1978
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"Le titre du livre synthétise ma position :
à la place de la démocratie socialiste et de la dictature du
prolétariat du SU, je suis revenu aux sources, ai tenté de faire
revivre la vieille formule marxiste, tant de fois reprise par
Trotsky, de dictature révolutionnaire. Dit d'une autre manière, une
dictature pour développer la révolution, et non pour produire de la
"démocratie socialiste" immédiatement."
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Nahuel Moreno
La dictature révolutionnaire du prolétariat
I. Un programme de "liberté
politique illimité" pour le Shah ou
un programme pour l'écraser sans pitié ?
Loin de vouloir être cynique avec ce titre, nous pensons simplement qu'il
résume les principales questions que pourrait poser un travailleur iranien
qui serait entré en possession du document du SU. Non seulement, il ne
trouvera aucune réponse à ses questions, mais surtout il apprendra que tout
ce qu'il a fait est critiqué par le SU. Ce travailleur, qui sûrement a perdu
plus d'un ami, compagnons de travail et parents dans les rues de Téhéran,
certain que le Shah a du partir d'Iran grâce aux mobilisations auxquelles il
a participé, ne se pose à ce moment que des questions qui touchent à la
violence : comment s'armer, comment garantir la grève par la
force, comment faire face à la police et à l'armée de Baktiar, comment
convaincre les soldats de ne pas tirer sur le peuple, etc. Ce travailleur,
s'il est certain de quelque chose, c'est que la terreur que ressentent
aujourd'hui les agents de la Savak est pleinement justifiée. Il ne doute pas
qu'il faille fusiller plusieurs d'entre eux et il approuve sans hésiter les
lynchages spontanés. Cela ne lui vient pas à l'idée qu'il est en train de
lutter pour la "liberté politique illimitée" de personne, et l'image que
peuvent avoir les masses des gens préoccupés par la démocratie ne le
préoccupe pas. Il veut seulement être sûr que le Shah ne reviendra pas, que
la Garde Impériale et la Savak soient dissoutes. Ce travailleur, qui ne
connaît du trotskisme que le document du SU, ne voudra jamais devenir
trotskiste, car il pensera avec raison, que si le Shah revient, on ne pourra
pas lui appliquer le recours au "concept de délinquance rétroactive" mais
que, au contraire, il faudra le laisser s'organiser politiquement dans un
parti contre-révolutionnaire. Et n'importe qui sachant lire, pensera comme ce
travailleur iranien. Voyons pourquoi.
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