1971 |
"Nous prions le lecteur de n’y point chercher ce qui ne saurait s’y trouver : ni une histoire politique de la dernière République espagnole, ni une histoire de la guerre civile. Nous avons seulement tenté de serrer au plus grès notre sujet, la révolution, c’est-à-dire la lutte des ouvriers et des paysans espagnols pour leurs droits et libertés d’abord, pour les usines et les terres, pour le pouvoir politique enfin." |
« Une des manœuvres de la presse vendue au fascisme inter- national consiste à répandre la calomnie selon laquelle ce sont les représentants accrédités de l’Union soviétique auprès du gouvernement espagnol qui sont 1es dirigeants véritables de la politique extérieure espagnole.
Les objectifs que se fixent 1es laquais du fascisme en répandant de telles insinuations sont évidents. Ils veulent d’abord saper à l’extérieur le prestige du gouvernement républicain Espagnol, ensuite affaiblir le sentiment de solidarité fraternelle qui ne cesse de se renforcer entre les peuples d’Espagne et d’Union soviétique, principale base morale de la lutte antifasciste, troisièmement appuyer et renforcer les tendances à la désorganisation qui cherchent à miner le Front unique républicain et qui émanent de différents groupes incontrôlés et irresponsables.
C’est ainsi qu’il s’est trouvé parmi les organes de la presse catalane une feuille qui a entrepris d’appuyer cette campagne fasciste. Dans son numéro du 24 novembre, La Batalla prétend publier des matériaux sur les insinuations fascistes mentionnées ci-dessus.
Le consulat général de l’U.R.S.S. à Barcelone repousse avec mépris les lamentables inventions de cette feuille. »
Pour le consul général de l’U.R.S.S. à Barcelone :
Le chargé de presse, Korobizine
(Solidaridad Obrera, 27 novembre 1936.)
... « Nous sommes fidèles au souvenir de la Révolution d’Octobre, de la glorieuse Internationale communiste, de ses quatre premiers congrès. Nous sommes contre l’ex-Internationale ex-communiste d’à présent. C’est parce que nous rappelons la tradition révolutionnaire du léninisme qu’on veut nous éliminer ici comme on élimine à Moscou la vieille garde bolchevique. Entre la campagne de calomnies d’ici et la campagne de calomnies de Moscou existe une relation intime. On détruit physiquement la vieille garde bolchevique. On poursuit notre destruction physique parce que nous sommes fidèles à la Révolution... »
(Andrés Nin, discours du 30 janvier 1937, Los problemas de la Revolución española, pp. 189-190.)
« L’organe central des anarchistes qui paraît à Barcelone, Solidaridad Obrera, se livre à d’insultantes attaques contre la presse soviétique. Il estime en particulier que les informations des correspondants de guerre soviétiques concernant l’attitude du P.O.U.M. constituent une tactique nuisible destinée à semer la division dans les rangs des « antifascistes d’Espagne ».
Ce sale petit article, qui défend les traîtres trotskystes, émane des éléments louches infiltrés dans les rangs de l’organisation anarcho-syndicaliste. Il s’agit d’anciens collaborateurs de Primo de Rivera, de la « Phalange » fasciste et trotskyste. Ce n’est un secret pour personne que de véritables cavernicoles commandent à Solidaridad Obrera, dont le véritable rédacteur en chef est Cánovas cervantes, ancien rédacteur du périodique fasciste La Tierra.
Ces agents de Franco se sont embusqués dans l’organisation anarchiste afin de briser de l’intérieur le front du peuple espagnol. Mais leurs calculs seront déjoués. Les masses anarchosyndicalistes s’emparent chaque jour plus de l’idée de la nécessité d’une discipline de fer, d’une Armée populaire et forte. C’est pourquoi les ennemis du peuple espagnol infiltrés dans les rangs anarchistes attaquent aujourd’hui le Front populaire avec une ardeur redoublée.
Ce n’est pas par hasard que ces éléments trotskystes malfaisants ont organisé un soulèvement armé dans la région de Valence précisément au moment où commençait à Guadalajara l’attaque italienne. I1 faut également noter que le périodique valencien Nosostros exige quotidiennement dans ses éditoriaux la migration des détenus qui ont pris part à ce soulèvement armé et parmi lesquels se trouvent des fascistes déclarés. Ces revendications s’accompagnent toujours de menaces contre le gouvernement.
