1937 |
Dans la période des procès de Moscou, afin de tenter de faire prévaloir la vérité, fut constituée une Commission d'enquête sous la présidence du philosophe et pédagogue libéral américain John Dewey. Ce texte est un exposé fait par Trotsky, à Mexico, le 17 avril 1937, au cours de la 13e séance de la commission préliminaire d'enquête sur le cas de L. Trotsky. II a été publié dans le livre " The case of L. Trotsky " (éditions Harpers Brothers, New-York) qui contient le procès-verbal intégral des travaux de cette commission et ses conclusions, à savoir que les accusations de Moscou n'étaient pas fondées. |
Œuvres – avril 1937
Dans son intervention finale du 28 janvier 1937 [1] Vichinsky a dit: " Trotsky et les trotskystes ont toujours été les agents du capitalisme au sein du mouvement ouvrier ". Vichinsky a dénoncé " le visage réel, le vrai visage du " Trotskysme – ce vieil ennemi des ouvriers et des paysans, ce vieil ennemi du Socialisme, serviteur loyal du capitalisme ". Il a esquissé l'histoire du " Trotskysme " qui passa la plus grande partie de ses quelques trente ans d'existence à se préparer pour sa conversion finale en un détachement enragé du fascisme, en un des services de la police fasciste ".
Tandis que les journalistes étrangers du Guépéou (dans le " Daily Worker ", les " New Masses ", etc.) usaient leur énergie pour tacher d'expliquer, à l'aide d'hypothèses cousues de fil blanc et d'analogies historiques, comment un marxiste révolutionnaire peut se changer en fasciste dans la sixième décade de sa vie, Vichinsky aborde la question d'une manière entièrement différente : Trotsky a toujours été un agent du capitalisme et un ennemi des ouvriers et des paysans; pendant trente et quelques années il s'est préparé à devenir un agent du fascisme. Vichinsky dit maintenant ce que les journalistes des " New Masses " vont dire, eux aussi, mais plus tard. C'est pourquoi je préfère m'occuper de Vichinsky. Aux assertions catégoriques du Procureur de l'U.R.S.S., j'oppose les faits, également catégoriques, de ma vie.
Vichinsky se trompe quand il parle de mes trente années de préparation au fascisme. Mais ce ne sont ni les faits, ni l'arithmétique, ni la chronologie, et encore moins la logique qui sont les points forts de cette accusation. En réalité, depuis le mois passé il y a quarante ans révolus que je participe sans interruption au mouvement de la classe ouvrière sous la bannière du marxisme.
A dix-huit ans j'organisais l'Union Ouvrière de la Russie du Sud, organisation clandestine qui comprenait plus de 200 ouvriers. J'éditai un journal révolutionnaire polycopié, le " Nache Delo " (Notre Cause). Pendant mon premier exil en Sibérie (1900-1902), je participai à la création de l'Union Sibérienne de Lutte pour l'Emancipation de la Classe Ouvrière. Après ma première évasion è l'étranger, je devins membre de l'organisation social-démocrate " l'Iskra " dirigée par Plekhanov, Lénine et quelques autres. En 1905, j'assumai des fonctions dirigeantes dans le premier Soviet des Députés Ouvriers de Petersburg. J'ai passé quatre ans et demi en prison, j'ai été deux fois exilé, en Sibérie où j'ai passé deux ans et demi environ. Je me suis évadé deux fois de Sibérie. En deux périodes, j'ai passé quelque douze ans en exil sous le tsarisme. En 1915, en Allemagne, je fus condamné à la prison par contumace pour mes activités contre la guerre. Je fus expulsé de France pour le même " crime ", arrêté en Espagne et interné par le gouvernement britannique dans un camp de concentration canadien. C'est de cette manière que je remplissais mes fonctions " d'agent du capitalisme ".
La version des historiens staliniens, suivant laquelle j'aurais été un menchevik jusqu'en 1917, n'est qu'une de leurs falsifications habituelles. Depuis le jour où le bolchevisme et le menchevisme prirent forme politiquement et organisationnellement (1904), je suis resté formellement en dehors des deux partis mais, comme le montrent les trois Révolutions russes, ma ligne politique – malgré des polémiques et des conflits – coïncida dans toutes les questions fondamentales avec la ligne de Lénine.
