"(...) le prolétariat mondial, le prolétariat de chaque pays, abordent une étape décisive de leur histoire : il leur faut reconstruire entièrement leur propre mouvement. La crise du stalinisme (...) s'ampliie au moment où le mode de production capitaliste pourrissant s'avance vers des convulsions mortelles, qui riquent d'entrainer l'humanité toute entière dans la barbarie. (...) De cette crise des appareils naissent les possibilités de reconstruire la IV° Internationale." |
Défense du trotskysme (2)
Hégémonie du prolétariat, Front Unique Ouvrier, question du pouvoir
Toutes les tendances et organisations petites bourgeoises, le P.S.U., la C.F.D.T., les courants gauchistes se dressent, tout autant que les appareils syndicaux, les partis réformiste et stalinien, contre l'unité de classe du prolétariat : le front unique de classe. C'est une attitude politique correspondante au refus d'accepter et l'indépendance de classe et l'hégémonie dans la lutte de classe du prolétariat. L'unité de front est un besoin naturel du prolétariat dès qu'il s'affronte avec la bourgeoisie. Plus s'aggravent les antagonismes de classes, plus le prolétariat se heurte à la société bourgeoise, son Etat, son gouvernement pour la simple défense de ses intérêts élémentaires, plus le besoin de « l'unité » se fait pressant jusqu'à devenir un réflexe élémentaire. Commençant à élaborer les éléments d'un programme de transition, l'Internationale Communiste fut aux prises avec cette question de l'unité de la classe comme classe, au besoin « d'unité ». Les troisième et quatrième congrès de l'I.C. furent en grande partie consacrés à la discussion sur le front unique.
Les « thèses sur l'unité de front prolétarien » du IV° congrès constatent :
« Mais, portés par une confiance croissante vers les éléments les plus irréductibles, les plus combatifs de leur classe les communistes , les travailleurs témoignent plus que jamais d'un irrésistible désir d'unité. Eveillés désormais à une vie plus active, les couches les moins expérimentées de la classe ouvrière rêvent de la fusion de tous les partis ouvriers, sinon de toutes les organisations prolétariennes ».
Et elles répondent :
« Après s'être assurés une complète liberté de propagande, les partis communistes s'efforcent aujourd'hui dans tous les pays, de réaliser une unité aussi solide que possible sur le terrain de l'action pratique... »
« Tout bien pesé, le comité exécutif de l’lnternationale Communiste estime que le mot d'ordre du Ill° congrès de l'Internationale Communiste : aux masses ! ainsi que les intérêts généraux du mouvement communiste exigent que l'Internationale et ses sections soutiennent le mot d'ordre de l'unité de front prolétarien et prennent en main l'initiative de sa réalisation. La tactique des partis communistes s'inspirera des conditions particulières à chaque pays ».
L'Internationale Communiste allait très loin dans l'application du mot d'ordre « du front prolétarien ». La « résolution sur la tactique de l'I.C. » de ce même IV° congrès déclare :
« Dans certaines circonstances, les communistes doivent se déclarer disposés à former un gouvernement avec les partis et des organisations ouvrières non communistes. Mais ils ne peuvent agir ainsi que si des garanties sont données que ces gouvernements ouvriers mèneront vraiment la lutte contre la bourgeoisie dans le sens indiqué plus haut ».
La politique de l'unité du front prolétarien, du front unique ouvrier, du front unique de classe, reçut son expression la plus claire, dans la formulation de la lutte : classe contre classe. Ses origines remontent au « Manifeste Communiste » qui soulignait :
« Voici ce qui distingue les communistes des autres partis prolétariens : d'une part dans les différentes luttes nationales des prolétaires, ils mettent en avant et font valoir les intérêts communs du prolétariat tout entier, sans considération de nationalité, d'autre part, dans les diverses phases de la lutte entre le prolétariat et la bourgeoisie, ils représentent toujours l'intérêt du mouvement dans son ensemble.
Pratiquement, les communistes sont donc la partie la plus résolue des partis ouvriers de tous les pays, la fraction qui va toujours de l'avant; du point de vue théorique, ils ont sur le reste de la masse prolétarienne l'avantage de comprendre les conditions, la marche, et les résultats généraux du mouvement ouvrier ».
Au moment où toute lutte d'envergure pose le problème du pouvoir, comment la classe ouvrière, qui a besoin de mobiliser et d'organiser toutes ses forces pour cette lutte, ne sentirait elle pas l'impérieuse nécessité du front unique ouvrier ? Bien sûr, un même mot d'ordre peut masquer des politiques radicalement différentes. L'Internationale Communiste ne l'ignorait pas qui écrivait :
« Lorsque commença la protestation organisée et consciente des travailleurs contre la trahison des leaders de la Il° Internationale, ceux ci disposaient de l'ensemble du mécanisme des organisations ouvrières. Ils invoquèrent l'unité et la discipline ouvrière pour bâillonner impitoyablement les révolutionnaires protestataires et briser toutes les résistances qui les eussent empêchés de mettre au service des impérialistes nationaux la totalité des forces prolétariennes. La gauche prolétarienne fut ainsi forcée de conquérir, coûte que coûte, sa liberté de propagande, afin de faire connaître aux masses ouvrières la trahison infâme qui avait été commise et que continuent de commettre des partis et des syndicats créés par les masses elles mêmes. » (Thèses sur l'unité du front prolétarien).
