Le 4 août 1874.
Cher Kugelmann,
J'ai envoyé, il y a environ huit jours, quelques lignes à ta chère femme [1] lui annonçant la mort de mon petit‑fils unique [2] et la grave maladie de ma fille cadette. Cette maladie n'était d'ailleurs pas un phénomène isolé, mais bien plutôt la manifestation aiguë et subite d'une affection qui couvait depuis longtemps. Eleanor se lève à présent de nouveau, beaucoup plus tôt que son médecin (Madame Anderson‑Garret) ne l'avait espéré. Elle est en état de voyager, quoique naturellement encore dans un état délicat. Madame Anderson est d'avis que les eaux de Karlsbad contribueraient très heureusement à sa guérison complète; tout comme le Docteur Gumpert m'avait commandé cette cure plus qu'il ne me l'avait recommandée. Naturellement, il m'est dur de quitter Jenny maintenant (j'entends d'ici about [environ] deux semaines). Sur ces questions je suis bien moins stoïque que 'sur d'autres : les tourments familiaux m'affectent toujours durement. Quand on vit comme moi, presque coupé du monde extérieur, le cœur s'attache d'autant plus au cercle de ses proches.
Envoie‑moi en tous cas ton adresse exacte à Karlsbad et excuse‑moi auprès de ta femme et de Françoise de n'avoir pas répondu maintenant à leurs si gentilles lettres.
Ton K.M.