1978 |
"Le titre du livre synthétise ma |
La dictature révolutionnaire du prolétariat
I. Un programme de "liberté
politique illimité" pour le Shah ou
un programme pour l'écraser sans
3. La terreur rouge
Il n'est déjà pratiquement plus nécessaire de démontrer
que ces conceptions impliquent un abandon de la terreur rouge. Le document du
SU ne peut le dire ouvertement, mais qu'est-ce, sinon, que cette mollesse,
cet abandon du concept de "délinquance
Mais une fois de plus, il faut voir si Lénine et Trotsky, chefs de la première dictature révolutionnaire triomphante, ont agi pendant la Guerre civile comme nous le disons, ou comme le réglemente le document du SU. Et en passant, nous verrons si ce n'est vraiment qu'à partir de 1921 qu'ils ont divagué, comme le dit Mandel. Nous pensons que si nous appliquions les normes constitutionnelles et pénales du SU, nous parviendrions à la conclusion que nos maîtres furent des bureaucrates totalitaires incorrigibles, anti-démocratiques et répressifs, et qu'ils se trompèrent totalement bien avant 1921.
Voyons les faits. Comme le rapporte soigneusement Carr, presque immédiatement après l'insurrection d'Octobre, Trotsky lança publiquement un grave avertissement: "Nous retenons les cadets prisonniers, en tant qu'otages. Si nos hommes tombent aux mains de l'ennemi, que l'on sache que pour chaque ouvrier et chaque soldat nous exigeons cinq cadets... Ils croient que nous allons être passifs, mais nous démontrerons que nous pouvons être implacables lorsqu'il s'agit de défendre les conquêtes de la révolution". Un peu plus loin, il insistait: "Nous n'entrerons pas dans le règne du socialisme avec des gants blancs et sur un sol ciré". A propos de l'illégalisation du parti des cadets, il disait: "A l'époque de la Révolution Française, furent guillotinés par les jacobins, pour s'être opposés au peuple, des hommes plus honnêtes que les cadets; nous n'avons exécuté personne et nous ne pensons pas le faire, mais il y a des moments où la colère du peuple est difficile à contrôler". En poursuivant ce type de raisonnement, il disait un peu plus loin: "demander que l'on renonce à toute répression en temps de guerre civile, c'est demander que l'on abandonne celle-ci... Vous protestez contre la douce et faible terreur que nous appliquons contre nos ennemis de classe, mais vous devez savoir que, avant que le mois ne se termine, la terreur assumera des formes plus violentes, suivant l'exemple des grandes révolutions françaises. La guillotine sera là pour nos ennemis, et non plus simplement la prison." La dictature de Lénine et de Trotsky donna à la Tchéka le pouvoir de châtier en accord avec les "circonstances de l'événement et les impératifs de la conscience révolutionnaire", et non sur la base de la loi écrite. Et nous n'oublions pas que plusieurs années plus tard Trotsky considéra la Tchéka comme le "véritable centre du pouvoir, pendant la période la plus héroïque de la dictature prolétarienne" (Trotsky, 1931) [12].
Mais revenons au récit de Carr. Sur la base d'un critère de classe,
quelques semaines après l'insurrection d'Octobre, on appliqua le travail
forcé, "envoyant les hommes et les femmes de la bourgeoisie creuser des
tranchées pour la défense de la capitale contre les allemands", sans qu'il
importe en rien qu'ils soient ou non coupables de quelque chose, dans la
mesure où ils étaient condamnés aux travaux forcés parce qu'ils appartenaient
à la bourgeoisie. En 1918, Lénine écrivit un article, non publié en ce
moment, où il proposait de "mettre en prison dix riches, une douzaine
d'escrocs et une demi-douzaine d'ouvriers rencontrés en dehors du chemin de
leur travail" et "de fusiller sur le champs un sur dix des coupables
de vagabondage". Et même
Dans sa proclamation du 22 février 1918, dans laquelle était décrétée "la
patrie socialiste en danger", la Tchéka ordonnait aux soviets locaux qu'ils
"recherchent de toutes parts, arrêtent et fusillent immédiatement
(
Quand en août 1918 se produisit un soulèvement koulak à Pnéja, Lénine ordonna de "mettre en marche une terreur de masse implacable contre les koulaks, les prêtres, les gardes blancs et... de garder les suspects dans un camp aux environs de la ville", recommandant que l'on "prenne des otages qui répondront de leur vie de la rapidité et de l'exactitude des livraisons de grain.".
Une résolution du gouvernement soviétique du 29 juillet 1918, basée sur
des discours antérieurs de Lénine et de Trotsky,
Si nous nous sommes à ce point arrêtés à ces citations, c'est pour
démontrer que pour Lénine, Trotsky et les bolcheviks, il n'y avait ni "loi
écrite", ni "non recours au concept de délinquance rétroactive", ni "emploi
de moyens répressifs circonscrits à des crimes et actes prouvés", ni "rejet
de tout concept de responsabilité collective de groupes sociaux, de familles,
etc.", et que l'accusé n'était pas "censé être innocent jusqu'à ce que fût
apportée la preuve du
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