes sp�ciaux du prol�tariat.

Indiquer le travail auquel les syndicats ont collabor� pendant les trois derni�res ann�es, c'est �num�rer tout simplement tous les domaines de l'activit� de l'Etat. Nous n'indiquerons que le principal.

Les trois ann�es enti�res de l'existence de la R�publique des soviets se sont �coul�es au milieu de la guerre. L'existence m�me de la R�publique et le sort ult�rieur de la classe ouvri�re d�pendant des r�sultats de la guerre, rien d'�tonnant que le travail militaire, le travail pour l'arm�e ait pris une part consid�rable de l'activit� des syndicats. Plus la situation de la R�publique est p�nible au point de vue militaire, plus l'activit� des syndicats se d�roule �nergiquement pour am�liorer l'effort militaire.

Dans les moments de crise aigu�, tout le travail pacifique des syndicats passe au second plan et l'appareil des syndicats s'adapte � l'ex�cution de tel ou tel probl�me militaire que la situation militaire g�n�rale vient � poser. Dans ces moments critiques, les syndicats sont l� pour inciter les masses ouvri�res � l'accomplissement de leur devoir, soit � la d�fense imm�diate de la R�publique, soit � fortifier l'arri�re de l'arm�e. Outre le soutien moral par voie de propagande dans les assembl�es et la presse syndicaliste, les syndicats se chargent de r�soudre tel probl�me militaire des plus essentiels. En 1917 et au d�but de 1918, les syndicats prennent une part active � l'organisation de la garde rouge, � la mobilisation du mat�riel de guerre et a l'organisation des h�pitaux militaires et des trains sanitaires. La r�solution de la IVe conf�rence des syndicats (mars 1918), r�unie au moment o� l'on allait signer la paix de Brest, pose devant les syndicats la t�che que voici : � Prendre une part active � la reconstitution des forces militaires du pays ï¿½...

L'arm�e rouge remplace la garde rouge ; le volontariat est remplac� par la mobilisation r�guli�re. Une arm�e ouvri�re est en train de se former. Il faut la consolider, la cimenter en y introduisant des prol�taires conscients. Le Parti Communiste et les syndicats sont les deux forces sur lesquelles se base le pouvoir sovi�tiste. Elles donnent � l'arm�e rouge des cadres d'ouvriers disciplin�s et conscients, d�vou�s � la cause des soviets. La d�b�cle du gouvernement de Samara2, voil� la r�sultat imm�diat de ce travail.

Au d�but du mois d'avril 1919, la r�gion de la Volga, menac�e par les bandes de Koltchak, est en danger imminent. Le 11 avril, le Conseil Central des syndicats panrusses se r�unit. L�nine y lit un rapport. Le conseil des syndicats prend la d�cision de soutenir la mobilisation par tous les moyens possibles, de convoquer les professionnels militaires, d'�tablir des m�thodes de propagande parmi les soldats et d'organiser des comit�s qui assurent le succ�s de la mobilisation. � Moscou, en un seul jour, les syndicats arrivent � organiser 60 meetings, � lancer une s�rie de proclamations. Les syndicats d�clarent la mobilisation volontaire de 10 % de leurs membres. Une s�rie de d�p�ches relatives � cette mobilisation, envoy�es au Conseil Central des syndicats, t�moignent du r�le de ces derniers dans la lutte engag�e avec Koltchak3.

La lutte ininterrompue contre Koltchak exigea la mobilisation de tous les ouvriers et de tous les travailleurs de 18 � 40 ans (juillet). Le syst�me de convocation, conform�ment au d�cret du Conseil de D�fense, fut �labor� par le Conseil Sup�rieur d'Economie Nationale, par le Conseil Central des syndicats et par le Comit� de Guerre R�volutionnaire Panrusse.

La Commission Centrale charg�e d'organiser la mobilisation fut form�e par le Conseil Central des syndicats et toute la mobilisation fut r�alis�e surtout par les syndicats m�mes.

Koltchak est repouss�, mais Denikine menace alors Orel et Toula. �a sont encore les syndicats qui envoient leurs meilleurs travailleurs pour renforcer l'arm�e du front. Epuis�s par les mobilisations successives, les syndicats trouvent cependant des forces nouvelles.

Denikine est battu, mais voici que 1920 am�ne l'offensive polonaise et les syndicats donnent encore une fois 5 000 de leurs meilleurs travailleurs pour renforcer les fronts de Pologne et de Wrangel.