Mot à mot, ces lignes s'appliquent toujours à la social démocratie, mais aussi à la politique du P.C., instrument de la bureaucratie du Kremlin. Le refus de constituer le comité central de la grève générale, de poser la question du pouvoir et de lutter pour le pouvoir, traduit la subordination à la bourgeoisie. Et comme toujours, cette politique était « justifiée » au nom de l'unité ouvrière :
« La grève des travailleurs était essentiellement revendicative. il est incontestable qu'une partie de la classe ouvrière voulait davantage, qu'elle espérait frayer la voie à la démocratie (? ), qu'elle a réclamé avec enthousiasme « un gouvernement populaire », résumé trop rapide d'un mot d'ordre mieux pesé, plus effectif. Il est certain qu'elle aurait prodigué, dans une bataille ouvertement politique, ses inépuisables trésors de dévouement, de courage d'esprit d initiative. Mais elle les aurait dilapidés...
... La grève, précieusement gardée intacte grâce à la tactique de la C.G.T., n'était pas sans failles. A côté des plus combatifs, de ceux que le pouvoir essayera, mais en vain, de vaincre à la mi juin, à côté d'eux il y a la masse immense des salariés qui soutiennent les revendications et ne songent pas à les dépasser ( ... ) A côté des plus ardents et des plus tenaces, il y a ceux qui se lassent, que la résistance patronale impressionne et que les difficultés frappent plus sûrement encore. L'existence... de ces divers courants et le rapport d'importance entre eux poussaient à mettre en avant ce qui les unissait, les revendications immédiates, et à conclure sur un succès un mouvement qui ne pouvait aller plus avant à moins de le violenter, de le traîner de force vers des objectifs qui n'était pas les siens, c'est à dire de le perdre » (Mai des prolétaires pages 111-112).
En quelques lignes, Salini formule une politique réactionnaire au nom de « l'unité ». Le mécanisme en est simple : « l'avant garde » est opposée aux masses, les « divers courants » les uns aux autres. Salini fait refluer « l'avant garde » sur les positions de ceux qu'il « suppose » les plus « arriérés ». Il joue d'un sentiment profondément sain : les militants savent par une expérience très chèrement acquise que renverser le pouvoir bourgeois exige la participation active de l'ensemble de la classe ouvrière. Mais Salini ment impudiquement. Une première fois lorsqu'il explique que la grève était « essentiellement revendicative » . Le point de départ de la grève, ce fut la manifestation politique du 13 mai. Une seconde fois, à propos des revendications. L'attachement aux revendications était indissolublement lié au caractère politique de la grève générale. Les revendications ne pouvaient être satisfaites que par la lutte pour un gouvernement qui représente les travailleurs et s'attaque à l'ensemble de l'économie capitaliste. Une troisième fois : liquider le mouvement exigea que les directions syndicales partiellisent les revendications et renoncent aux revendications fondamentales pas de salaire inférieur à 1 000 F par mois ; abrogation des ordonnances ; les 40 heures immédiates, etc... qui alimentaient la grève générale.
Enfin, une quatrième fois, à propos des rapports avant garde masses. L'organisation, la centralisation de la grève par la formation des comités de grève, leur fédération à tous les niveaux jusqu'au comité central national de la grève générale, parce qu'elles fusionnaient la classe en un corps unique, la structuraient organiquement, permettait à l'avant garde de jouer pleinement son rôle politique, d'alimenter et d'entraÎner politiquement la classe, d'élever les couches les plus retardataires à la compréhension et à la réalisation des tâches politiques les plus élevées.
L'initiative des masses parvenait à son point le plus élevé. La « spontanéité » s'exerçait, nourrie des véritables rapports entre avant garde et masses, et l'avant garde elle même était renforcée quantitativement et qualitativement, car elle ne peut se développer politiquement que dans ses rapports avec la classe toute entière.
Quant à la petite bourgeoisie des villes et des campagnes, elle ne pouvait être gagnée au mouvement qu'autant que celui ci faisait preuve de clarté et d'efficacité politique contre le pouvoir bourgeois ; et également de la clarté, de l'efficacité, du dynamisme politique de la classe ouvrière dépendait la désagrégation du pouvoir bourgeois, y compris de son armée et de ses corps répressifs.
