1932 |
Edition établie d'après les documents laissés par le regretté Pierre Broué, résultats de travaux à la Houghton Library, pour les "Oeuvres" de Léon Trotsky en français. |
Chers Camarades,
J'ai déjà fait savoir au camarade Herbert Solow que nous serons tous heureux de le voir chez nous. J'espère qu'il s'arrêtera quelque temps chez nous lors de son voyage de retour et que ce contact renoué ne sera pas sans utilité pour notre cause commune.
Je dois encore vous informer que le camarade Field et sa femme, quî séjournent actuellement en Europe, ont exprimé le souhait de venir pour quelque temps à Prinkipo. Je ne connais pas l'ensemble des divergences qui ont mené à la rupture. Je ne crois pas toutefois qu'il me soit possible de répondre par la négative à la demande de ces camarades (l'affaire est semblable à celle de Weisbord). Mais vous pouvez à cet égard être tout à fait rassurés : je n'entreprendrai pas la moindre démarche qui puisse vous mettre dans l'embarras ou porter la moindre atteinte à votre autorité. D'ailleurs, d'après les informations des camarades de Berlin, J'ai l'impression que les Field se rendent clairement compte de la situation, c'est-à-dire qu'ils comprennent bien qu'on ne peut modifier par des conversations à Prinkipo un état de choses que leurs activités à New-York ont porté à la rupture.
Nous attendons ici d'un jour à l'autre l'arrivée d'Eastman et de sa femme. Ce qui fait que va pouvoir se reconstituer ici, dans le courant du mois de juillet, une petite colonie américaine. Je tenterai de tirer parti des circonstances pour approfondir ma connaissance des affaires américaines, afin de pouvoir vous assister à l'avenir avec plus d'efficacité,
J'attends avec grand intérêt les décisions de votre dernier plénum. Pour autant que je puisse en juger à travers les lettres des camarades Shachtman et Glotzer, ce plénum s'est déroulé de la meilleure façon possible : une prise de position claire et, en plus, à l'unanimité.