1930 |
août 1930 : le combat pour unifier et souder l'Opposition de Gauche Internationale face à la montée de la bureaucratie stalinienne. |
Œuvres - août 1930
Lettre à G. Rosenthal
Cher camarade Gérard,
Votre lettre du 29 juillet.
1 . Votre découverte dans les archives de Magdeleine Marx est tout à fait étonnante . La seule chose qui reste maintenant, est d'exiger de R(ieder) la liste des traités conclus et de lui déclarer formellement et par écrit que, pour tous les autres pays, je suis en pourparlers avec des maisons différentes et que je veux conclure immédiatement. C'est pourquoi je l'invite à cesser toute activité en ce domaine.
2 . Je ne crois pas non plus qu'il serait raisonnable d'entamer maintenant un procès pour les droits étrangers. La chose est compromise matériellement jusqu'au bout, surtout par la négligence de Magdeleine Marx. Mais ce qu'il faut assurer, c'est la suppression des notes pour les nouvelles éditions. Ne croyez-vous pas que je pourrais m'adresser à quelque grand journal littéraire avec un grand tirage par une lettre formelle de dix lignes déclarant que les notes de Parijanine sont pour la plupart fausses et inutilisables et qu'elles sont publiées contre ma protestation formelle ?
3 . Sur le tournant du parti: c'est depuis quelques mois que je ne suis pas la politique française ni ne reçois même pas l'Humanité. Mais la question dont vous parlez est très importante. S'il y a là-dessus une désorientation parallèle dans le parti comme dans l'opposition ou dans les cercles sympathisants avec l'Opposition, c'est plutôt nous qui perdrons parce que nous sommes les plus faibles et nous ne pourrons gagner dans chaque situation que par la clarté et la netteté.
Il est bien possible que le moment soit indiqué pour une manœuvre tactique vers la direction de la base du parti. Par exemple: une lettre ouverte aux communistes où l'on énumère les nouvelles affirmations du parti qui coïncident avec nos critiques antérieures, qualifiées, il y a quelques mois, par les mêmes dirigeants de menchevistes, etc. La lettre ouverte pourrait aboutir à la conclusion que la nouvelle expérience démontre de nouveau que les ouvriers communistes dans le parti ne pourraient que gagner si les communistes de la Ligue travaillaient avec eux dans les mêmes rangs. Naturellement, la lettre devrait faire un sommaire des divergences qui restent et qui vont renaître. Mais son but ne devrait pas être d'exposer des divergences mais au contraire de démontrer des coïncidences importantes qui désavouent les arguments pour l'exclusion de l'Opposition.
Etant donné que la nouvelle politique du parti ne s'est pas encore précisée, cela veut dire qu'il n'a pas encore découvert son talon d'Achille, nous avons le plus grand intérêt à transporter notre lutte contre l'appareil sur le terrain du régime du parti. La proposition est un peu vague, parce que - je le répète - je ne suis pas au courant. Causez là-dessus avec d'autres camarades.