Salini vend la mèche :
« La demande d'élections générales, surtout, démontrait la volonté du Parti communiste de combattre toute aventure, de se tenir sur la voie démocratique. Cette demande contribuait à renforcer l'autorité du P.C.F. au delà de la classe ouvrière, tout en donnant au mouvement de mai le moyen de trouver sa conclusion politique ».
Le cadre et la légalité de la V° République, formes immédiates de la domination de classe de la bourgeoisie, sont, en l'occurence, « la voie démocratique ». Salini s'en vante : le P.C.F. fournit à De Gaulle la méthode qu'il utilisa afin de désamorcer politiquement la grève générale, la dissolution de l'Assemblée Nationale, les élections législatives. Le flot grondant, submergeant tous les obstacles, brisant tous les cadres traditionnels, capable d'imposer une nouvelle légalité, une nouvelle démocratie, la démocratie prolétarienne, la légalité des travailleurs, devait rentrer dans son lit, pour qu'aient lieu les élections. Les élections législatives étaient une arme contre la grève générale. Le P.C.F. parvint à imposer la conclusion politique qu'il entendait à la grève générale : le torrent ouvrier rentra dans le lit de la « voie démocratique », de la « normale », des rapports politiques qui conviennent à la bourgeoisie.
Si on analyse le contenu de la méthode de la politique du P.C.F., au delà des mots, il se révèle très vite qu'elle consiste à diviser, à fractionner la classe ouvrière, condition indispensable de sa subordination à la bourgeoisie. La politique révolutionnaire exprime au contraire le mouvement historique de la classe vers son unité comme classe, condition de son hégémonie politique.
Alors même que l'internationale Communiste se formait et que les Partis Communistes devaient, en se constituant, rompre avec la social-démocratie, ils rassemblaient la force politique qui lutte pour l'unité du prolétariat dont les plus hautes expressions sont : les soviets, la dictature du prolétariat qui s'exerce vraiment lorsque fonctionne la démocratie ouvrière. Les partis réformistes, et aujourd'hui staliniens, ont une politique qui va à l'encontre des intérêts généraux de la classe ouvrière, donc de son unité comme classe. Fondamentalement, au delà de l'apparence immédiate, ils sont toujours responsables des scissions. Rompre organisationnellement avec eux est indispensable afin de construire le Parti révolutionnaire, parce qu'ils ont rompu politiquement avec la défense des intérêts généraux de la classe, donc avec son unité comme classe. Le Parti révolutionnaire, qui poursuit le combat pour les intérêts généraux de la classe ouvrière comme classe, est par essence unitaire. Une des constantes de sa politique sera de dresser le front prolétarien contre la bourgeoisie. Il devra à chaque moment définir les formes spécifiques par lesquelles peut et doit se concrétiser l'unité de la classe, dès lors qu'il cesse d'être un groupe de propagande, mais intervient et se bat dans la lutte des classes.
Les staliniens ne voulaient à aucun prix que se forment des comités de grèves, qu'ils se fédèrent, que se constitue le Comité central national de la grève générale. De leur côté les renégats de la IV° Internationale avaient trouvé un substitut : les comités d'action. Ben Saïd et Weber nous expliquent :
« Parallèlement, des comités d'action sont constitués dans les localités ou les quartiers. Ils ont, entre autres, la fonction d'assurer l'aide du quartier aux entreprises en grève, d'informer sur la grève la population contre les falsifications et les manœuvres du pouvoir ».
Jusquà présent, il s'agissait plutôt d'une sorte d'armée de salut de la grève générale. Mais, soudaine promotion :
« Le réseau des comités de grève et des comités d'action, fédérés au niveau régional et national, constitue l'embryon du futur pouvoir ouvrier ».
Comités de grève et comités d'action sont mis sur le même plan. Ainsi les comités d'action peuvent bénéficier d'une promotion : ils deviennent des soviets locaux. Tout devient encore plus compliqué au mois d'octobre 1968. Rouge n° 3 (16 octobre 1968) nous conte la suite de leurs aventures et mésaventures :
« En mai, la fusion dans l'action de l’ensemble des CA a pu laisser croire à l'existence possible d'un mouvement unifié des C.A. Une telle possibilité aurait dû se vérifier et se concrétiser par l’existence d'une coordination politique effective et efficace, point où ont toujours achoppé les C.A..
En fait, leur nature, dans le reflux du mouvement de masse qui les aurait unifiés autour de la grève, s'est diversifiée ainsi que les fonctions très variées qu’ils remplissent. Par ailleurs, leur base politique s’est peu précisée ; elle reste celle d’une unité dans l’action et pour l’action – quand action il y a – un rassemblement hétérogène de militants dont l’idéologie commune demeure celle du refus vague de l’impérialisme et du stalinisme ».
En vérité, triste destin : grandeur et décadence. Fort heureusement, comme le phœnix, « Rouge » les fait renaître de leurs cendres.