La note anti-soviétique de Solidaridad Obrera démontre que les trotskystes et autres agents des polices secrètes allemande et italienne cherchent à s’emparer de l’organe central des anarchistes. Ce fait a provoqué l’inquiétude des dirigeants anarchistes catalans qui veulent réellement lutter contre les forces obscures du fascisme international. »
(N. Oliver, « Les intrigues des agents trotskystes de Franco », Pravda, 22 mars 1937.)
... « L’élimination du P.O.U.M., commencée en Catalogne au mois de décembre, et qui a été systématiquement poursuivie depuis, n’a pas été commencée par le procès contre des hommes camouflés dans ses rangs et agents fascistes, mais ce procès qui pourrait bien être un prétexte habilement ourdi - la suc- cession suspecte des faits nous oblige y compris à le redouter - s’est produit maintenant, au moment où le P.O.U.M. en tant que parti a déjà été exclu de toutes les activités antifascistes, exclu du gouvernement de la Généralité écarté du Conseil de défense - commissariat - santé militaire comprise, en Catalogne. Une élimination qui n’a pas commencé en mai, mais en décembre de l’année précédente...
En Catalogne, comme dans le reste de l’Espagne, la persécution contre le P.O.U.M. n’est pas ressentie comme une nécessité par tous les partis et organisations. Seul la réclame et l’impose un parti, qui y travaille avec la ténacité et la constance qui le caractérisent. Les autres partis assistent en spectateurs à ce combat inégal et quelque peu ignoble entre un parti faible et un parti plus fort qui a sur l’Espagne loyale l’influence morale que lui donne l’appui prêté par la Russie à notre cause...
... Le décret du ministère de la Justice créant les Tribunaux spéciaux siégeant à huis clos et un terrible appareil de nouveaux tribunaux de sang paraît être une concession de plus aux nécessités ou aux projets d’élimination d’un parti appelé d’unification marxiste, élaborés et mis en pratique par le Parti communiste en Espagne et en Russie. Et nous estimons que l’opinion libérale espagnole ne peut y consentir.
Qu’on résolve en U.R.S.S. les problèmes comme on le peut ou comme les circonstances le veulent. Mais il est impossible de transplanter cette lutte en Espagne, de la poursuivre par le sang et le feu, internationalement, à travers la presse, et ici par la loi, utilisée comme une arme par le biais d’un chantage moral peu digne, contre un parti d’opposition ou un secteur dissident d’une idéologie et d’une politique.
S’il y a dans le P.O.U.M. des agents de Franco infiltrés, espions et provocateurs, qu’on les arrête, qu’on les juge, qu’on les fusille... Mais les agents les espions, les provocateurs. Non, les membres d’un parti qu’on veut détruire et qu’on élimine d’abord en le mettant hors la loi, ensuite en supprimant ses dirigeants, des hommes qui, par tout leur passé, ont un prestige acquis dans les masses. On ne peut nous convaincre que Nín, que Andrade, que Gorkin, que David Rey, sont des agents du fascisme, des espions, etc., à moins qu’on ne nous le prouve.
Nous voulons des preuves pour le croire... Et ces preuves, il faut les apporter de manière claire et précise, non dans un jugement à huis clos imitant de façon suspecte des procédés importés d’autres pays. »
(« Lettre aux autorités et aux dirigeants des partis et syndicats », Peirats, op. cit., t. II, pp. 333-334.)
« On vient de nous dire qu’on a trouvé à Madrid les cadavres de Nín et de deux autres camarades. Cette nouvelle n’a pas été confirmée, mais, tant que le gouvernement ne la dément pas en nous disant où est Nín, nous pouvons croire qu’elle est exacte. On ne peut impunément, en foulant aux pieds la volonté et la dignité d’un peuple, s’en prendre à une poignée d’hommes, les accuser d’un crime qui n’est pas démontré les détenir dans une maison particulière habilitée à cet effet, les en extraire pendant la nuit et les assassiner. »
(Discours de F. Montseny à un meeting à l’Olympia à Barcelone, le 21 juillet 1937, cité par Peirats, op. cil., t. 11, p. 339.)
