1973 |
"L'erreur de la stratégie de l'entrisme « sui generis » a eu des conséquences tragiques en Bolivie en 52-55 et en Argentine en 55 ; la stratégie pour dix ans du contrôle ouvrier manifeste ses terribles dangers potentiels dans l'interprétation faite par le camarade Mandel de la grève générale de mai 68 et dans l'orientation que, selon lui, il aurait fallu appliquer." |
Un document scandaleux
IV. Deux trajectoires
1. La majorité falsifie notre histoire.
Au CEI de décembre 1972, les camarades de la majorité ont adopté une résolution sur l'Argentine où ils mettent sérieusement en cause notre organisation. En quelques lignes de deux thèses est refaite toute notre histoire. Alors qu'aucune documentation n'était apportée et qu'aucune ébauche de preuve de ce qui était affirmé n'était donné, cette « histoire » fut, de manière surprenante, adopté.
Il s'est passé à peu près la même chose quand fut adopté le document européen. En votant pour la stratégie de l'entrisme « sui generis », sans preuves ni documentation, c'est la trajectoire de presque 20 ans des camarades Germain, Frank et Maïtan qui fut approuvée.
La « guérilla » au sein de l'Internationale
Ces deux votes sont un peu comme la méthode « guérillero » appliquée à la vie interne de notre Internationale : tous les deux ont été faits par surprise, personne n'était au courant qu'il fallait voter pour ou contre l'histoire de notre parti depuis son origine, ni pour ou contre une « stratégie » qui appartenait déjà au passé de notre Internationale. Avec cette méthode, les camarades de la majorité ont établi un très mauvais précédent: voter sur des résolutions historiques, sans aucune sorte de discussion préparatoire ni documentation. De plus, ils ont violé ainsi un des accords de la réunification qui était précisément de ne traiter que des questions concernant notre orientation et pas de celles concernant l'histoire de notre mouvement.
Finalement, en votant sur une question qui n'a rien à voir avec notre politique présente ni avec la situation actuelle de la lutte de classes, les camarades de la majorité ont rompu avec une tradition du mouvement trotskiste. Mais, bien que nous le regrettions, les résolutions que nous commentons ont déjà été adoptées et nous sommes donc obligés, contre notre volonté, de nous y référer.
Les raisons de la majorité pour reconnaître la tendance Posadas comme section officielle
Dans la thèse 13 de la résolution sur l'Argentine sont faites des affirmations ou insinuations gratuites contre notre organisation. Nous les réfuterons sommairement afin de ne pas faire de cette question un livre de deux ou trois tomes. Voyons chacune de ces affirmations.
En 1951, la direction de l'Internationale et le Congrès mondial ont reconnu le groupe Posadas comme section officielle argentine. Se référant à cette reconnaissance, la thèse dit :
« L'élection en faveur de la tendance Posadas fut déterminée fondamentalement sur une base politique : la tendance Moreno se caractérisait à l'époque par une analyse totalement fausse du régime péroniste, et par une attitude sectaire vis à vis du mouvement de masse que le péronisme dirigeait ». (L. Maïtan : "La crise politique et les perspectives de la lutte révolutionnaire en Argentine", BI n°2, p.17).
Il n'y a pas de preuves écrites, mais il n'en fut pas ainsi. Des camarades qui ont abandonné le mouvement et qui sont donc neutres confirmeront tôt ou tard qui dit la vérité. La résolution a raison sur un certain aspect, nous avons eu une position sectaire vis à vis du péronisme.
Mais cela jusqu'en 1948, pas 1951, date de la reconnaissance de Posadas. Tous les documents sur l'histoire de notre parti le signalent.