« Cependant, de l'impossibilité à concevoir un mouvement unifié et centralisé des C.A., on ne peut conclure à l'inutilité des C.A.; il faut au contraire comprendre la nature propre de chaque type de C.A. et lui tracer des perspectives en conséquence ».
Suivons le guide « Rouge » :
« Le C.A. d'entreprise... constitue l'organe militant où sont contrées les manœuvres patronales et les dérobades syndicales... De plus, le C.A. brise le partage des tâches entre syndicat et parti où le syndicat se limite strictement aux luttes revendicatives alors que le P.C. garde le monopole des luttes politiques... cantonnées sur le plan parlementaire... Trop faible pour se substituer au syndicat, il doit, pour garder ses militants, s'emparer des mots d'ordre syndicaux, tel l'échelle mobile des salaires, pour les durcir (sic), expliquer leurs conséquences, leur dynamique de contrôle ouvrier, situer les luttes de l'entreprise par rapport à l'ensemble des luttes sociales. En ce sens, le C.A. doit être le lien où est brisée la vieille division arbitraire entre lutte politique et lutte syndicale ».
Ni syndicat, ni organisation politique et tout à la fois syndicat et organisation politique !
Hélas :
« Embryon de double pouvoir au moment de la grève, les C.A. ont la reconversion difficile, ils tâtonnent à la recherche d'une nouvelle fonction. Une chose est sûre cependant : la tâche qui leur fut parfois assignée de la politisation du quartier se révèle une impasse. »
Il reste les C.A. étudiants. Pour eux la vie est belle :
« En fait, bien que n'étant ni un syndicat défendant les intérêts propres des étudiants, ni un parti, le mouvement étudiant peut exister comme mouvement de masse politisé à l'échelle nationale »
Les C.A., ni syndicat, ni parti, et tout à la fois syndicat et parti, sont donc selon « Rouge » la forme idéale du mouvement étudiant :
« La tâche des militants révolutionnaires est d'œuvrer à la constitution d'un tel mouvement, d'une part en transformant les structures de l'U.N.E.F., les corpos ou groupes d'études en comités de lutte, et, d'autre part, en expliquant dans les C.A. la nécessité d'un tel mouvement. »
De cet ensemble hétérogène naît d'un seul coup l'arme absolue de la révolution prolétarienne :
« La fonction du C.A. ainsi diversifiée se trouve clarifiée. Le mouvement étudiant constitue d'ores et déjà un authentique mouvement de lutte nationale, intervenant dans et hors de l'université. Les C.A. d'entreprises ont vocation de briser l'hégémonie du P.C.F. sur la classe ouvrière en remettant à l'honneur le syndicalisme révolutionnaire au sens noble du terme...
Les C.A. unis dans ce style d'action constituent « la force de frappe militante héritée de mai ».
Est ce tout ? Pas encore. Plus haut « Rouge » soulignait :
« Comme les C.A. sont une ébauche de structure de double pouvoir, et que le pouvoir prolétarien doit être assuré par l'organisation autonome de la classe et non par la seule avant garde, les militants révolutionnaires doivent en même temps dégager, au travers des C.A., des noyaux révolutionnaires, comprenant la nécessité d'une organisation nationale ».
Quelle merveille, ces C.A. ! « Rassemblement hétérogène de militants dont l'idéologie commune demeure celle du refus vague de l'impérialisme et du stalinisme », ils furent quelque chose comme des soviets; ils remplacent syndicats et partis; ils redeviennent « une ébauche de structure de double pouvoir, de pouvoir prolétarien »; tout au plus faudra t il que des C.A. de C.A. se constituent, « formés des noyaux comprenant la nécessité d'une organisation nationale », et tout est résolu. Un si incroyable phénomène mérite l'attention admirative du pauvre prolétaire en col bleu comme dirait les spécialistes intellectuels de la pensée révolutionnaire. A n'en pas douter, il s'agit de la quintessence des « idées de mai ».
A moins que tout se réduise, et c'est le cas, à opposer aux formes d'organisation de la classe des recettes extérieures au mouvement de la classe. En fait, aux comités de grève, à leur fédération, au C.C.N. de la grève générale, on opposait les C.A. « embryons du double pouvoir »; à l'organisation syndicale, à la lutte pour l'unité syndicale et à la démocratie ouvrière, on oppose les C.A.; à la lutte pour la construction du Parti révolutionnaire, on oppose les C.A.; au syndicalisme lutte de classe, on oppose le « syndicalisme révolutionnaire » : détruire ou quitter le syndicat au profit du parti syndicaliste. Sur chaque plan, « Rouge » se dresse contre l'unité du front prolétarien. Il le fait de « gauche » tandis que les staliniens le font de droite. Mais il y a convergence.