Le plus important désaccord entre Lénine et moi pendant ces années était mon espoir qu'à travers une unification avec les mencheviks la majorité d'entre eux pourrait être poussée dans la voie de la Révolution. Sur cette question brûlante, Lénine eut entièrement raison. Cependant, il faut dire qu'en 1917 les tendances à " l'unification " étaient très fortes parmi les bolcheviks. Le 1" novembre 1917, à la réunion du Comité du Parti de Petrograd, Lénine déclara à ce propos : " Trotsky a dit depuis longtemps que l'unification est impossible. Trotsky l'a compris et, depuis lors, il n'y a pas eu de meilleur bolchevik que lui ".
Dès la fin de 1904, je défendis l'opinion que la Révolution russe ne pouvait s'achever que par la dictature du prolétariat qui, à son tour, doit conduire à la transformation socialiste de la Société, dans le cadre du développement victorieux de la Révolution mondiale. Une minorité de mes adversaires actuels considéraient cette perspective comme fantastique jusqu'en avril 1917 et lui ont apposé l'étiquette péjorative de " trotskysme " par opposition au programme de la république démocratique bourgeoise. Quant à la majorité écrasante de la bureaucratie présente, elle ne donna son adhésion au pouvoir des soviets qu'après la fin victorieuse de la guerre civile. Pendant mes années d'exil, j'ai participé au mouvement ouvrier d'Autriche, de Suisse, de France, des Etats-Unis. Je pense aux années de mon exil avec gratitude. Elles m'ont donné la possibilité de connaître de plus près la vie de la classe ouvrière mondiale et de transformer mon internationalisme d'un concept abstrait en une force motrice pour le restant de mes jours.
Durant la guerre, en Suisse d'abord, puis en France, j'ai mené une propagande active contre le chauvinisme qui rongeait la Ilº Internationale. Pendant plus de deux ans, j'ai publié à Paris, sous la censure militaire, un quotidien russe dans l'esprit de l'internationalisme révolutionnaire. J'étais en relations étroites dans mon travail avec les éléments internationalistes de France et je pris part avec leurs représentants à la conférence internationale des opposants au chauvinisme à Zimmerwald (1915). J'ai continué à travailler de la même manière pendant les deux mois que je passais aux Etats-Unis.
Après mon arrivée à Petrograd (5 mai 1917), du camp de concentration canadien où j'enseignais les idées de Liebknecht et de Rosa Luxembourg aux marins allemands emprisonnés, j'ai pris une part active à la préparation et à l'organisation de la Révolution d'Octobre, plus particulièrement pendant les quatre mois décisifs où Lénine fut contraint de se cacher en Finlande.
En 1918, dans un article où il cherchait à limiter mon rôle dans la Révolution d'Octobre, Staline était néanmoins forcé d'écrire : " Tout le travail pratique de l'organisation de l'insurrection était mené sous la direction effective du président du Soviet de Petrograd, le camarade Trotsky. Nous pouvons dire avec certitude que le passage rapide de la garnison aux côtés du Soviet et l'exécution audacieuse du travail du Comité Militaire Révolutionnaire, le Parti les doit principalement et avant tout au camarade Trotsky ". (" Pravda ", nº 241, 6 novembre 1918)
Ceci n'empêcha pas Staline d'écrire six ans plus tard : " Le camarade Trotsky, un homme relativement nouveau dans notre Parti à la période d'Octobre, ne joua et ne pouvait jouer un rôle particulier tant dans le Parti que dans la Révolution d'Octobre ". (J. Staline, Trotskysme et Léninisme)
A présent, l'école stalinienne, avec l'aide de ses propres méthodes scientifiques à l'aide desquelles juges et procureurs sont éduqués, considère qu'il est incontestable que je n'ai" pas dirigé la Révolution d'Octobre, mais que j'étais opposé a elle. En tout cas, ces falsifications historiques ne concernent pas mon autobiographie mais la biographie de Staline.