La véritable politique de la tendance Posadas
Mais à ce fait, il faut en ajouter d'autres très importants. En premier lieu, la tendance Posadas a milité dans la social-démocratie pro-américaine, sans ouvrier et en marge du mouvement des masses péronistes quand ce mouvement est apparu. En second lieu, notre sectarisme ne nous a pas entraînés jusqu'à méconnaître le mouvement des masses péronistes, au contraire, nous avons été la première organisation de gauche à commencer à travailler, avec succès, dans les syndicats péronistes (ce qui nous a valu d'être accusés de « pro-nazi » par toute la gauche argentine qui, le stalinisme en tête, définissait le péronisme comme un mouvement fasciste). En troisième lieu, la tendance Posadas, constatant notre succès dans le travail au sein des syndicats péronistes, fit un tournant à 180° vers le mouvement syndical péroniste, deux ans après nous. En quatrième lieu, ce tournant de la tendance Posadas fut, dès le début, une capitulation idéologique totale devant le péronisme, une position totalement opportuniste, exactement comme celle qu'ils maintiennent actuellement (aux élections de mars-avril, le groupe Posadas a soutenu le FREJULI et Peron).
Il existait bien une documentation complète de la politique du groupe de Posadas à la date de sa reconnaissance, mais elle ne fut jamais rendue publique par les camarades de la majorité, ni avant ni après le vote de la résolution, car s'ils l'avaient fait les résultats auraient été bien piteux.
La future section officielle a soutenu l'impérialisme contre la Corée du Nord
A la date de la reconnaissance du groupe Posadas, notre organisation dénonçait de toutes ses forces le gouvernement péroniste pour sa position ultraréactionnaire : il était le premier pays du monde à soutenir l'impérialisme yankee dans son agression contre la Corée du Nord. Le posadisme, pour sa part, soutenait totalement le gouvernement péroniste, disant qu'il avait libéré le pays de l'impérialisme, et faisant une intense campagne d'agitation pour la Corée du Sud et contre la Corée du Nord.
Quand nous avons porté cette question et la documentation correspondante au Congrès mondial, Pablo, rapporteur officiel du SI et en faveur de la reconnaissance de Posadas, expliqua que ce groupe n'était pas reconnu pour ses positions politiques et que même si celles-ci étaient erronées, en ce qui concerne le gouvernement péroniste et la Corée, ce qui comptait était son caractère prolétarien. Ce prétendu caractère prolétarien les rendait disciplinés, alors que nous étions prétendument des petits bourgeois prétentieux, puisque nous défendions nos positions à mort et refusions de reconnaître nos "erreurs". Quelle était cette grande preuve de discipline donnée par Posadas ? : Après avoir reçu une communication du SI contre sa position sur la Corée, il l'a changée instantanément, comme par magie. Cette obéissance souple, acrobatique (appelée « discipline » par le SI) pour retourner sa position à 180° sur la plus importante lutte révolutionnaire du moment dans le monde entier, était la garantie pour que s'accomplisse le véritable objectif du SI: l'unification du trotskisme argentin !
Quelles furent les « virulentes polémiques » que nous avons provoqué dans le Comité International ? Qui avait raison ?
Passons à la seconde affirmation de la majorité :
« Pendant la période de la scission, le groupe de Moreno se lia au Comité International, mais à plusieurs occasions il prit des positions qui n'étaient pas partagées par les autres composantes du Comité et provoquèrent de virulentes polémiques surtout en Amérique latine. » (idem, p, 17).
Il est absolument certain que quelques-unes de nos positions ne furent pas partagées par le reste du CI et provoquèrent de « virulentes polémiques ». Mais cela n'est pas un péché. Pourquoi les camarades de la majorité ne disent pas quelles étaient ces positions et qui avait raison? Pourquoi cachent-ils ce problème derrière le terme occulte de « virulentes polémiques » ? Nous allons préciser quelles furent ces polémiques dont il existe une abondante documentation.
1) Discussion avec le camarade Luis Vitale pour savoir s'il fallait impulser ou non en Bolivie le mot d'ordre de « Tout le pouvoir à la COB » et aux milices ouvrières et paysannes, et pour savoir si l'armement du prolétariat et de la paysannerie dans des milices subordonnées à la COB était ou non un double pouvoir. Le camarade Vitale pensait que non et nous si. Après une polémique assez forte le camarade Luis Vitale reconnut qu'il avait tort.
2) Discussion avec la tendance dirigée par le camarade Luis Vitale sur le groupe Moller en Bolivie. La tendance Vitale pensait que c'était le groupe le plus progressiste, nous pensions qu'il était révisionniste et la pire variante de notre mouvement. Les camarades de la tendance opposée à la nôtre firent leur autocritique.
