1931 |
Octobre 1931 : un nouveau projet éditorial, la crise de la section française de l'Opposition de Gauche, l'intervention en Allemagne. Le combat de Trotsky au jour le jour. |
Œuvres - Octobre 1931
Lettre à A. Treint
Cher camarade Treint,
Je me réjouis bien sincèrement d'apprendre votre adhésion à la Ligue et j'espère qu'il n'en sortira que du bien.
La démarche de la Conférence concernant la réintégration dans le P.C. est excellente. Le dessein de Sémard et du C.C. est évident : diviser l'Opposition, faire capituler quelques-uns et repousser les adhésions. Si le CC. avait pu ne s'inspirer que des intérêts du communisme en France, la réintégration serait déjà une chose acquise. Mais Staline ne permettra jamais la réintégration de l'Opposition et les bureaucrates inféodés à la clique stalinienne s'inclineront. Mais la démarche peut très bien nous rapprocher de la base, c'est déjà démontré par la réunion dont vous me faites communication.
Il m'est bien difficile de me prononcer sur votre proposition concernant les bordighistes. Mon expérience personnelle n'est pas encourageante. Leur développement idéologique s'est arrêté en 1925. Depuis, ils se sont nourris par des réminiscences et des hypothèses vagues. Ils remplacent la vie idéologique de l'Opposition par la discipline sévère de secte, ils ne participent pas à la vie idéologique de l'Opposition, en lui opposant l'esprit d'une petite aristocratie messianique. Ils se contentent d'être une tendance purement nationale. Sur le plan international, ils ont démontré leur inclination de se coaliser contre nous avec tous les confusionnistes possibles : Overstraeten, Landau, Urbahns. En appartenant à la Ligue, ils s'obligent eux-mêmes (illisible - NdE). Cela signifie superposer la discipline nationale à la discipline internationale. Tous ces traits sont très dangereux. Je serai très heureux de trouver le moyen de les faire se rapprocher de nous, mais la question immédiate, c'est de ne pas les laisser décomposer la Ligue.
Sur le livre à écrire, j'interroge aujourd'hui l'éditeur allemand. Je vous communiquerai la réponse sans retard.
Je suis heureux que vous n'ayez pas emporté de souvenir fâcheux. Mes " attaques " n'étaient pas dictées - vous n'en doutez pas, j'en suis sûr - par quelque prétention personnelle, mais sont au contraire par l'intérêt de la cause commune, comme je le comprends.
Mes meilleurs saluts pour la camarade Nelly et pour vous de moi et de tous les nôtres.