1939 |
Source Léon Trotsky, Œuvres 21, avril 1939 à septembre 1939. Institut Léon Trotsky, Paris 1986, pp. 264-265, titre : « De graves Erreurs ». |
Lettre au P.O.I.
Chers Camarades,
Je vous remercie de votre lettre du 30 juin. Je ne juge pas nécessaire d’entrer ici en discussion à propos de votre affirmation selon laquelle je verrais le « salut » dans le P.S.O.P. Il s’agit, scion moi, d’un pas tactique qui, selon toute une série de circonstances, peut donner des résultats plus ou moins grands. Je considère cependant que rompre avec la IVe Internationale à cause de ce pas tactique est un crime patent.
Vous écrivez que cette rupture est temporaire et que vous n’avez nullement l’intention de porter tort au travail de nos camarades au sein du P.S.O.P. Je considère cette déclaration comme très importante et de grande valeur et je veux espérer qu’elle ne restera pas seulement sur le papier.
Je sais cependant par une longue expérience que lorsqu’un groupe politique sous l’emprise de l’acharnement, du conservatisme fractionnel, de l’ambition, etc., accomplit une scission qui n’a pas de justification principielle, il se voit ensuite assez souvent contraint de rechercher une telle justification et même de l’inventer. Seul est difficile le premier pas de la scission; ensuite les éléments qui se sont séparés commencent à rouler sur un plan incliné. C’est là le danger qui se trouve devant vous. Je souhaite de tout cœur que vous l’évitiez. Mais comment? La création de votre propre fraction à l’intérieur du P. S. O. P. serait, à mon point de vue, un acte sans principe et criminel. L’arche du mouvement ouvrier est large. Puisque vous jugez nécessaire de maintenir, dans la période actuelle, une existence organisationnelle indépendante, vous devez vous chercher un terrain d’action hors du P.S.O.P., pour établir ainsi une sorte de division du travail. C’est seulement à cette condition que les conséquences négatives de la scission pourraient être réduites au minimum. De ma part, je suis prêt à employer toutes mes forces pour surmonter la scission aussi tôt que possible.
Encore une remarque en conclusion. D’une source absolument digne de confiance, j’ai une nouvelle confirmation du fait que le G.P.U. dispose d'un grand nombre d’agents spéciaux pour provoquer des dissensions et des scissions au sein de la IVe Internationale. Je vous conseillerais d’examiner très attentivement la personnalité de ces « intransigeants » qui, de toutes leurs forces, essaient d’envenimer les relations extérieures parmi nous au moyen de fausses insinuations et accusations, de racontars de tout genre, etc. Je ne doute pas que, par un contrôle vigilant, vous tombiez sur les traces du G.P.U.
Salut bolcheviste.