Il est inutile de revenir sur la question du C.C.N. de la grève générale. Par contre, il est nécessaire de regarder de plus près la signification du rôle assigné par « Rouge » aux C.A. en ce qui concerne les organisations syndicales et leurs rapports avec les partis politiques ouvriers. Il faut en conclure que les organisations syndicales sont désormais une anachronisme, un vestige du passé. Derrière se répercute l'écho du mot d'ordre des militants du 22 mars, que prolonge les Mao Spontex : « l'U.N.E.F. est une putain et les syndicats sont des bordels » ou, dit sous une forme plus élégante, « les organisations syndicales font partie des structures oppressives ». Plus tard, « Rouge » mettra de l'eau dans son vin. Au cours des débats qui préparaient le premier congrès de la Ligue Communiste, oh surprise, on apprend que :
« L'implantation dans la classe ne peut se faire de façon conséquente que sur des bases politiques claires. A ce propos, magnifier les « Organisations autonomes de classe » (C.A., C.L.E.D.), c'est entériner un état de fait, stabiliser les préjugés unitaristes (ah !) des militants ouvriers en rupture de stalinisme au lieu de les dépasser. Il ne saurait, en dehors des périodes de crises révolutionnaires, exister de structure autonome en dehors de l'avant garde ».
Que s'est il passé ? La plupart des C.A. sont morts, sans que leurs parents spirituels aient envoyé de lettres de faire part. Le reste, grâce aux élans spontanéistes antérieurs de la J.C.R. et de « Rouge », est passé sous la coupe des pro chinois. Dès lors :
« Les syndicats demeurent la plus puissante organisation de lutte de la classe. En période de répression patronale, leur couverture légale apparaît comme la garantie sans laquelle les travailleurs hésitent à se lancer dans la lutte. Pour toutes ces raisons, le travail au sein des syndicats demeure une tâche principale des ouvriers révolutionnaires, non pour se contenter d'y regrouper une tendance « syndicale » durcissant les mots d'ordre officiels, mais pour tenter d'y impulser une pratique différente, reposant sur l'action directe et la contestation de fait de la légalité patronale, restituant la portée et le sens politique des moindres luttes, préfigurant ce que pourrait être une organisation de masse ouvrière débarrassée de l'idéologie « syndicaliste » léguée par la social démocratie et le stalinisme » (Texte majoritaire. Thèses sur la dialectique des secteurs d'intervention « Cahiers Rouges » n° 10 11 page 75).
Nous sommes en présence d'une des nombreuses volte faces dont les renégats de la IV° Internationale ne sont pas avares. Mais à tout péché miséricorde. Encore faut il savoir en quoi consiste la nouvelle orientation. « Les syndicats demeurent les plus puissantes organisations de lutte de classe ». Sans doute, mais encore ? Le programme de transition est très net :
« Dans la lutte pour les revendications partielles et transitoires, les ouvriers ont actuellement plus besoin que jamais d'organisations de masse, avant tout les syndicats. La puissante montée des syndicats en France et aux Etats Unis est la meilleure réponse aux doctrinaires ultra gauches de la passivité qui prêchaient que les syndicats « avaient fait leur temps ».
En d'autres termes, les syndicats sont la forme élémentaire de regroupement et d'organisation de la classe ouvrière face au patronat et à l'Etat. Ce sont des organismes qui, par leur origine, leur fonctionnement, doivent constituer le front uni des travailleurs au niveau élémentaire. Ils sont indispensables à sa constitution comme classe. Ainsi que l'explique le programme de fondation de la IV° Internationale :
« Les bolcheviks léninistes se trouvent aux premiers rangs de toutes les formes de lutte même là où il s'agit seulement des intérêts matériels ou des droits démocratiques les plus modestes de la classe ouvrière. Ils prennent une part active à la vie des syndicats de masse, se préoccupent de les renforcer et d'accroître leur esprit de lutte. Ils luttent implacablement contre toute tentative de soumettre les syndicats à l'Etat bourgeois et de lier le prolétariat par « l'arbitrage obligatoire » et toutes les autres formes d'intervention policière, non seulement fasciste, mais aussi « démocratique ».
La distance est grande entre l'appréciation que donne le programme de transition de ce que sont les syndicats, du pourquoi et du comment il faut y militer, et celle de « Rouge ». De façon constante, les textes majoritaires de ce premier congrès de la Ligue Communiste insistent : « les travailleurs ont besoin des organisations syndicales car elles sont des couvertures légales ». Assurément, l'utilisation pas seulement sur le plan syndical, mais sur tous les plans des possibilités légales, est un souci constant des travailleurs, et ce doit être aussi un souci constant des militants révolutionnaires. La légalité qui reconnaît droits, garanties, libertés aux travailleurs fait partie de leurs conquêtes de classe qui les constituent comme classe. Il demeure que, légaux, reconnus ou illégaux, les syndicats sont des organisations indispensables à la classe ouvrière. Trotsky appelle les bolcheviks léninistes non « à travailler » dans les syndicats, mais à la défense des syndicats, à la lutte pour la sauvegarde de leur indépendance de classe. De tout cela, il n'est pas question dans les textes « majoritaires », mais « d'une pratique différente reposant sur l'action directe et la contestation de fait de la légalité patronale » dont on se demande ce qu'elle peut bien être. D'autant que l'un des textes majoritaires, « Parler du travail ouvrier pour le faire », ne s'en cache pas :
« La faiblesse de notre implantation actuelle n'est pas le fait de notre mauvaise volonté à élaborer une stratégie d'ensemble. Si nous n'avons pas aujourd'hui de programme à formuler, c'est qu'il existe un rapport dialectique entre la faiblesse de notre implantation et la possibilité de formuler un programme ». (Idem page 33).
