1938 |
Source : Léon Trotsky, Œuvres 19, octobre 1938 à décembre 1938. Institut Léon Trotsky, Paris 1985, pp. 217-218. |
Quelques amis nous ont demandé quel est l’état des relations de Victor Serge avec la IVe Internationale. Nous sommes obligés de répondre que ce sont celles d’un adversaire. Depuis sa sortie d’Union soviétique, Victor Serge n’a pas cessé de changer de position. On ne peut définir son attitude politique autrement que par « le changement permanent ». Sur aucune question il n’a présenté de positions claires ou distinctes, de répliques ou d’arguments. En revanche, il a invariablement soutenu ceux qui quittaient la IVe Internationale, que ce soit à droite ou à gauche.
A la surprise générale, Victor Serge a déclaré dans une lettre officielle qu’il rejoignait le P.O.U.M. sans avoir jamais essayé de répondre à notre critique du P.O.U.M. comme une organisation centriste qui avait joué un rôle misérable dans la révolution espagnole. Dans les coulisses, il soutenait le malheureux héros du syndicalisme « de gauche », Sneevliet, sans jamais se décider à défendre ouvertement la politique sans principes de l’opportuniste hollandais. En même temps, il a répété à diverses occasions que ses divergences avec nous n’avaient qu’un caractère « secondaire ». A la question directe, pourquoi alors ne collaborait-il pas avec la IVe Internationale plutôt qu’avec ses opposants enragés, Victor Serge n’a jamais donné de réponse. Tout cela, ensemble, a privé de toute consistance sa propre « politique » et l’a transformée en une série de combinaisons personnelles sinon d’intrigues.
Si Victor Serge parle, aujourd’hui encore, de ses « sympathies » pour la IVe Internationale, ce n’est pas autrement que les Vereeken, Molinier, Sneevliet, Maslow, etc., en ayant en tête non l’Internationale réelle, mais une Internationale mythique, née de leur imagination et à leur image, qui leur est nécessaire seulement comme couverture pour leur politique opportuniste ou aventuriste. Notre Internationale, qui fonctionne réellement, n’a rien à voir avec cette Internationale qui n’existe pas : la section russe et l’Internationale dans son ensemble ne prennent aucune responsabilité pour la politique de Victor Serge.