Après la Révolution d'Octobre, j'ai assumé des responsabilités étatiques pendant environ neuf ans. J'ai pris une part active à l'édification de l'Etat soviétique, de la diplomatie révolutionnaire, de l'Armée rouge, de l'organisation économique, de l'Internationale communiste. Pendant trois ans j'ai dirigé effectivement la guerre civile. Dans l'exercice de cette lourde tache, j'ai été obligé de recourir à des mesures rigoureuses. J'en prends l'entière responsabilité devant la classe ouvrière mondiale et devant l'histoire. La justification de ces mesures se trouve dans leur nécessité historique et leur caractère progressif, dans leur concordance avec les intérêts fondamentaux de la classe ouvrière. A toutes les mesures de répression dictées par les conditions de la guerre civile, j'ai donné leur désignation réelle et j'en ai rendu compte publiquement devant les masses travailleuses. Je n'avais rien à cacher au peuple, tout comme aujourd'hui je n'ai rien à cacher à la commission.
Quand, dans certains cercles du Parti, non sans la participation occulte de Staline se manifesta une opposition contre mes méthodes de direction de la guerre civile, Lénine, en juillet 1919, de sa propre initiative et d'une façon tout à fait inattendue pour moi, me remit une feuille de papier blanc au bas de laquelle il avait écrit : " Camarades, ayant pris connaissance du caractère rigoureux des ordres du camarade Trotsky, je suis si convaincu, si absolument convaincu de la justesse, de l'opportunité et de la nécessité – pour le bien de notre cause, des ordres qu'il a donnés, que je donne à ses ordres mon entière adhésion ". Il n'y avait pas de date sur ce papier. En cas de nécessité la date devait y être apposée par moi-même. La prudence de Lénine dans tout ce qui concernait ses relations avec les travailleurs est bien connue. Néanmoins, il considérait possible de contresigner par avance un ordre venant de moi, bien que de ces ordres dépendait souvent le sort d'un grand nombre de gens. Lénine ne craignait pas que je puisse abuser de mes pouvoirs. Je dois ajouter que pas une seule fois je n'ai fait usage de la " carte blanche " donnée par lui. Mais ce document est un témoignage de l'exceptionnelle confiance d'un homme que je considère comme le plus parfait modèle de moralité révolutionnaire.
J'ai participé directement à l'élaboration des documents programmatiques et des thèses tactiques de la IIIe Internationale. Les principaux rapports à ces congrès sur la situation internationale ont été faits par Lénine et par moi. Les manifestes programmatiques des quatre premiers congrès ont été écrits par moi. Je laisse aux procureurs de Staline le soin d'expliquer quelle place cette activité peut avoir dans mon acheminement vers le fascisme. En ce qui me concerne, je continue à défendre avec fermeté aujourd'hui les principes que, la main dans la main avec Lénine, j'ai mis en avant comme base de l'Internationale Communiste.
J'ai rompu avec la bureaucratie dirigeante quand, pour des causes historiques qui ne sauraient être analysées ici de façon adéquate, elle se transforma en une caste privilégiée imbue de conservatisme. Les raisons de la rupture sont exposées et établies une fois pour toutes dans des documents officiels, des livres et des articles accessibles à une vérification générale.
J'ai défendu la démocratie des Soviets contre l'absolutisme bureaucratique ; l'élévation du niveau de vie des masses contre les privilèges excessifs des sommets ; l'industrialisation et la collectivisation systématiques dans l'intérêt des travailleurs; et, finalement, une politique internationale dans l'esprit de l'internationalisme révolutionnaire contre le conservatisme nationaliste. Dans mon dernier livre, " La Révolution trahie ", j'ai essayé d'expliquer théoriquement pourquoi l'Etat soviétique isolé, sur la base d'une économie arriérée, a donné naissance à la monstrueuse pyramide de la bureaucratie qui, presque automatiquement, a été couronnée d'un chef incontrôlé et " infaillible ". Ayant étranglé le Parti et écrasé l'opposition au moyen de l'appareil policier, la clique dirigeante m'a exilé au commencement de 1928 en Asie centrale. Sur mon refus de cesser mon activité politique en exil, elle m'a déporté en Turquie en 1929. Là j'ai commencé à publier le " Bulletin de l'Opposition " sur la base du même programme que j'avais défendu en Russie, et je suis entré en relation avec des compagnons idéologiques, encore très peu nombreux à cette époque, dans toutes les parties du monde.
