1919 |
Un ouvrage qui servira de manuel de base aux militants communistes durant les années de formation des sections de l'Internationale Communiste. |
L'ABC du communisme
La deuxième et la troisième Internationales
La Révolution communiste ne peut vaincre que si elle est une Révolution mondiale. Si dans un pays, par exemple, la classe ouvrière sempare du pouvoir, mais que, dans les autres, le prolétariat reste sincèrement dévoué au capitalisme, ce pays sera finalement étranglé par les grands Etats de rapine. De 1917 à 1919, toutes les puissances essayèrent détrangler la Russie des Soviets; en 1919, elles ont étranglé la Hongrie des Soviets. Mais elles nont pu étrangler la Russie des Soviets parce que leur situation intérieure était telle quelles pouvaient craindre dêtre renversées elles-mêmes par leurs propres ouvriers qui réclamaient le retrait des troupes de Russie. La dictature prolétarienne dans un seul pays est continuellement menacée, si elle ne trouve pas dappui chez les ouvriers des autres pays. En outre, dans ce pays, lorganisation économique est très difficile, car il ne reçoit rien ou presque rien de létranger : il est bloqué de tous côtés.
Mais si, pour le triomphe du communisme, la victoire de la révolution mondiale et la solidarité des ouvriers entre eux sont nécessaires, cela signifie que la condition indispensable de la victoire est dans la solidarité internationale de la classe ouvrière. De même que les ouvriers ne peuvent être victorieux dans une grève que si les ouvriers des différentes fabriques se soutiennent les uns les autres, créent une organisation commune et mènent la lutte commune contre tous les fabricants, de même les ouvriers des différents pays bourgeois ne pourront vaincre que sils marchent ensemble, en rangs serrés, sils ne se querellent pas entre eux, mais au contraire, sils sunissent de pays à pays, sils se sentent une seule classe avec les mêmes intérêts. Seule, une confiance mutuelle, parfaite, une union fraternelle, lunité daction révolutionnaire contre le capital mondial assureront la victoire de la classe ouvrière. Le mouvement communiste ouvrier ne saurait vaincre que comme mouvement international.
La nécessité de la lutte internationale du prolétariat a été reconnue depuis longtemps. A la veille de la Révolution de 1848 existait déjà une organisation secrète internationale, la Ligue des Communistes. A sa tête se trouvaient Marx et Engels. Au congrès de cette Ligue, à Londres, ils reçurent mandat de composer un manifeste au nom de la Ligue. Ainsi est né le Manifeste du Parti communiste, dans lequel ces grands champions du prolétariat ont exposé pour la première fois la doctrine communiste.
En 1864, prit naissance, sous la direction de Marx, lAssociation internationale des Travailleurs, la première Internationale. Elle comprenait beaucoup de chefs du mouvement ouvrier de différents pays, mais il y avait peu dunité dans ses rangs. De plus, elle ne sappuyait pas sur de larges masses ouvrières, mais ressemblait plutôt à un groupement international de propagande révolutionnaire. En 1871, les membres de lInternationale prirent part au soulèvement des ouvriers parisiens (la Commune), ce qui entraîna partout la persécution de lInternationale. En 1874, elle sest dissoute, affaiblie en particulier par la lutte intérieure entre les partisans de Marx et ceux de lanarchiste Bakounine. Après sa désagrégation, les partis socialistes commencèrent à naître en divers pays, au fur et à mesure du développement de lindustrie. Le besoin dun appui réciproque se fit bientôt sentir, et en 1889 fut convoqué un congrès socialistes international, composé de représentants des partis socialistes de différents pays. La Deuxième Internationale fut fondée, mais elle devait sécrouler à la déclaration de la guerre mondiale. Les raisons en seront expliquées plus loin.
Dès le Manifeste Communiste, Marx avait proclamé le mot dordre : « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! » Voilà ce quécrivait Marx à ce sujet à la fin du Manifeste : « Les communistes ne sabaissent pas à dissimuler leurs opinions et leurs projets. Ils proclament ouvertement que leurs buts ne peuvent être atteints que par le renversement violent de tout lordre social traditionnel. Que les classes dirigeantes tremblent à lidée dune révolution communiste! Les prolétaires nont rien à y perdre que leurs chaînes. Ils ont un monde à y gagner. Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! » La solidarité internationale du prolétariat nest donc pour les ouvriers ni un jouet ni une belle phrase; elle est une nécessité vitale sans laquelle la cause de la classe ouvrière serait vouée à léchec.