« Cet organisme, au vu des divers rapports rédigés par la police sous les ordres de la direction générale de la Sûreté, en relation avec les faits subversifs qui se sont déroulés en Catalogne en mai dernier et avec les dénonciations, enquêtes et documents d’espionnage réunis à Madrid et sur lesquels a été donnée auparavant une information, a observé que, parmi les détenus mis à la disposition des tribunaux, n’apparaissait pas Andrés Nín, ancien conseiller de la Justice de la Généralité, dirigeant du parti P.O.U.M. De l’enquête ouverte, il résulte que Nín, avec d’autres dirigeants du P.O.U.M., a été détenu par la police de la direction générale de la Sûreté, transféré à Madrid et détenu dans un « préventorium » d’où il a disparu, toutes les tentatives de la police et de ses gardiens pour retrouver le détenu s’étant jusqu’à ce jour révélées infructueuses.
Ce fait a été porté à la connaissance du procureur général de la République, avec des instructions pressantes d’avoir à insister auprès du Tribunal d’espionnage qui instruit l’affaire pour que soient prises les mesures adéquates afin que la lumière soit faite sur le sort de Nín et la conduite des éléments entendus sur ces faits, à partir des documents dans lesquels la personne de Nín a été mentionnée, et sur lesquels, contenu et authenticité, le tribunal est déjà informé. Toutes ces mesures sans préjudice de l’action de la police qui continue son enquête afin de retrouver ce détenu pour le mettre à la disposition des tribunaux de la République, dans les prisons de l’État. »
(Note de l’agence Febus, citée dans Peirats, op. cit., t. II, p. 344.)
... « En ce qui concerne Nín, certainement assassiné par les staliniens, on sait qu’il n’a jamais été détenu dans les prisons officielles, bien que le gouvernement l’ait su et l’ait toléré par crainte du gouvernement de Stalirie qui a décidé d’anéantir le P.O.U.M.
Passé par les « tchékas » du Paseo de la Castellana et de la rue Atocha, il a été ensuite transféré dans une prison privée du Parti communiste à Alcala de Hénarès d’où il a été enlevé par des militaires appartenant à la Guépeou, dans 1’intention de l’assassiner. »
(La Batalla (clandestine), 20 novembre 1937.)
« Sur une carte de Madrid... nous voyons un mur portant une inscription en gros caractères, devant laquelle s’arrête un passant : « Gouvernement Negrin, où est Nín ? ». Au-dessous de ces mots, une autre main peu habituée à l’écriture a tracé, avec un humour tout populaire, la réponse suivante : « A Sala- manque ou à Berlin ». Et cette réponse est très juste...
... Ce même Nín qui, en 1921, avait été arrêté en Allemagne, mais relâché un mois après, alors que tous ceux qui avaient été arrêtés avec lui ont été condamnés à des peines de plusieurs années; ce même Nín, qui, dans la nuit du 28 juin 1938 (sic), fut, en Espagne républicaine, libéré de la prison par des inconnus en uniforme d’officier ; et l’on trouva dans un portefeuille, perdu par un de ces individus, des pièces ne laissant aucun doute que Nín avait été libéré par des agents de l’état-major allemand ; ce même Nín qui avait été l’objet de préoccupations particulières de la part de certains personnages de la IIe Internationale.
Qui est-il, ce Nín ? Est-il le directeur d’une « organisation politique », ainsi que l’affirment ses avocats, membres de la IIe Internationale, ou bien un de ceux que le procureur d’État Vychinski a accusés à Moscou au nom du peuple soviétique, ou bien un des agents du Centre d’espionnage allemand, dont le procès se déroule actuellement aux Etats-unis ? »
(L’Internationale communiste, n°2, février 1939, pp. 271-272.)
« De façon réitérée, ce qui permet de deviner un plan délibéré pour offenser une nation exceptionnellement amicale et créer ainsi des difficultés au gouvernement, des journaux se sont occupés de façon incorrecte de l’Union soviétique... Cette licence absolument condamnable ne doit pas être autorisée par le conseil des censeurs... Le journal contrevenant sera suspendu indéfiniment, même s’il a été soumis à la censure : dans ce cas, le censeur qui aura lu les épreuves sera déféré au tribunal spécial chargé des crimes de sabotage. »
(Solidaridad Obrera, 15 août 1937.)