Mais � part la contre-r�volution et l'Entente, la r�volution ouvri�re a encore un ennemi � le roi Famine. La lutte contre la famine, la r�quisition des bl�s, la r�gularisation du ravitaillement, voil� quelques-uns des probl�mes principaux de la r�volution prol�tarienne et les syndicats ont �t� oblig�s d'y porter plus d'attention, peut-�tre, qu'aux probl�mes de la guerre. Le Bureau d'approvisionnement militaire du Conseil Central des syndicats, organis� au moment le plus aigu de la crise du ravitaillement et ayant pour but de mobiliser les membres des syndicats pour des travaux militaires et pour la r�quisition des bl�s, s'est transform� peu � peu en organe de mobilisation et de r�partition des membres des syndicats par d�tachements de ravitaillement. Durant les deux ann�es de son existence, le Bureau d'approvisionnement militaire (organis� en septembre 1918) a mobilis� et r�parti sur le territoire de la Russie sovi�tique plus de 30 000 travailleurs occup�s actuellement � divers travaux d'approvisionnement. Quelques-uns sont m�me membres des comit�s de ravitaillement de gouvernements. C'est en envoyant la masse des ouvriers conscients vers les r�gions fertiles, afin qu'en effectuant les op�rations de ravitaillement ils fassent en m�me temps �uvre d'agitateurs et de ma�tres de village partout o� ils passeront, ce n'est qu'en agissant de cette fa�on qu'on peut gagner la campagne et s'y procurer tout le bl� n�cessaire aux affam�s des villes. C'est justement ce travail qu'ont commenc� et que poursuivent les syndicats de la Russie sovi�tique.

Quoique les syndicats prennent une part active aux affaires militaires et d'approvisionnement, plut�t �loign�es des int�r�ts et des conditions du travail proprement dit, leur action principale a �t� dirig�e vers la r�glementation des conditions de travail, du salaire et de l'organisation de la vie �conomique.

L'une des revendications des syndicats avant la r�volution de novembre avait �t� r�tablissement d'un taux des salaires par les soviets d'ouvriers, et un des premiers d�crets des organes sovi�tiques locaux fut en effet celui qui fixait les salaires r�glementaires. Le nouveau Commissariat du Travail fut organis� par les syndicats conform�ment aux principes du nouveau r�gime. Sa politique fut diam�tralement oppos�e � celle de son pr�d�cesseur, le Minist�re du Travail du temps de la coalition. Au lieu de la politique d'att�nuation de la lutte entre le travail et le capital, politique qui d�coulait logiquement du programme g�n�ral de ce gouvernement d'union des classes, le gouvernement de la dictature du prol�tariat et son Commissariat du Travail ne pouvaient suivre qu'une ligne politique, celle de leur classe. Et les seules organisations qui pouvaient y �tre adapt�es, sur lesquelles on p�t s'appuyer et qui, � leur tour, �taient capables de fixer et de diriger cette politique, furent justement les syndicats.

La fixation des tarifs fut remise d�s les premiers jours de la r�volution aux syndicats, qui commenc�rent par r�tablir les salaires dans les diff�rentes industries, puis fix�rent des tarifs communs pour toute une s�rie de r�gions et finirent par d�cr�ter un seul tarif panrusse, modifi� par des primes � la production.

Le tarif m�me, de simple r�gulateur des salaires qu'il �tait, est devenu un facteur puissant, un stimulant de la production et de l'organisation de la vie �conomique. Il influen�a peu � peu toutes les branches du travail et arriva finalement � r�gler la consommation des producteurs. Il est vrai qu'il reste encore beaucoup � faire, les syndicats ayant � soutenir une lutte acharn�e contre les changements de tarifs et surtout contre le � march� libre ï¿½. Mais le travail gigantesque d�j� accompli est la meilleure garantie du succ�s.

En lan�ant le mot d'ordre, � contr�le et r�glementation de la production par les ouvriers m�mes ï¿½, les syndicats ne mettaient cependant pas au second plan une autre question d'ordre capital, celle de l'organisation �conomique. Le contr�le de la production, transform� plus tard en nationalisation de toute l'industrie, ne put �tre r�alis� qu'avec l'aide active des organisations ouvri�res, dirig�es par les syndicats. Le contr�le ouvrier d�montra la n�cessit� de la centralisation, de la prise en compte et de la distribution des mati�res premi�res par l'Etat m�me. Par cons�quent, les syndicats et le gouvernement des soviets furent oblig�s de nationaliser l'industrie ainsi que toutes ses administrations. Le Conseil Sup�rieur d'Economie Nationale, organis� sur la base de la plus directe collaboration avec les syndicats, fut d'abord un Conseil Economique, ayant pour but de r�gler et coordonner les travaux des institutions surgies pendant la guerre ; peu � peu, il se transforma en organe dirigeant toute l'industrie et concentrant toutes les forces mat�rielles et intellectuelles des syndicats. Il est clair que le Conseil Sup�rieur d'�conomie Nationale menant une politique hostile aux int�r�ts des classes privil�gi�es devait n�cessairement s'appuyer sur les syndicats et agir avec leur aide et sous leur contr�le. Organis� par les syndicats, il est jusque aujourd'hui bas� sur eux. Depuis l'administration m�me du Conseil Sup�rieur jusqu'aux directions des usines, tout est organis� apr�s accord avec les syndicats.

