Cher Camarade Cohn,

Il y a longtemps que je vous dois des remerciements sincères pour tout ce que vous avez fait en vue de la légalisation de mon fils et de ma fille. Tous deux m'ont écrit à plusieurs reprises pour me dire avec quelle chaleur vous vous étiez occupé de leur affaire.

Permettez-moi, à cette occasion, de vous dire que, malgré mes profondes divergences politiques, je garde le meilleur souvenir de nos rencontres au cours desquelles Karl Liebknecht fut le plus souvent notre trait d'union. Il me semble que c'est au congrès d'Iéna d'avant la guerre que nous nous sommes vu et parlé pour la dernière fois. Je me souviens très bien que Scheidemann, dans son rapport, fit quelques plaisanteries à propos de votre nom et que vous lui avez répondu assez vertement. A la sortie de ce congrès, Karl Liebknecht s'adressa à vous en ma présence en vous demandant s'il pouvait vous emprunter 40 marks. Je mentionne ces détails sans grande importance car ils me sont restés en mémoire dans toute leur fraîcheur. Cela ne voudrait-il pas dire que l'on se met à vieillir ?

Recevez à nouveau mes remerciements les plus chaleureux. Je serais fort heureux de pouvoir un jour vous être utile, à vous-même ou à l'un de vos proches.