3) Discussion infernale avec le même camarade et sa tendance sur le rôle de l'impérialisme yankee: Luis Vitale soutenait qu'il n'était pas agressif et ne colonisait pas l'Amérique latine, nous affirmions que si. Le camarade Vitale fit son autocritique en acceptant nos positions.
4) Discussion très dure avec les lambertistes pour leur lenteur à changer de position sur le soutien au MNA ou au FLN en Algérie.
5) Nouvelle discussion, la plus forte, avec le camarade Vitale sur le castrisme et le rôle de Cuba. Le camarade Vitale pensait que la révolution cubaine n'avait aucune importance, qu'elle ne changeait en rien le rapport de forces et n'ouvrait pas de nouvelle étape dans la lutte de classes en Amérique latine. Nous pensions le contraire.
6) Parallèlement, une autre discussion eut lieu autour de la lutte armée, et de la guerre de guérillas, Luis Vitale soutenait que ce problème n'entrait pas dans le trotskisme orthodoxe, nous disions que si, qu'il fallait intégrer la guerre de guérillas au Programme de transition, dans le cadre général de la lutte armée.
7) Discussion sur notre entrisme dans les 62 organisations syndicales péronistes. Le camarade Vitale soutenait que notre tactique, et principalement de ne pas avoir d'organe indépendant, était opportuniste. Nous soutenions que c'était un entrisme indirect et tactique pour peu de temps dans le mouvement ouvrier péroniste. Nous entrions dans les 62 organisations, une organisation politico-syndicale parce qu'elle regroupait les meilleurs éléments de la classe ouvrière et que c'est par elles qu'étaient dirigées toutes les luttes contre le régime de la « Révolution libératrice » (issu du coup d'Etat pro-impérialiste qui avait renversé Peron). Nous ne devions nous y soumettre à aucune discipline politique nous interdisant d'exprimer publiquement nos positions, la seule exigence était d'accepter formellement la discipline du Conseil supérieur péroniste et de quitter nos vestes dans les réunions syndicales (de là vient le nom de « dépoitraillés » donné aux militants péronistes).
Ce sont là toutes les grandes divergences, parfaitement documentées, qui apparurent au CI. Sur 7 discussions, nos adversaires firent leur autocritique sur 3, les faits nous donnèrent raison sur 3 autres (Algérie et les 2 sur Cuba), et nous soutenons que la dernière fut correcte en ce qui concerne notre entrisme dans les 62 organisations péronistes. Mais même si pour cette dernière nous nous étions trompés, comme le disent les camarades de la majorité, avons-nous mal fait en menant ces discussions et en défendant nos positions ? Sommes-nous coupables de ces « virulentes polémiques » qu'elles déchaînèrent ? Les camarades de la majorité connaissent-ils une autre « virulente polémique » que nous n'ayons pas mentionnée ? Si oui, qu'ils nous disent laquelle, ou lesquelles, et apportent la documentation correspondante.
Le contexte de nos erreurs théorico-politiques : nous avons été écartés de l'Internationale pour avoir refusé d'obéir à un dément
En plus des charges que nous avons vues, il en fut porté d'autres contre nous, de type théorico-politique. Certaines sont formulées dans la lettre de Domingo : « attitude face au mouvement péroniste, rôle éventuel de la classe moyenne, politique d'alliances, caractères du Programme de Transition de 1938, caractérisation de la direction du PC chinois et de la révolution culturelle ». La seule chose que nous pouvons dire c'est que, effectivement, nous avons commis beaucoup d'erreurs théorico-politiques au cours du développement de notre parti et que nous avons fait notre autocritique sur toutes ces erreurs. Mais nous critiquer pour ces erreurs, sans les placer dans le contexte politique dans lequel nous nous développions, est totalement déloyal de la part des camarades de la majorité. Et surtout parce qu'ils furent les responsables de ce contexte politique.
