Œuvres – mars 1936

Léon Trotsky

22 mars 1936

Lettre au SI

[Un abus de confiance]

Chers Camarades,

Ma lettre à un partisan de La Commune [1] n'était nullement adressée à Meichler [2], elle avait un caractère purement privé et n'a été transmise au secrétariat international que de manière confidentielle. Le camarade Naville a commis le pire abus de confiance et, par là même, induit en erreur la confé­rence de La Commune en citant le nom de Meichler [3]. Ce sont là les plus pures méthodes de Molinier, sauf qu'elles ne sont pas employées à chaud, mais à une température au-dessous de zéro.

Il me faut savoir si Naville a commis cet inqualifiable abus de confiance de son propre chef ou, ce que je ne peux absolument pas croire, si c'est avec l'assentiment du comité central de la section française. Dans le premier cas, il me faut exiger que le comité central prenne officiellement position sur le comportement de Naville. Je me vois malheureusement contraint d'interrompre la correspondance en cours avec le comité central tant que cette affaire n'aura pas été réglée [4].

Notes

[1] Il s'agit de la lettre adressée par Trotsky à Henri Molinier le 1" mars. Trotsky en avait envoyé copie au S.I. le 4 mars.

[2] Jean MEICHLER (1898-1941) était un proche camarade de Ray­mond Molinier qui avait accompagné Trotsky en 1933 dans un de ses voyages à travers la France ; mais il n'avait pas correspondu avec lui.

[3] Naville avait été délégué par le C.C. du G.B.L. à la confé­rence des partisans de La Commune du 7 mars. Il avait utilisé la lettre en question pour faire pression sur les congressistes et leur démontrer sans doute qu'ils n'avaient rien à attendre du côté de Trotsky. En outre, Trotsky n'ayant pas précisé au S.I. le nom du destinataire, il s'était trompé en indiquant qu'elle avait été adressée à Meichler.

[4] Ce geste exceptionnel ne marquait pourtant pas le sommet de la crise de la section française, puisque le comité central était solidaire de Naville.