�num�rer tout ce qui a �t� fait par les syndicats pour l'organisation de l'�conomie nationale �quivaudrait � �crire l'histoire du d�veloppement et de l'organisation de l'industrie nationalis�e. Si l'on songe seulement que les assembl�es panrusses et locales du Conseil Sup�rieur de l'Economie Nationale sont compos�es principalement de repr�sentants des syndicats, que presque tous les postes de direction dans l'industrie sont occup�s par ces m�mes repr�sentants, le r�le des syndicats dans la reconstitution de l'Economie Nationale durant la dictature du prol�tariat appara�t clairement. On peut dire que plus l'Etat sovi�tique est solide, plus grande a �t� la part des syndicats dans son organisation. D'autre part, le fait m�me que les syndicats parviennent � s'incorporer dans l'organisme de l'Etat et commencent � s'occuper activement et en permanence, des probl�mes d'organisation, ce fait, disons-nous, peut �tre consid�r� comme le sympt�me le plus concluant de l'affermissement de la dictature du prol�tariat. Et si le programme communiste adopt� par la VIIIe assembl�e du Parti proclame que les syndicats doivent r�unir autour d'eux tous les travailleurs sans exception, et devenir la base du pouvoir sovi�tique dans la reconstitution de l'�conomie publique, la IXe assembl�e du Parti conclut : � En prenant cette voie, les syndicats r�alisent leur fonction principale, la fonction de direction �conomique. En s'assimilant aux organisations sovi�tiques ils deviennent la base fondamentale des organismes �conomiques de l'Etat ï¿½.

Nous voyons que durant ces trois ann�es de travail les syndicats ne se sont pas born�s � agir exclusivement dans le domaine de l'organisation �conomique. Ils ont toujours dirig� toute la force de leur organisation du c�t� o� l'exigeaient le moment et les int�r�ts de la classe ouvri�re. En somme, les syndicats ont p�n�tr� toutes les institutions sovi�tiques en commen�ant par le Comit� Central Ex�cutif Panrusse des soviets, le Conseil des Commissaires du Peuple, et le Conseil de la D�fense, et sont devenus une partie int�grante de l'organisme dirigeant de la ouvri�re. Il est vrai que les travaux d'Etat et surtout la guerre ont absorb� aux syndicats des forces consid�rables et troubl� maintes fois le travail le plus indispensables. Mais pas une fois ce travail ne fut compl�tement interrompu. Le mouvement syndical suit une politique de concentration et de centralisation entra�nant sans arr�t des masses de plus en plus nombreuses dans les conf�d�rations syndicales. Quelques chiffres le d�montrent d'une fa�on concluante :


Nombre des membres Nombre des conf�d�rations panrusses
1917 � IIIe Conf�rence 1 475 429 -
1918 - Ire assembl�e panrusse 2 638 812 19
1919 � IIe assembl�e panrusse 3 422 000 30
1920 � IIIe assembl�e panrusse 4 326 000 32



et enfin au moment actuel, d'apr�s les chiffres dont dispose le Conseil Central panrusse des syndicats, le nombre des membres s'�l�ve d�j� � 6 000 000.

Si l'on pense � l'immense travail d�j� fait pour : 1� la reconstruction et l'assimilation des syndicats affili�s ; 2� l'organisation de conf�d�rations syndicales ralliant tous les syndicats des districts ou r�gions, on se rendra compte de l'immense d�veloppement politique et organisateur des syndicats durant ces trois ann�es de dictature du prol�tariat.

Il est vrai que l'�volution de l'appareil syndical est rest�e en arri�re par rapport � leur d�veloppement g�n�ral. Il est vrai aussi que souvent, par suite du d�part des meilleurs travailleurs au front, la vie syndicaliste devint moins intense. Mais toujours de nouvelles masses de travailleurs arrivent en renfort dans les organisations syndicales et forment de nouveaux cadres de combattants.

En jetant un coup d'�il sur le chemin parcouru pendant ces trois ann�es de dictature du prol�tariat, les syndicats de la Russie sovi�tique peuvent se dire : � Nous avons pris part avec toute la classe ouvri�re et son parti � la construction de notre Etat ouvrier, nous avons combattu pour lui contre les oppresseurs du monde entier, nous sommes all�s l� o� nous appelaient les int�r�ts et les devoirs de notre classe et nous avons fait tout ce qui �tait n�cessaire. En croissant avec la r�volution, en donnant notre sang pour elle, nous avons r�solu les probl�mes les plus difficiles et vaincu les ennemis les plus puissants. ï¿½

Notes

1 R�solution sur le rapport de Zinoviev : � R�solutions des conf�rences et des Congr�s des Syndicats de toutes les Russies ï¿½. � Edition du Conseil des Syndicats de P�trograd, r�dacteur Tsip�rovitch. (Note de Tomsky)

2 Autre nom du Komoutch (Comit� des membres de l'Assembl�e constituante), contre-r�volutionnaire, dirig� par des S. R. de droite. (Note de la MIA)

3 Voir le compte rendu du Conseil Central Panrusse des syndicats, 1919. N. Glebov. Edition du C. C. des syndicats. (Note de Tomsky)


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