Büyükada

17 septembre 1932

Cher camarade Weinberg

1) J'étais allié à Radek lorsqu'il appartenait à l'Opposition de gauche. Radek appartenait aussi au groupe de la Gauche de Zimmerwald. Dans la question syndicale, en 1921, Radek marcha avec Lénine contre moi. Mais on ne choisit pas ses compagnons de combat d'après leur personnalité, le choix est déterminé par des communautés d'idées.

Par ailleurs, il est entièrement faux que Radek ait jamais eu entre ses mains toute la direction organisationnelle de l'Opposition de gauche. Radek n'est, de façon générale, nullement en état de diriger l'organisation de quoi que ce soit. Il est journaliste et seulement journaliste, et il n'a jamais rien en à voir avec la direction organisationnelle de l'Opposition de gauche.

2) Les chapitres finaux de la brochure ainsi que la préface ont été expédié hier. Dans I'un des chapitres je prends également position aux la question du fascisme "à froid".

Je ne vois pas très clairement de quels volumes de Riazanov vous parlez. Veuillez m'indiquer plus clairement ce dont il s'agit et je pourrai alors vous dire si je les possède. Cette question m'interroge au plus haut point.

3) Dans le combat idéologique et politique, l'ironie est une arme parmi d'autres. Il est exact que les gens qui répugnent aux idées critiques ressentent de façon particulièrement désagréable le ton ironique, car il menace leur conservatisme. Mais quand les faits eux-mêmes viennent donner force à la critique, la critique ne manque pas de produire son effet, car elle aide à rendre ridicules les anciennes idoles et les idées fausses.

Je ne nie pas pour autant que dans mes écrit il eût mieux valu parfois éviter telle ou telle phrase ironique. Mais je suis hélas contraint d'écrire ici dans une atmosphère d'isolement de sorte que je ne suis pas en état d'observer l'effet direct de mes écrits sur les travailleurs, et donc de me contrôler moi-même.

Avec mes meilleures salutations communistes.