1949

L'émancipation des travailleurs sera l'œuvre des travailleurs eux-mêmes (Marx)
Bulletin du SYNDICAT DEMOCRATIQUE RENAULT – Numéro 45
Adresser fonds et correspondance à Pierre BOIS, 20, Avenue du Général Clavery, 20 – PARIS-16ème


BULLETIN du S.D.R. n° 45

Barta

22 novembre 1949


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TOUS A L'ACTION LE 25 NOVEMBRE !

Non seulement le gouvernement refuse d'accorder à tous les travailleurs la prime de 3.000 frs., mais encore, il entend leur servir ce qu'il ose appeler des "Conventions Collectives" dans lesquelles le salaire sera établi en fonction non pas d'un minimum vital dont le principe avait été reconnu à la suite de tous les mouvements revendicatifs de 47, mais en fonction du salaire de la région où le coût de la vie est le moins élevé (minimum minimorum - sic).

Tous les syndicats sont unanimes à reconnaître que ces décisions vont encore faire empirer les conditions de vie des travailleurs.

Devant cette situation, F.O. fait appel à tous les travailleurs pour une grève générale de 24 H, le vendredi 25 novembre.

La C.G.T. également appelle les travailleurs à faire du 25 novembre une journée d'unité d'action. Quels que soient les motifs avoués ou inavoués qui poussent les leaders syndicaux à s'engager dans la voie de l'action, une chose est certaine : c'est qu'à l'offensive patronale et gouvernementale, les travailleurs doivent riposter par la lutte.

Quels sont les objectifs de cette lutte ? Discussion immédiate des conventions collectives sur la base d'un minimum vital garanti par l'échelle mobile des salaires et immédiatement versement d'une indemnité de 3.000 fr. par mois jusqu'à signature des conventions collectives.

La grève de 24 heures fera-t-elle céder le gouvernement sur toutes les revendications ouvrières ? Personne ne le prétend. Mais une grève générale même limitée à 24 heures peut modifier complètement le rapport de force en faveur de la classe ouvrière.

Travailleurs ! Vous vous souvenez que l'année dernière, une grève générale limitée à 2 heures et en fin de semaine a été un facteur décisif pour contraindre le gouvernement à accorder la prime de vie chère à 7 fr. de l'heure égale pour tous et à supprimer l'impôt cédulaire.

Vous vous souvenez aussi d'une grève générale de 24 heures qui, le 12 février 34, ouvrit une série de nombreuses luttes revendicatives dont l'aboutissement fut Juin 36.

De plus, vous avez l'expérience d'une grève générale de 24 heures sabotée par les dirigeants syndicaux le 30 novembre 38.

C'est parce que vous avez ces traditions et cette expérience que vous ferez de la journée du 25 novembre une victoire ouvrière. Le 25 novembre, vous saurez montrer à la bourgeoisie et à son gouvernement de misère que lorsque vous le voulez, vous savez réaliser l'unité et agir tous ensemble pour faire aboutir vos revendications.

Vous saurez leur montrer que contre la combativité de la classe ouvrière, ils doivent s'incliner.

Vous saurez faire preuve aussi de vigilance pour ne pas vous laisser écarter de vos objectifs, et pour ne pas vous laisser diviser ni démoraliser par les manoeuvres de prétendus dirigeants qui voudraient transformer votre mouvement en une journée de repos supplémentaire.

La grève n'est pas une manifestation de passivité. C'est une lutte qui doit démontrer ne 3serait-ce que pour une journée, que lorsqu'ils sont décidés, les travailleurs sont les plus forts.

Le 25 novembre, les travailleurs de la Régie ne se limiteront pas à croiser les bras. Ils se rassembleront dans leurs localités ou leurs arrondissements pour faire respecter le mouvement, pour convaincre les hésitants et pour s'opposer aux jaunes que toujours, en pareil cas, la bourgeoisie ne manque pas d'utiliser à la fois pour diviser les ouvriers et pour justifier son intervention sous prétexte de liberté du travail.

Travailleurs, tous à l'action pour nos revendications !

La C.E. du S.D.R.


LES TRAVAILLEURS VEULENT DES CONVENTIONS COLLECTIVES QUI AMELIORENT LEUR SITUATION !

A l'heure qu'il est, par la présentation à la Chambre d'un projet de loi gouvernemental, la lutte pour les Conventions Collectives entre dans une nouvelle phase. Il s'agit maintenant de déterminer quel sera le contenu réel de ces conventions, dans quelle mesure elles seront favorables aux ouvriers ?

Comment donc se présente la situation pour les travailleurs ? Contrairement à ce qui s'est passé en Juin 36, l'octroi de conventions collectives ne survient pas comme le résultat d'une grande victoire ouvrière. La bourgeoisie s'y est résignée parce que la situation économique et la situation du mouvement ouvrier lui paraissent favorables pour remplacer la politique ouvertement anti-ouvrière du blocage des salaires par une politique plus astucieuse d'abaissement du niveau de vie des salariés.

Par conventions collectives, en effet, elle n'entend nullement améliorer la situation actuelle de la classe ouvrière. Au contraire, en ce qui concerne par exemple les salaires, sous prétexte de "libre discussion", la bourgeoisie ne veut plus reconnaître la notion de "minimum vital" garanti nationalement qui avait été accordé comme contrepartie au blocage des salaires. Or, étant donné la situation de nombreuses industries, en cette période de chômage, cela signifie un abaissement de salaires pour des millions de travailleurs.

Comble de l'impudence, si le minimum vital est pratiquement supprimé, par contre, dans les industries favorisées (plein emploi), les travailleurs ne pourront pas revendiquer des hausses de salaire avant un délai de six mois ! Pas de garantie contre la baisse des salaires, pour la majorité des travailleurs, mais garantie contre la hausse des salaires, pour les magnats des industries privilégiées. Et tout cela, sous prétexte d'accorder l'échelle mobile !

L'opposition des organisations ouvrières ne manquera pas de mettre en lumière ce recul qu'on veut imposer aux travailleurs, ainsi que d'autres aspects réactionnaires des projets gouvernementaux. Nous y reviendrons dès que ces projets seront connus dans leur détail.

Mais déjà les travailleurs commencent la riposte. La grève générale du 25 novembre sera le meilleur argument contre les projets affameurs de la bourgeoisie, et ce ne sera pas le dernier. La bourgeoisie se trompe en croyant que la classe ouvrière sort affaiblie des luttes qu'elle a menées jusqu'à maintenant.

Quels qu'aient été les échecs de ses actions, il n'y a pas eu, et de loin, que des échecs. Et elle puise des forces toujours renouvelées dans la certitude que seule, la résistance aux capitalistes peut la sauver du pire.

A. Mathieu.


Utilisation des compétences

Le Ministère du Commerce et de l'Industrie vient de nommer, pour le représenter au Conseil d'Administration de la Régie, M. Marcel Wiriath, lequel est Directeur adjoint du Crédit Lyonnais. Elles ont bonne mine les "nationalisations", livrées aux spécialistes de la haute finance !


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