Les pablistes conçoivent la « dialectique » comme l'âne des animaux malades de la peste : elle est responsable de tous leurs maux. Pas de stratégie, pas de programme, pas de politique, pas d'implantation : la dialectique en est responsable ! Comment est il possible de faire « un travail syndical » sans stratégie, sans programme, sans politique, et pourquoi le faire ? C'est la panne sèche dont il faut tout de même sortir. La façon dont la « Ligue Communiste » considère la C.F.D.T. et se tait sur la question de l'intégration des syndicats à l'Etat, souligne que le caractère de classe des syndicats, quoi qu'elle en dise, lui échappe et, par la même, qu'elle se moque du Front Unique de classe.
Tentant de justifier son « boycott » du référendum gaulliste, sans autre analyse, « Rouge » écrivait des phrases comme celles ci :
« Le caractère manœuvrier de la consultation est tellement énorme qu'au prix d'un minimum d'explications il eut été discernable pour tous ; spontanément, les travailleurs se contrefoutent d'aller trancher une question qui les concerne si peu et qu'ils comprennent mal » (« Rouge » n° 15 15 avril 69).
Les travailleurs se sont sentis pleinement concernés. Massivement, ils ont voté non. Ont ils eu raison ? Il ne s'agissait rien de moins que d'instituer l'Etat corporatiste, de détruire toute indépendance de classe des syndicats, de les soumettre à l'Etat bourgeois. Suprême tentative de De Gaulle afin de réaliser sa « mission historique » et de surmonter l'échec de sa politique, de raffermir l'Etat bourgeois, ébranlé en mai juin 68. La Ligue Communiste à peine née était en contradiction directe avec l'orientation du programme de transition : « Lutter implacablement contre toutes les tentatives de soumettre les syndicats à l'Etat bourgeois ». La Ligue se trouvait en bonne compagnie auprès de tous les gauchistes et de « Lutte Ouvrière » qui s'illustra en cette circonstance. Engels, Lénine, Trotsky sont des sources politiques insuffisantes. « Lutte Ouvrière », leur préfère Cambronne : « Dites lui oui, dites lui non, dites lui merde ». Telle fut la réponse qu'elle donna au référendum gaulliste.
La Ligue Communiste argumentait sa prise de position en ces termes :
« Accepter aujourd'hui, en période de crise et d'instabilité du régime, le terrain de la lutte électorale, renoncer dans cette optique à imposer le développement de l'action de masse en réel « rendez vous de mars », c'est démoraliser la classe ouvrière, c'est démoraliser ses militants les plus combatifs, c'est lâcher la proie pour l'ombre en propageant de surcroît les illusions électorales ».
Et, faisant preuve d'une admirable logique, De Gaulle battu au référendum, la Ligue Communiste présentait Krivine aux élections présidentielles. Selon cette logique particulière, la chute de De Gaulle concluait, résolvait la crise de régime. Aux âmes bien nés, rien ne coûte. « Rouge » et Krivine lui même n'hésitèrent pas :
« De Gaulle est tombé sous les coups du prolétariat, il ne s'est pas relevé des grandes grèves et il a été achevé par les coups fourrés de la bourgeoisie ».
Mais, à tout le moins, si ce n'est pas une victoire, c'est un succès de la bourgeoisie :
« Maintenant que De Gaulle est parti, la bourgeoisie, débarrassée de ce qui la gênait aux entournures, espère reprendre l'initiative, assainir les affaires, clarifier la situation ». (« Rouge » n° 17 1er mai 69).
Le candidat Krivine renchérissait :
« Et d'abord, qu'est ce que cette « victoire du non », une victoire de la classe ouvrière ou une manœuvre de grand style de la bourgeoisie, qui, pour conserver l'Etat fort, abat un gouvernement qui n'est plus capable de la bien servir ? » (La Farce électorale, page 10).
Krivine utilise la forme interrogative, mais il affirme, « manœuvre de grand style réussie par la bourgeoisie », donc sinon grande victoire, en tout cas succès important de la bourgeoisie. Non !
