1979 |
« En fait, les idées de base du marxisme sont extrêmement simples. Elles permettent de comprendre, comme aucune autre théorie, la société dans laquelle nous vivons. Elles expliquent les crises économiques, pourquoi il y a tant de pauvreté au milieu de l’abondance, les coups d’États et les dictatures militaires, pourquoi les merveilleuses innovations technologiques envoient des millions de personnes au chômage, pourquoi les « démocraties » soutiennent les tortionnaires. » |
Marx commença le Manifeste du Parti Communiste par l’affirmation : « l’histoire de toute société jusqu’à nos jours a été l’histoire de luttes des classes. » Pour la classe dirigeante, la question cruciale était d’obliger la classe opprimée à lui produire des richesses. À cause de cela, dans toutes les sociétés passées, il y eut d’énormes luttes entre les classes qui souvent culminaient en guerres civiles-la révolte des esclaves de la Rome Antique, les Jacqueries de paysans en Europe Médiévale, les grandes guerres civiles et révolutions des XVIIème et XVIIIème siècles.
Dans toutes ces grandes luttes, la masse des forces insurgées était composée de la section la plus opprimée de la société. Mais, comme Marx s’empressait d’ajouter, à la fin de la journée, tous leurs efforts servaient uniquement à remplacer une minorité dirigeante par une autre. Ainsi, par exemple, en Chine Ancienne, il y eut plusieurs révoltes victorieuses de paysans, mais elles remplaçaient un empereur par un autre. De même, ceux qui firent les efforts les plus importants durant la révolution française furent les « bras nus », -les couches les plus pauvres de Paris, mais, au final, la société n’était pas dirigée par eux mais par des banquiers et industriels à la place du roi et de ses courtisans.
Il y avait deux raisons à l’impossibilité de la classe opprimée à garder le contrôle de la révolution pour laquelle elle avait combattu. La première était que le niveau général de richesses dans la société était assez bas. C’était uniquement parce qu’une immense majorité de personnes était contrainte à la pauvreté absolue qu’une petite minorité avait le temps et le loisir de développer les arts et la science pour maintenir la civilisation. En d’autres termes, la division de la société en classes était nécessaire pour son progrès.
Deuxièmement, le mode de vie de la classe opprimée ne la préparait pas à prendre le contrôle de la société. En majorité illettrée, elle n’avait que peu d’idées sur ce qui se passait au-delà de son environnement immédiat et par-dessus tout, la façon dont elle était organisée la divisait, dressant les uns contre les autres. Chaque paysan s’occupait de son propre lopin de terre. Chaque artisan dans les villes s’occupait de son propre atelier et était, d’une certaine manière, en concurrence avec les autres, et non pas pas unis à eux. Les révoltes de paysans démarraient par un vaste mouvement qui se soulevait pour diviser la terre du seigneur, mais, aussitôt celui-ci vaincu, il y avait un combat pour savoir comment cette terre allait être partagée. Comme Marx le soulignait, les paysans ressemblaient à « un sac de pommes de terre » : ils pouvaient se rassembler sous la pression d’une force extérieure, mais étaient incapables de s’unir de façon permanente pour servir leurs propres intérêts. Les travailleurs qui créent les richesses sous le capitalisme moderne forment une classe différente de toutes les précédentes.
Premièrement, la division de la société en classes n’est plus nécessaire pour le développement de l’humanité. Il y a tellement de richesses créées que le capitalisme en détruit périodiquement une énorme quantité par les guerres et les crises. Ces richesses pourraient être partagées équitablement et la société continuerait à progresser dans les sciences, les arts etc.
Deuxièmement, la vie sous le capitalisme prépare les travailleurs à prendre le contrôle de la société, et ce de plusieurs façons. Par exemple, le capitalisme a besoin de travailleurs formés et éduqués. De plus, il force des milliers de personnes à travailler dans des usines énormes, et à habiter dans des villes toujours plus grandes, où ils sont en contact rapproché, et où ils peuvent devenir une puissante force de changement de société. Le capitalisme force les travailleurs à coopérer au cours de la production, au sein d’une usine. Cette coopération peut se retourner contre le système, comme lorsque les travailleurs s’organisent dans un syndicat. Parce qu’ils sont massés en d’importantes concentrations, il est beaucoup plus facile pour les travailleurs d’exercer un contrôle démocratique sur de telles structures que ça ne l’était pour les précédentes classes opprimées.
De plus le capitalisme tend à transformer des groupes de personnes qui s’estimaient ’au-dessus du lot’ ( les cadres et les techniciens) en travailleurs salariés qui sont forcés de s’organiser comme les autres travailleurs.
Enfin, le développement des communications - chemins de fer, routes, transport aérien, systèmes postaux, les téléphones, la radio et la télévision - permettent aux travailleurs de communiquer en dehors de leur propre ville ou industrie. Ils peuvent s’organiser en tant que classe à une échelle nationale et internationale - ce qui était inimaginable pour les classes opprimées précédentes.
Tous ces facteurs font que la classe ouvrière n’est pas seulement une force qui se rebelle contre le système, mais qu’elle peut s’organiser, élire ses propres représentants, dans le but de changer la société dans ses propres intérêts et non plus pour remettre au pouvoir un empereur ou un groupe de banquiers.
Comme Karl Marx le disait :
Tous les mouvements historiques ont été, jusqu'ici, accomplis par des minorités ou au profit des minorités. Le mouvement prolétarien est le mouvement spontané de l'immense majorité au profit de l'immense majorité.