« Maintenir, sans raison justifiée des relations directes ou indirectes avec un État étranger en guerre avec la République ; transmettre, sans motif légitime, des données de caractère militaire, politique, sanitaire, économique, industriel, à des organismes opposés au régime ou à des particuliers ; accomplir des actes hostiles à la République, en dehors ou à l’intérieur du territoire national ; prêter aide, dans le même but, aux organisations soumises à l’influence des États étrangers, qui, directement ou indirectement, favorisent la guerre contre le gouvernement légitime ; réaliser des actes susceptibles d’affaiblir l’action de défense de la République, tels que sabotage dans les usines ou industries de guerre, destruction de ponts ou autres actes analogues... Toute action ou omission qui, par sa nature propre ou en raison des circonstances, du lieu ou du moment, peut être réputée comme constituant de la haute trahison, parce que tendant à porter gravement préjudice à la République ; défendre ou propager des nouvelles ou émettre des jugements défavorables à la marche des opérations de guerre ou au crédit et à l’autorité de la République à l’intérieur et à l’extérieur ; les actes ou manifestations tendant à affaiblir le moral public, démoraliser l’armée ou affaiblir la discipline collective...
... La tentative ou l’échec de ces crimes, conspirations et propositions, aussi bien que la complicité dans la protection de personnes justiciables de ce décret peuvent être punis au même titre que s’ils avaient été réellement commis. Quiconque, coupable de tels crimes les dénonce aux autorités, sera relevé de toute sanction. ta peine de mort peut être appliquée sans que le gouvernement en soit formellement informé. »
(Solidaridad Obrera, 23 juin 1937.)
« Nous pouvons fixer d’une façon claire et définitive l’activité du P.O.U.M. contre le peuple espagnol qui se caractérise par :
1) Les attaques constantes contre le Parlement de la République et de la Catalogne dont il préconise même la suppression par la violence.
2) La campagne la plus effrénée qu’ait jamais connue le journalisme et la politique espagnole contre le Front populaire, soutien de notre démocratie, auquel le P.O.U.M. attribue tous les maux imaginables.
3) La diffamation constante des hommes qui ont formé les divers gouvernements de l’Espagne et de la Catalogne, dont il demande le remplacement par la violence afin d’en former d’autres « ouvriers et paysans », par la « prise du pouvoir ».
4) Une diatribe enflammée contre les partis qui forment le Front populaire, la Gauche républicaine, l’Union républicaine, la Gauche catalane, les Nationalistes et Catholiques basques, le Parti socialiste espagnol, le Parti communiste, le Parti socialiste unité de Catalogne et la Jeunesse socialiste unifiée.
5) Le désir constant de diviser les deux grands syndicats ouvriers la C.N.T. et I’U.G.T. en fomentant parmi eux la discorde pour le moindre motif.
6) La communauté de critère avec le fascisme national et international concernant l’interprétation de l’aide que l’Union des républiques socialistes soviétiques a prêtée pour le bien moral et matériel de la République et une diffamation systématique contre les dirigeants politiques russes ainsi que l’injure et les calomnies propagées contre la Justice, l’Armée et l’Administration soviétiques.
7) L’intense propagande contre notre armée populaire, le commandement unique, ses officiers et son Commissariat, auxquels il attribue tous les contretemps qui, dans une guerre aussi violente que celle que nous connaissons doivent naturellement se produire ; l’incessante revendication de suppression de cette armée et de son remplacement par une autre, révolutionnaire selon l’interprétation « sui generis » du P.O.U.M., et l’excitation en faveur de la non-mobilisation et de la désobéissance au gouvernement.
8) L’appui donné dans la zone loyale à la propagande factieuse par la publication des papillons et des tracts jetés par les rebelles dans le camp républicain.
9) Le défaitisme systématique résultant de la diffusion de fausses nouvelles sur les mesures d’ordre économique, concernant l’approvisionnement, etc. prises par le gouvernement, et d’une appréciation malsaine de la situation militaire.
10). L’intime relation qu’on remarque entre l’intense campagne que le P.O.U.M. a réalisée contre la République et celle que les fascistes ont faite et font, de même qu’avec celle dans laquelle ils protègent les journaux étrangers hostiles à notre cause.
11) La concomitance qu’on observe entra l’activité de certaines organisations fascistes d’espionnage et le P.O.U.M. génériquement considéré.
12) Finalement, la monstrueuse insurrection de mai 1937 en Catalogne et en Aragon. »
(Reproduit, d’après Independant News, par L’Espagne nouvelle, n° 56-57, 12 août 1938.)