Nous avons dû nous former totalement seuls. Pendant des années et des années, les portes de notre Internationale nous ont été hermétiquement fermées pour un seul et unique « péché » fondamental : nous refusions de capituler devant le dément que les camarades de la majorité avaient désigné comme vice-roi de l'Internationale en Amérique latine, Posadas. Ne pas dire que Posadas a fait partie intégrante de la direction de notre Internationale, avec le soutien sans restriction des camarades Germain, Pablo, Frank et Maïtan; ne pas dire que ce fou a fait ce qu'il voulait pendant des années et des années ; ne pas dire que Posadas a rendu fou tout le trotskisme latino-américain en prenant des positions démentielles et en pratiquant des manœuvres de maniaque ; ne pas dire que ces manœuvres et ces positions eurent le soutien inconditionnel des camarades Pablo, Germain et Frank ; ne pas dire que pour avoir refusé d'obéir à un tel délire, on nous écarta de l'Internationale ; ne pas dire tout cela, c'est ne pas situer notre trajectoire - avec ses erreurs théorico-politiques - dans le contexte politique où elle s'est déroulée.
Par ailleurs, ces erreurs théorico-politiques, dont nous avons fait la critique, ne sont pas du tout aussi graves que l'affirme la résolution. Mais comme tout problème théorique, cela mérite une discussion sérieuse et doit être considéré avec l'ensemble de nos apports ; cela ne peut en aucune manière faire l'objet d'une simple énumération en quelques lignes d'une résolution comme l'ont fait les camarades de la majorité.
Qui a lutté contre les déviations opportunistes de notre organisation ?
Il y a finalement une accusation permanente contre nous: notre capitulation devant le péronisme. Il est totalement certain que, à partir de notre entrisme, et principalement après la publication de « Palabra Obrera », notre organisation a subi de graves déviations opportunistes.
Toutes ces déviations eurent une origine commune : la capitulation devant le péronisme et la bureaucratie syndicale. Bien plus, les tendances capitulatrices furent à la direction de notre organisation pendant longtemps. Mais ceux qui nous en accusent oublient de dire qu'il y eut de grandes luttes de tendances et de fractions contre les tendances capitulatrices devant le péronisme. Ils ne disent pas que les camarades Ernesto Gonzalez et Nahuel Moreno formèrent toutes sortes de fractions et de tendances et écrivirent de nombreux documents internes contre ces tendances qui capitulaient devant le péronisme. Ils ne précisent pas que cette lutte fractionnelle signifia leur mise à l'écart de la direction du parti, les laissant faire tapisserie. Nous avons toute la documentation dont les camarades de l'Internationale peuvent avoir besoin pour le démontrer. Les camarades de la majorité approuvent-ils notre lutte contre les déviations opportunistes et capitulatrices devant le péronisme menées par la vieille direction majoritaire de « Palabra Obrera » ? Ou nous rendent-ils responsables des erreurs et des déviations de cette direction ? Les trotskistes approuvent-ils la lutte de Lénine contre les erreurs opportunistes des vieux bolcheviks, ou le rendent-ils responsable de ces erreurs ?
Une question à laquelle les camarades de la majorité ne peuvent pas répondre
La réponse à cette question par les camarades de la majorité est très importante, car les tendances guérillériste antérieures ainsi que la dernière (le PRT(C)) se sont nourries précisément de ces vieux secteurs opportunistes. Et c'est encore plus important car notre parti actuel est la conséquence des profondes luttes fractionnelles que nous avons menées contre elles. C'est pour cela que nous estimons impossible, même en hurlant pour l'exiger, que les camarades de la majorité répondent clairement à cette question. S'ils répondent qu'ils n'approuvent pas notre lutte contre les tendances qui capitulaient devant le péronisme, ils doivent soutenir la politique capitulatrice de ces tendances (qu'ils nous attribuent). S'ils répondent qu'ils approuvent notre lutte contre elles, cela les amène à se revendiquer de notre trajectoire en général et de notre parti actuel. C'est pour cela que les camarades de la majorité cachent (car ils les connaissent parfaitement) ces luttes tendancielles et la position que nous avons prise au cours de ces luttes.
Ce document tente de démontrer que toutes les charges politiques concrètes que l'on porte contre nous dans cette dernière période sont fausses. Nous n'entrerons pas dans la discussion à fond de toutes nos erreurs théorico-politiques car, comme nous l'avons dit, une discussion théorique doit être faite d'une manière sérieuse et documentée, et ne peut faire en aucun cas l'objet d'une résolution. Mais il nous reste quelque chose d'important à dire.