Le 20 février 1932, la bureaucratie soviétique me priva, ainsi que les membres de ma famille qui étaient à l'étranger, de la nationalité soviétique. Ma fille Zinaïda qui se trouvait provisoirement à l'étranger pour un traitement médical fut ainsi privée de la possibilité de rentrer en U.R.S.S. pour rejoindre son mari et ses enfants. Elle se suicida le 5 janvier 1933.
J'ai présenté une liste de mes livres et brochures les plus importants qui ont été en tout ou en partie écrits pendant la dernière période de mon exil et de ma déportation. D'après les calculs de mes jeunes collaborateurs qui, pour tout mon travail, mont donné et continuent à me donner une aide dévouée et irremplaçable, j'ai écrit 5.000 pages imprimées depuis que je suis à l'étranger, sans compter mes articles et mes lettres qui, ensemble, feraient plusieurs milliers de pages supplémentaires.
Puis-je ajouter que je n'écris pas avec facilité? Je fais de nombreuses vérifications et corrections. Par conséquent, mon oeuvre littéraire et ma correspondance ont constitué le principal contenu de ma vie pendant les neuf dernières années. La ligne politique de mes livres, de mes articles et de mes lettres, parle d'elle-même. Les citations de mes ouvrages que donne Vichinsky constituent, comme je vais le prouver, une falsification grossière, c'est-à-dire un élément nécessaire de toute la mise en scène judiciaire.
Au cours des années 1923 à 1933, en ce qui concerne l'Etat soviétique, son parti dirigeant et l'Internationale Communiste, mon point de vue peut être exprimé par ces mots lapidaires: Réforme mais non révolution. Cette position était nourrie de l'espoir qu'avec des développements favorables en Europe, l'Opposition de Gauche pourrait régénérer le Parti bolchevik par des moyens pacifiques, effectuer une réforme démocratique de l'Etat soviétique, et remettre l'Internationale Communiste sur la voie du marxisme. C'est seulement la victoire de Hitler, préparée par la politique fatale du Kremlin, et l'incapacité absolue du Komintern de tirer quelques leçons de l'expérience tragique de l'Allemagne, qui nous a convaincus moi et mes compagnons idéologiques que le vieux parti bolchevik et la Ill' Internationale étaient bien morts en ce qui concerne la cause du socialisme. Ainsi disparaissait l'unique levier légal à l'aide duquel on pouvait espérer effectuer une réforme démocratique pacifique de l'Etat soviétique. Depuis la dernière partie de l'année 1933, je suis de plus en plus convaincu que, pour émanciper les masses travailleuses soviétiques et la base sociale établie par la Révolution d'Octobre de la nouvelle caste parasitaire, une révolution politique est historiquement inévitable. Naturellement, un problème d'une ampleur aussi considérable provoqua une lutte idéologique passionnée sur une échelle internationale.
La dégénérescence politique du Komintern, complètement enchaîné par la bureaucratie soviétique, créa la nécessité de lancer le mot d'ordre de la IVe Internationale et de rédiger les fondements de son programme. Les livres, articles et bulletins qui s'y rapportent sont à la disposition de la Commission et constituent la meilleure preuve qu'il est question non pas d'un " camouflage " mais d'une lutte idéologique passionnée basée sur les traditions des premiers Congrès de l'Internationale Communiste. J'ai été continuellement en correspondance avec des douzaines de vieux amis et des centaines de jeunes amis dans toutes les parties du monde, et je puis dire avec assurance et fierté que c'est précisément de cette jeunesse que sortiront les combattants prolétariens les plus fermes et les plus sûrs de la nouvelle époque qui vient de s'ouvrir.
