Lettre de P.

21 octobre 1929

On ne parle pas encore du XVI° congrès. On ne s’occupe plus tellement de la purge du parti, car sa conclusion a été la découverte des "affaires" de Leningrad, Ivanovo, Tver et d'ailleurs. C'est encore une preuve ‑ peut‑être la plus frappante et la plus convaincante ‑ que toutes les mesures du centrisme sont vouées à l'échec. Une purge sans une réelle démocratie dans le parti se transforme en vacarme, en loterie, en farce et, la plupart du temps, manque son but. Avant de sauter par la fenêtre, les Bessedovsky franchissent avec bonheur toutes les enquêtes, purges et votes d'unanimité.

Tous les Oppositionnels qui ont suivi Radek et Smilga sont tombés au plus bas. Ils n'ont aucune perspective. Les ca­pitulards en chef sont partis pour leurs maisons de campagne ou pour des villes d'eau, laissant livrés à eux‑mêmes les capi­tulards de base. Certains de ceux qui nous ont quittés se voient refuser du travail et les secours de chômage. Certains ca­pitulards reviennent vers nous. Quelques sapronovistes ont signé la déclaration de Rakovsky. I.N. Smirnov est à Moscou Sa déclaration a été finalement acceptée, mais pas encore publiée dans la presse : évidemment, il lui faut trouver des signatures.

Les conditions matérielles des déportés sont très dures. La nourriture est rare et coûte très cher. Les déportés font beaucoup de travail théorique.

J'ai appris qu'un nouveau groupe d'Oppositionnels déportés de Léningrad (10 à 12 camarades en tout) venaient juste de tra­verser Tachkent.

P.