De Gaulle incarnait un type de régime politique, un type de bonapartisme. Il ne représentait pas un simple gouvernement. Sa chute fut une victoire de la classe ouvrière. Le front prolétarien, disloqué par la liquidation de la grève générale au profit des élections, se reconstituait par les grèves de chez Renault et d'autres secteurs, la grève générale de 24 h du 11 mars, les élections législatives partielles à l'issue desquelles Guy Ducolonné, candidat du P.C.F., fut élu alors qu'il avait perdu son siège en juin 68, le Non commun des organisations syndicales et politiques de la classe ouvrière. Une fraction de la bourgeoisie lâcha De Gaulle, une partie de la petite bourgeoisie, qui en juin 68 avait voté De Gaulle, se retourna contre lui devant la remontée ouvrière. Si De Gaulle était tombée en juin 68, lâché par une partie de la bourgeoisie, ce qui fut à deux doigts de se produire, vraisemblablement un gouvernement bourgeois se serait constitué qui lui aurait succédé : la chute de De Gaulle eût elle été, oui ou non, une victoire de la classe ouvrière ? La question ne se discute pas. Cependant, remporter une victoire, ce n'est pas gagner la guerre. L'ennemi est rarement anéanti, surtout dans la lutte de classe, à la première victoire. Il reconstitue son front sur de nouvelles positions, préparées ou non à l'avance. L'argument massue est alors avancé : oui, mais en mai juin De Gaulle serait tombé sous l'effet direct de la grève générale et il a été battu le 27 avril 1969 électoralement; en mai juin 68 les élections étaient qualifiées « d'élections trahison », le 27 avril la classe ouvrière ne pouvait donc pas remporter une victoire par le truchement du bulletin de vote. « L'argument » manifeste un crétinisme qui n'est ni parlementaire, ni anti parlementaire, mais du crétinisme tout simplement.
Disloquer la grève générale de 10 millions de travailleurs prêts à s'organiser sur leur plan de classe, prêts à constituer leurs propres organes de pouvoir dressé contre le pouvoir bourgeois, en lui substituant des élections législatives, c'est trahir : le résultat des élections législatives a consacré cette trahison, De Gaulle en sortit victorieux. Il avait gagné une bataille, il n'avait pas gagné la guerre. Au contraire, unifier la classe ouvrière, qui cherche les voies de réunification de son front de classe pour repartir au combat, qui assimile les leçons politiques de la grève générale en utilisant le référendum, c'est préparer de nouvelles batailles de classes. Renégats à la IV° Internationale, gauchistes de toutes factures, ont oublié un détail ; en avril 1969, il n'y avait pas de grève générale. A juste titre, la classe ouvrière a compris la chute de De Gaulle comme une victoire politique consécutive à la réalisation de l'unité des organisations ouvrières répondant en commun Non au corporatisme, Non à De Gaulle. Lorsque, par suite de son unité de classe, le front de la bourgeoisie se désagrége, la classe ouvrière s'en réjouit. Frank, Krivine et les autres en sont attristés.
Ils se sont dressés en pratique contre l'indépendance de classe des syndicats à l'égard de l'Etat bourgeois ( ils se « contrefoutaient » de la question posée ) en appelant à un soi disant « boycott », comme ils se sont dressés contre le front unique réalisé par les organisations syndicales et politiques de la classe ouvrière, qui appelaient conjointement à voter non. Ainsi apparaît le contenu véritable de leur politique syndicale, leur mépris des organisations de classe que le prolétariat a construites, leur mépris de l’unité de front du prolétariat, ce qui juge leur politique en général. De grande importance est également l'appréciation qu'ils ont des différentes organisations syndicales : la C.G.T., F.O., la F.E.N., la C.F.D.T. Fort curieusement, pour eux il existe deux véritables organisations syndicales : la C.G.T. et la C.F.D.T. La F.E.N. n'est pas un syndicat ouvrier puisqu'elle regroupe les enseignants ! (aux fonctions répressives). F.O. est considérée comme la centrale réactionnaire par excellence. L'impressionisme petit bourgeois s'en donne ici à cœur joie. Derrière l'appréciation relative de la C.G.T. et de F.O., se trouve l'idée fixe, commune à une partie de la petite bourgeoisie française, selon laquelle le stalinisme, c'est tout de même mieux que le réformisme. D'ailleurs, par le contrôle qu'exerce le P.C.F. sur la C.G.T. celle ci n'est elle pas participante au « mouvement communiste international » ? L'analyse des origines de classe des organisations, syndicales et politiques, se réclamant de la classe ouvrière, en fonction du développement du mouvement ouvrier l'A.B.C. du marxisme est étrangère au pablisme. Ce qui lui permet de situer sur le même plan la C.G.T. et la C.F.D.T. Que la C.F.D.T. soit une création de la hiérarchie catholique afin de pénétrer au sein de la