Renoncer à l'espoir d'une réforme pacifique de l'État soviétique ne signifie cepen dant pas renoncer à la défense de l'Etat soviétique, comme cela est particulièrement démontré par la collection des extraits de mes articles pendant les dix dernières années (" La défense de l'Union soviétique ") qui a récemment paru à New York. J'ai invariablement et implacablement combattu toute hésitation sur la question de la défense de l'URSS. J'ai rompu plus d'une fois avec des amis sur cette question. Dans mon livre " La Révolution trahie ", ai théoriquement prouvé l'idée que la guerre menace non seulement la bureaucratie soviétique, mais aussi la nouvelle base sociale de l'URSS qui constitue un énorme pas en avant dans le développement de l'humanité. De là découle le devoir absolu pour chaque révolutionnaire de défendre l'U.R.S.S. contre l'impérialisme, malgré la bureaucratie soviétique. Mes écrits de la même période présentent une image sans équivoque de mon attitude envers le fascisme. Dès la première période de mon exil à l'étranger je sonnais le signal d'alarme sur la question de la vague montante du fascisme en Allemagne. Le Komintern m'accusa de " surestimer " le fascisme et d'être " frappé de panique " devant lui. Je lançais le mot d'ordre du front unique de toutes les organisations de la classe ouvrière. A cela le Komintern opposa la théorie idiote du " social-fascisme ". Je lançais le mot d'ordre de l'organisation systématique des milices ouvrières. Le Komintern répondit par des vantardises sur de futures victoires. Je démontrais que l'U.R.S.S. serait gravement menacée en cas de victoire de Hitler. L'écrivain bien connu Ossietzky imprima mes articles dans sa revue et les commenta avec grande sympathie. Tout cela ne servit à rien. La bureaucratie soviétique usurpa l'autorité de la Révolution d'Octobre uniquement pour la convertir en obstacle à la victoire de la révolution dans d'autres pays. Sans la politique de Staline nous n'aurions pas eu la victoire de Hitler. Les procès de Moscou, dans une grande mesure, prirent naissance de la nécessité pour le Kremlin d'obliger le monde à oublier sa politique criminelle en Allemagne. " S'il est démontré que Trotsky est un agent du fascisme, qui alors prendra en considération le programme et la tactique de la IVe Internationale ? " Tels étaient les calculs de Staline.
C'est un fait bien connu que, pendant la guerre, tout internationaliste était déclaré être un agent du gouvernement ennemi. Il en fut ainsi dans le cas de Rosa Luxembourg, de Karl Liebknecht, d'Otto Ruehle et d'autres en Allemagne, de mes amis français (Monatte, Rosmer, Loriot, etc.), d'Eugène Debs et d'autres aux Etats-Unis et finalement de Lénine et de moi-même en Russie. Le gouvernement britannique m'emprisonna dans un camp de concentration en mars 1917, m'accusant, à l'instigation de l'Okhrana tsariste, que, de connivence avec le haut commandement allemand, j'avais tenté de renverser le gouvernement provisoire de Milioukov-Kerensky. Aujourd'hui cette accusation semble un plagiat de celles de Staline et de Vichinsky. En réalité, c'est Staline et Vichinsky qui sont les plagiaires du système du contre-espionnage tsariste et de l'Intelligence Service britannique.
Le 16 avril 1917, alors que j'étais en camp de concentration avec les marins allemands, Lénine écrivait dans la " Pravda ": " Qui peut croire un seul instant au bien fondé de la déclaration... que Trotsky, ancien président du Soviet des Députés ouvriers de Petersbourg en 1905 – révolutionnaire qui a consacré des dizaines d'années au service désintéressé de la révolution – que cet homme ait pu avoir affaire quoi que ce soit avec un plan subventionné par le gouvernement allemand ? C'est de toute évidence une calomnie monstrueuse et sans scrupule contre un révolutionnaire ". (" Pravda ", nº 34)
" Combien actuels sont ces mots maintenant, écrivais-je le 21 octobre 1927 – je répète 1927 ! – " en cette époque de méprisables calomnies contre l'Opposition, qui ne diffèrent en rien d'essentiel des calomnies contre les bolcheviks en 1917. "
Ainsi, il y a dix ans – c'est-à-dire bien avant la création des centres " unifiés " et " parallèles " et avant " le voyage " de Piatakov à Oslo – Staline lançait déjà contre l'Opposition toutes les insinuations et les calomnies que plus tard Vichinsky devait convertir en accusation devant les juges. Cependant, si Lénine en 1917 pensait que mes vingt années de passé révolutionnaire étaient en elles-mêmes une réfutation suffisante de ces insinuations immondes, je prends la liberté de croire que les vingt années qui se sont écoulées depuis – assez importantes en elles-mêmes – me donnent le droit de citer mon autobiographie comme un des plus importants arguments contre les accusations de Moscou.
Note
[1] Au 2e procès de Moscou, celui des dix-sept.
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