Un mérite dont nous sommes fiers: malgré la majorité, nous sommes restés trotskistes
Malgré toutes les erreurs théorico-politiques, notre parti est aujourd'hui en Argentine le seul parti formé par des cadres trotskistes. Les deux reconnaissances officielles faites par les camarades Germain, Frank, Maïtan et Pablo se sont révélées funestes dès la première occasion pour notre mouvement à l'échelle mondiale. Posadas et le PRT(C) sont aujourd'hui les ennemis mortels de la IVème Internationale. Et la véritable histoire c'est que la seule organisation trotskyste conséquente de ces trente dernières années dans notre pays est la nôtre.
C'est notre plus grand mérite et nous en sommes profondément fiers.
Mais les camarades de la majorité ressemblent à des censeurs et non à des camarades qui sont aujourd'hui dans la même organisation. Ils auraient dû dire : « Le parti argentin a commis au cours de sa trajectoire de nombreuses erreurs théorico-politiques, nous avons eu souvent des divergences avec lui et il reste encore beaucoup de questions politiques concrètes sur lesquelles nous divergeons, mais nous revendiquons totalement sa trajectoire. Nous la revendiquons car, bien que nous nous soyons trompés en reconnaissant Posadas et en isolant ces camarades de l'Internationale (créant ainsi un terrain propice aux erreurs) jusqu'à ce que Posadas devienne l'ennemi de la IV° Internationale ; bien que nous nous soyons encore trompés en reconnaissant le PRT(C) jusqu'à ce qu'il devienne l'ennemi de la IVème lnternationale ; malgré tout cela les camarades du parti argentin sont restés trotskystes et ont défendu à mort notre parti mondial, et aujourd'hui, en plein milieu d'une dure polémique, ils continuent à le défendre. Nous, majorité de l'Internationale, nous avons tout fait pour que les camarades argentins nous tournent le dos ainsi qu'à notre mouvement. Malgré cela, ils sont plus trotskystes que jamais et sont plus fermement que jamais avec la IVème lnternationale, alors que ceux que nous soutenions hier sont devenus nos ennemis. Rien que pour cela, nous revendiquons la trajectoire des camarades argentins ».
Un coup d'œil sur la trajectoire de nos censeurs
Mais les camarades de la majorité ne disent rien de tout cela. Au contraire, ils se sont érigés en véritables censeurs de notre organisation et sont prêts à nous excommunier. De quel droit politique assument-ils ce rôle ? Est-il certain que les camarades de la majorité ont eu une trajectoire politique impeccable et n'ayant eu que des réussites à la direction de notre Internationale ? Ils doivent le croire car, contrastant avec notre scrupulosité presque maniaque à découvrir nos propres erreurs et à nous critiquer publiquement, nous ne connaissons aucune autocritique importante faite par les camarades de la majorité.
Cependant, il est curieux que la résolution politique de décembre 72 que nous commentons ici ne touche pas notre politique face aux grands faits de la lutte de classes internationale. C'est vraiment dommage car, pour les marxistes, le critère qui définit le mieux le caractère de l'orientation d'une organisation ou d'une tendance est justement sa politique internationale. C'est dommage également parce que les problèmes que connaissent le mieux les nouveaux camarades qui sont entrés dans l'Internationale (la grande majorité de ses cadres) sont précisément les problèmes internationaux, étant donné que la discussion sur les problèmes nationaux exige une longue explication de la multitude de facteurs, peu connus par les camarades de la base de l'Internationale, qui déterminent à chaque moment une réponse politique adéquate.
Nous affirmons qu'il n'y a pas de meilleure façon pour démontrer l'opportunisme d'une organisation que de signaler ses capitulations devant les grands événements internationaux. Et nous affirmons également que, pour la majeure partie de ces grands événements, les camarades de la majorité de l'Internationale se sont trompés dans l'analyse, la caractérisation, les prévisions et les orientations. Nous affirmons que dans la grande majorité des cas, l'orientation que nous avons proposée fut correcte tandis que nos censeurs, les camarades Germain, Frank, Maïtan et compagnie tombaient dans l'opportunisme. C'est ce que nous allons démontrer.
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