Büyükada, 23 septembre 1932

Cher camarade Seipold,

Merci pour les documents que vous m'avez envoyée et que j'ai bien reçus. Comme m'en assure le camarade Schüssler mon horoscope est bien sombre ; moi-même, je n'ai pas eu le temps d'y jeter un coup d'oeil. On ne peut rien y faire.

Vous vous plaignez que certaines questions demeurent encore obscures. Tout homme un peu honnête peut émettre la même plainte. Un ornithologue allemand - je crois qu'il s'appelait Stein ou quelque chose dans ce genre, étudia 50 ans les canards et à la fin de sa vie il écrivit à peu près ceci : si je pouvais me consacrer encore 50 ans à cette étude, peut-être finirais-je par comprendre quelque chose aux canards". On éprouve cette même impression dans tous les domaines.

Ce cher gouvernement tchécoslovaque a monopolisé mon temps des mois durant par des demandes de renseignements, des conditions posées, etc. pour en venir au bout du compte à ce par quoi il aurait dû commencer. Il doit y avoir quelque chose de vrai dans l'horoscope.

Vous parlez de votre cure, mais ne dites mot de ses effets. À l'occasion, tenez-nous au courant.

Ce serait vraiment bien si l'on pouvait augmenter la pagination de la "Permanente Révolution", la sortir sur six pages par exemple. La parution maintenant régulière du journal permettrait sûrement de collecter des annonces publicitaires, afin d'élargir la surface rédactionnelle. Veuillez en parler avec d'autres camarades.