Œuvres - octobre 1929

Léon Trotsky

19 octobre 1929

Lettre à J. Frey

Cher Camarade Frey

Vous avez bien sûr parfaitement bien fait de donner dans la presse les explications nécessaires concernant le sens et but de la déclaration de l'Opposition.

Je pense toutefois que, si, dans cette affaire, vous collaboriez activement non seulement à l'Arbeiterstimme, mais aussi aux organes étrangers de l'Opposition, la cause de l'Opposition internationale ne saurait qu'y gagner. Naturellement, vous avez dû lire l'article d'Urbahns dans Die Fahne des Kommunismus n'37. Après Maroslavsky, c'est Urbahns qui reprend maintenant l'idée d'une destruction de l'Opposition russe et qui voit dans cette déclaration une "capitulation". Il est difficile d'imaginer chose plus stupide. Lorsqu'on capitule, on dit : "Etant donné que nous reconnaissons avoir eu tort en tout, nous demandons à être repris dans le parti". L'0pposition quant à elle, déclare : "Etant donné qu'il s'avère que nous avons eu raison sur tout, nous exigeons d'être réintégrés dans tous nos droits de membres du parti".

Le P.C.U.S., dans sa forme actuelle, n'est pas un parti au vrai sens du terme. Mais, dans quelque état qu'elle soit, cette organisation rassemble dans ses rangs l'avant-garde du prolétariat. Trouver la voie vers cette avant-garde est plus important encore que de trouver la voie vers les travailleurs organisés dans les syndicats pour les communistes en paya capitalistes. Tout cela, Urbahns ne le comprend pas. Il lui faut répondre par une réfutation internationale. Je pense que vous-même ou votre organisation devriez en assurer une partie. Je crois que, dans la situation actuelle, Die Fahne des Kommunismus serait obligée de publier votre article ou la résolution émanant de votre organisation. En tout cas, votre article paraîtrait dans le Biulleten Oppositsii russe et dans La Vérité. C'est seulement ainsi que nous parviendrons à faire naître une opinion publique de l'Opposition internationale préalable à son unification organisationnelle.