classe ouvrière est, pour les pablistes, sans importance. Qu'elle véhicule toutes les « idées » du christianisme social et soit un cheval de Troie de l'intégration des syndicats à l'Etat ne joue aucun rôle. La différence de nature, qui résulte des origines historiques et sociales différentes de la C.G.T., de F.O., de la F.E.N. d'une part et de la C.F.D.T. de l'autre, n'a, pour les pablistes, aucun intérêt. La C.G.T., F.O., la F.E.N. sont toutes des rameaux d'un tronc commun : les organisations syndicales que la classe ouvrière a construites pour se défendre contre l'exploitation, dans une lutte constante contre le capital, la vieille C.G.T. Les pablistes jugent superficiellement de la nature des organisations en fonction des prises de positions immédiates sur tel ou tel problème et encore. En raison de cette méthode, quelle différence y aurait il entre l'U.R.S.S. et les U.S.A. : la bureaucratie du Kremlin utilise les forces armées de l’U.R.S.S. pour briser le peuple et la classe ouvrière tchécoslovaques, l'impérialisme américain utilise son armée pour réduire par le feu et le fer les ouvriers et les paysans du Vietnam. Mais l'U.R.S.S. n'est pas identifiable à la bureaucratie du Kremlin et celle ci n'est pas non plus identique aux bureaucraties des Etats bourgeois. La C.G.T-F.O, la F.E.N. ne sont pas identifiables aux bureaucraties syndicales qui les contrôlent et qui ont partie liée avec la bourgeoisie, et même celles-ci ne sont pas identifiables aux bureaucraties qu’engendrent les organisations bourgeoises. La C.F.D.T est une organisation d’origine bourgeoise, construite au sein de la classe ouvrière, et sa bureaucratie correspond parfaitement à sa fonction. La confusion entre ces différentes organisations provient de la politique contre-révolutionnaire des directions de la C.G.T., de F.O., de la F.E.N. qui se rejoint et se confond souvent avec la politique de la C.F.D.T. Il arrive même que, superficiellement, la C.F.D.T prenne des accents plus « gauche ». Mais la bourgeoisie devrait, pour intégrer la C.G.T, F.O. et la F.E.N. en utilisant leurs appareils et non sans déterminer des crises, des cassures au sein de ces appareils, les briser, les détruire. La C.F.D.T trouverait un plein épanouissement, sa place naturelle, à exercer pleinement ses fonctions par l'intégration des syndicats à l'Etat bourgeois. Elle est actuellement obligée d'avoir une attitude réservée car elle se disqualifierait rapidement parmi les travailleurs si elle prônait ouvertement l'intégration des syndicats à l'Etat, pour autant que la C.G.T., F.O., la F.E.N. ne sont pas intégrées. Encore qu'en ce qui concerne l'enseignement, elle attaque ouvertement la laïcité au profit de l'enseignement privé et confessionnel. Que des travailleurs se laissent prendre aux accents « gauche », de la C.F.D.T., à la « démocratie » apparente qui y règne comparée au fonctionnement de la C.G.T., c'est possible. Qu'il surgisse des questions de tactique en raison de la confusion entretenue autour de la C.F.D.T., c'est vraisemblable. Néanmoins, si de semblables problèmes surgissent, c'est la conséquence du refus des appareils des centrales ouvrières de lutter sur un plan de classe, de réaliser le front unique ouvrier sous le contrôle démocratique de l'ensemble des travailleurs. Les liens qu'elles entretiennent ou nouent avec la C.F.D.T. sont la contrepartie de leur opposition à une politique unitaire de classe. A y regarder de plus près, les relations qu'entretiennent les appareils bureaucratiques avec la C.F.D.T. lui permettent de se présenter comme une centrale ouvrière et de pénétrer à l'intérieur de la classe ouvrière.
Ces relations sont de même origine et de même nature que les liens que les appareils tissent avec la bourgeoisie; ils résultent de la politique de capitulation devant la bourgeoisie. Ce qui se vérifie plus clairement, plus directement que dans d'autres domaines, à propos de la laïcité, de la défense de l'école. Actuellement, la F.E.N. accepte de nouer des contacts avec la C.F.D.T. parce que sa direction, devant la pression de l'Etat et du patronat qui veulent démanteler l'Education Nationale, refuse d'engager un combat qui la conduirait à remettre en cause l'Etat bourgeois.
La formule « la laïcité ouverte » est utilisée afin d'introduire la C.F.D.T., les « écoles libres », la hiérarchie catholique au sein de l'Education Nationale et de démanteler celle ci. De même, que les appareils bureaucratiques, le P.S., le P.C.F., les renégats de la IV° Internationale, en compagnie du P.S.U. et de divers courants, effacent les frontières de classe, en mettant la C.F.D.T. sur le même rang que les centrales ouvrières. Sur ce plan comme sur tous les autres, ils s'opposent au front unique prolétarien et participent à la dénaturation des organisations syndicales, donc à la division du front de classe.